Certaines personnes frémissent rien qu’en les voyant en photos. D’autres sont fascinées par les araignées, dont on connaît aujourd’hui quelque 47’000 espèces différentes. Parmi elles, les Maratus, un genre endémique du sud de l’Australie, communément appelé « araignées-paons ». Ces araignées – notamment les mâles – arborent en effet un corps très coloré, ce qui leur confère un véritable statut de stars sur le Web. Sept nouvelles espèces de ce genre relativement populaire viennent aujourd’hui s’ajouter à la liste.
Les araignées-paons sont de minuscules araignées sauteuses (4 mm en moyenne). Outre leurs couleurs chatoyantes, elles se démarquent également par la parade nuptiale effectuée par le mâle : particulièrement élaborée, celle-ci se compose de divers signaux visuels et vibratoires, destinés à séduire la femelle et faire fuir les rivaux. Le mâle déploie ses volets opisthosomiques (situés sur la partie postérieure de son corps) colorés, d’où l’analogie avec le paon. Ces araignées sont venimeuses, mais demeurent complètement inoffensives pour les humains.
Une palette de spécimens
Le genre Maratus a été décrit pour la première fois en 1874. Depuis, on ne cesse d’inventorier de nouveaux spécimens. Le zoologiste australien Jurgen Otto est l’un des fervents admirateurs du genre ; avec son collègue David Hill, ils sont à l’origine de la découverte de nombreux spécimens cette dernière décennie, qu’ils ont nommés et classifiés. Jusqu’en 2011, seules sept espèces étaient documentées. Pour partager son amour pour ces arachnides, Otto a également créé une chaîne YouTube dédiée aux danses étonnantes réalisées par les mâles, dont voici un extrait :
Arborez un message climatique percutant 🌍
En 2017, Otto dévoilait sept nouvelles espèces d’araignées-paons. Chaque espèce arbore ses propres couleurs et un motif spécifique au niveau de l’opisthosome. Le biologiste australien Joseph Schubert, un autre amoureux des Maratus, dévoilait l’an dernier trois nouveaux spécimens. Aujourd’hui, il annonce avoir identifié encore sept nouvelles espèces de ces « chatons colorés », selon les termes qu’il emploie pour les décrire.
Une famille aux capacités surprenantes
Le nom de ces nouvelles merveilles de la nature ? Maratus azureus, Maratus constellatus, Maratus inaquosus, Maratus laurenae, Maratus noggerup, Maratus suae et Maratus volpei. Ces nouvelles découvertes portent à 85 le nombre total d’espèces de Maratus identifiées. Le biologiste souligne qu’il a bénéficié de l’aide d’amateurs : « Certaines espèces dans cet article ont été découvertes par des citoyens qui ont précisé les différentes localités et m’ont envoyé des images – leur aide est si importante pour ce type de recherche ». Certaines ont été trouvées lors d’une excursion en Australie occidentale, tandis que d’autres viennent d’Australie méridionale.
Pour l’anecdote, sachez que Schubert a confié qu’il avait autrefois peur des araignées. Mais pour surmonter sa phobie, il a entrepris d’adopter des araignées comme animaux de compagnie ; peu à peu, sa peur s’est transformée en fascination. Finalement, à lui seul, il a documenté une douzaine d’espèces d’araignées-paons. Parmi ses dernières trouvailles, sa préférée est la Maratus constellatus, dont le motif coloré lui rappelle La Nuit étoilée de Van Gogh.
La totalité des espèces d’araignées-paons ont-elles enfin été recensées ? C’est probable selon Jurgen Otto : « Il y a maintenant pas mal de gens qui cherchent, pour la plupart des photographes, mais ils trouvent bien souvent une espèce déjà enregistrée. Cela dit, cela vaut la peine de regarder ».
Sur le même sujet : Une nouvelle espèce d’araignée avec une corne sur le dos découverte en Afrique
La famille des Salticidae, appelées araignées sauteuses, à laquelle appartient le genre Maratus, présente d’autres particularités surprenantes. Certaines sont par exemple capables d’allaiter leurs petits. D’autres disposent d’une acuité visuelle telle qu’elles sont capables d’observer la Lune et d’autres objets célestes. D’autres encore s’attaquent à des proies énormes, beaucoup plus grandes qu’elles. Les experts espèrent à présent découvrir bien d’autres facultés étonnantes chez ces petits arachnides…