Un coléoptère permettrait de soulager des millions de personnes allergiques au pollen

coleoptère
| Hectonichus
⇧ [VIDÉO]   Vous pourriez aussi aimer ce contenu partenaire

Selon une nouvelle étude menée par une vaste équipe de scientifiques, un coléoptère pourrait être la clé pour soulager des millions de personnes souffrant d’allergies saisonnières en Europe. En effet, l’insecte en question apparaît comme un réel espoir pour contrôler une mauvaise herbe envahissante et hautement allergène à l’origine de la souffrance de nombreux individus. En plus de cela, il pourrait aider à économiser plus d’un milliard d’euros en coûts de santé.

L’équipe de scientifiques derrière ce projet a été dirigée par CABI (CAB International), une organisation intergouvernementale de développement et d’information à but non lucratif qui se concentre principalement sur les questions agricoles et environnementales dans le monde en développement, ainsi que sur la création, la conservation et la diffusion de connaissances scientifiques.

Le Dr Urs Schaffner, principal auteur de l’étude publiée dans Nature Communications, affirme que le coléoptère Ophraella communa (de son nom commun scarabée des feuilles d’herbe à poux), peut considérablement réduire le pollen (qui provoque une gamme de symptômes allant des éternuements aux démangeaisons et qui aggrave des maladies chroniques telles que l’asthme et l’eczéma) de la grande herbe à poux, Ambrosie artemisiifolia, également connue sous le nom d’ambroisie.

Cette étude interdisciplinaire, la première à quantifier les avantages économiques de la lutte biologique en Europe, profite également de mettre en lumière que les coûts infligés par les espèces nuisibles en Europe sont « très probablement sérieusement sous-estimés ».

coleoptere pollen allergies
Le scarabée des feuilles d’herbe à poux, Ophraella communa, pourrait aider à soulager de nombreuses personnes souffrant d’allergies saisonnières. Crédits : Heinz Müller-Schärer

À savoir que la lutte biologique est une méthode de lutte contre les nuisibles tels que les ravageurs des cultures (insectes, acariens, nématodes, etc.), les maladies (fongiques, bactériennes, virales, …), ou les mauvaises herbes (plantes adventices) au moyen d’organismes vivants antagonistes, appelés agents de lutte biologique.

L’équipe de chercheurs, venant d’institutions telles que l’Université de Fribourg et l’ETH Zürich (situées toutes deux en Suisse), l’Université de Worcester (Royaume-Uni) et l’Université de Leiden (aux Pays-Bas), suggère que les pays de la péninsule balkanique, comme la Bulgarie, la Roumanie et la Serbie, bénéficieront le plus du scarabée des feuilles d’herbe à poux en tant que contrôle biologique.

ambroisie
L’Ambrosia artemisiifolia, ou ambroisie à feuilles d’armoise. Crédits : Urs Schaffner/Heinz Müller-Schärer

Avant l’arrivée accidentelle du scarabée des feuilles d’herbe à poux en 2013, quelque 13.5 millions de personnes souffraient d’allergies induites par la grande herbe à poux en Europe, entraînant des coûts économiques d’environ 7.4 milliards d’euros par an. Il faut savoir qu’en Europe, l’herbe à poux commune est considérée comme une espèce envahissante dans plus de 30 pays et selon les scientifiques, sa propagation et son impact sont susceptibles d’accélérer avec l’augmentation des températures provoquée par le changement climatique.

Utiliser le scarabée des feuilles d’herbe à poux pour réduire la quantité de pollen de l’ambroisie

Des études sur le terrain en Italie ont prouvé que le scarabée des feuilles d’herbe à poux peut réduire le pollen de l’ambroisie de 82%. Dans la région de Milan, où le coléoptère a été détecté pour la première fois, jusqu’à 100% des plants d’herbe à poux ont été attaqués et les dégâts causés ont été suffisants pour empêcher la floraison, qui provoque la libération de pollen. « Notre étude montre que les effets de l’herbe à poux commune sur la santé humaine et l’économie sont jusqu’à présent très sous-estimés, mais que la lutte biologique par Ophraella communa pourrait atténuer ces impacts dans certaines parties de l’Europe », a déclaré le Dr Schaffner. « Nous proposons que les futures évaluations des impacts économiques des espèces exotiques envahissantes (EEE) devraient tenir compte de manière plus approfondie des coûts liés à la santé humaine », a-t-il ajouté.

Les scientifiques se sont appuyés sur les informations du programme européen de surveillance du pollen avant de cartographier les intégrales saisonnières totales du pollen d’herbe à poux en Europe en 2004 et en 2012, soit avant l’introduction du scarabée des feuilles d’herbe à poux. Ils ont ensuite interpolé les données de 296 sites de surveillance du pollen à travers l’Europe.

Vous aimerez également : Des chercheurs ont créé un « vaccin » contre les allergies aux chats

Pour valider le nombre estimé de personnes souffrant d’allergie liée au pollen d’ambroisie, les chercheurs ont comparé leur évaluation à l’échelle européenne avec des données de santé détaillées de la région Rhône-Alpes dans le sud-est de la France. Ils ont ensuite pondéré le traitement et le coût du temps de travail perdu au niveau national en utilisant la parité du pouvoir d’achat (soit les dépenses de santé ajustées par habitant pour 2015), dans le but de déterminer les coûts économiques globaux des soins de santé pour traiter les symptômes et autres effets du pollen d’ambroisie.

« Dans un premier temps, nous ne savions pas si le scarabée des feuilles d’herbe à poux était utile ou nocif. Des tests en laboratoire avaient démontré qu’il était possible qu’il soit nocif pour les tournesols. La Chine et l’Europe n’ont pas pu confirmer cette conclusion », a déclaré le professeur Heinz Müller-Schärer, de l’Université de Fribourg.

Le Dr Schaffner, le professeur Müller-Schärer ainsi que les autres chercheurs et auteurs de l’étude ont conclu que des informations précises sur la politique et la gestion de l’impact des EEE sur la santé humaine et les économies potentielles (grâce à la mise en œuvre de mesures d’atténuation), sont absolument vitales pour garantir que des ressources raisonnables soient investies et que des actions soient coordonnées, dans le but de mieux gérer les EEE à tous les niveaux.

Source : Nature Communications

Laisser un commentaire