Selon des scientifiques britanniques du King’s College de Londres, la COVID-19 n’est peut-être pas qu’une seule maladie : elle se manifesterait en six types distincts. En effet, une nouvelle étude suggère que les symptômes sont classables dans six catégories, ce qui permettrait de savoir à l’avance si les patients auront besoin d’un respirateur artificiel ou non.
En général, la toux, la fièvre et la perte d’odorat sont les symptômes habituels de la COVID-19, mais l’éventail des symptômes peut inclure des maux de tête, des douleurs musculaires, de la fatigue, de la diarrhée, de la confusion, une perte d’appétit, un essoufflement et plus encore.
Dans le cadre de leur étude, les chercheurs britanniques ont analysé les données de 1653 personnes qui ont signalé leurs symptômes dans une application, créée spécifiquement dans le but d’aider les chercheurs dans la lutte contre la maladie. À l’heure actuelle cependant, l’étude n’a pas encore été relue par des pairs pour en valider les résultats.
« Je pense que c’est très, très intéressant », a déclaré le Dr Bob Lahita, qui n’est pas affilié à l’étude. « Parmi les patients que je vois, ceux qui se sont rétablis, beaucoup d’entre eux présentent des symptômes différents : certains ont de la fièvre et d’autres n’ont pas de fièvre, et certains ont des nausées et des vomissements, la diarrhée, etc. ».
Les six groupes de symptômes, dans une séquence du moins grave au plus grave, sont :
- Grippe sans fièvre : maux de tête, perte d’odorat, douleurs musculaires, toux, mal de gorge, douleur thoracique, pas de fièvre.
- Grippe avec fièvre : maux de tête, perte d’odorat, toux, mal de gorge, enrouement, fièvre, perte d’appétit.
- Gastro-intestinal : maux de tête, perte d’odorat, perte d’appétit, diarrhée, mal de gorge, douleur thoracique, pas de toux.
- Type sévère 1 : maux de tête, perte d’odorat, toux, fièvre, enrouement, douleur thoracique, fatigue.
- Type sévère 2, confusion : maux de tête, perte d’odorat, perte d’appétit, toux, fièvre, enrouement, mal de gorge, douleur thoracique, fatigue, confusion, douleurs musculaires.
- Type sévère 3, abdominal et respiratoire : maux de tête, perte d’odorat, perte d’appétit, toux, fièvre, enrouement, mal de gorge, douleur thoracique, fatigue, confusion, douleurs musculaires, essoufflement, diarrhée, douleur abdominale.
Concernant les patients qui ont principalement des problèmes de respiration, de toux et de douleurs musculaires (catégorie 1), seulement 1,5% d’entre eux auraient besoin d’un respirateur artificiel. Pour les patients qui ont comme symptômes un manque d’appétit ainsi qu’une fièvre insistante (catégorie 2), le besoin de respirateur monterait à 4,4%. Ces deux groupes sont considérés comme les formes les moins graves de coronavirus.
L’étude liste ensuite la catégorie 3, qui regroupe les précédents symptômes, ainsi que des problèmes intestinaux. Selon les chercheurs, c’est cette catégorie qui nécessiterait le moins souvent l’intervention d’un respirateur, mais les patients ont plus souvent besoin de se rendre à l’hôpital : environ 24% d’entre eux. Par ailleurs, lorsque les malades subissent une douleur continue à la poitrine ainsi que des signaux très importants de fatigue, le risque d’avoir besoin d’un respirateur augmenterait jusqu’à 8,6%. Un chiffre qui s’élève à presque 10% lorsque la confusion mentale et la perte d’appétit s’ajoutent aux symptômes déjà mentionnés, et qui augmente encore jusqu’à environ 20% pour les patients qui ont rapidement des problèmes respiratoires importants, une douleur thoracique et des problèmes gastriques.
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Selon les chercheurs, les trois derniers types (4, 5 et 6) sont liés aux formes les plus graves de la maladie. L’éventail des personnes présentant des symptômes sévères qui ont besoin d’aide pour respirer varie d’environ 9% à 20%. En outre, près de la moitié des patients présentant les symptômes les plus graves se sont retrouvés à l’hôpital, contre 16% de ceux présentant les symptômes les moins graves, selon les résultats de l’étude.
En utilisant un mélange de symptômes, de poids corporel et d’autres facteurs, les chercheurs ont développé un modèle qui prédit quels patients devront être hospitalisés et auront besoin d’une assistance respiratoire. « Ces résultats ont des implications importantes pour les soins et le suivi des personnes les plus vulnérables à la COVID-19 sévère », a déclaré la chercheuse Claire Steves, du King’s College de Londres.
« Si vous pouvez prédire qui sont ces personnes au cinquième jour, vous avez le temps de leur apporter un soutien et des interventions précoces telles que la surveillance des taux d’oxygène et de sucre dans le sang et de vous assurer qu’ils sont correctement hydratés – des soins simples qui pourraient être donnés à domicile, évitant les hospitalisations et permettant de sauver des vies », a déclaré Steves dans un communiqué de presse.