Après s’être remises de la maladie, plusieurs personnes ont déclaré rencontrer des problèmes respiratoires persistants. Le virus laisse, semble-t-il, des « cicatrices pulmonaires ». Les séquelles touchent aussi le cœur malheureusement. Mais ces dernières semaines, certaines personnes ont présenté des lésions cardiaques, alors qu’elles n’ont jamais développé le moindre symptôme de la COVID-19. Un constat qui inquiète la communauté médicale…
Le phénomène explique par ailleurs pourquoi les ligues sportives agissent avec une extrême prudence, notamment outre-Atlantique. Imaginez un peu : des sportifs de haut niveau, malades qui s’ignorent, au cœur endommagé, qui continuent de pratiquer leur activité de façon intensive. Les ligues universitaires et professionnelles craignent de voir leurs joueurs s’effondrer les uns après les autres…
Des jeunes sportifs en danger
Très tôt, il s’est avéré que le coronavirus pouvait provoquer des lésions cardiaques mêmes chez les personnes ne souffrant d’aucun problème cardiovasculaire préexistant, et même chez les patients ne présentant aucun symptôme de détresse respiratoire. Fin juillet, une étude menée par des chercheurs allemands rapportait que 78% de récents malades de la COVID-19 présentaient une atteinte cardiaque.
De plus, 60% d’entre eux souffraient d’une inflammation continue du myocarde. Les scientifiques précisent que ces conséquences sont indépendantes des conditions préexistantes, de la gravité et de l’évolution de la maladie (seul un tiers des sujets avaient dû être hospitalisés). Comme ils le soulignent, ces résultats indiquent qu’une enquête continue sur les conséquences cardiovasculaires à long terme de la COVID-19 est plus que nécessaire. L’un des auteurs, Elike Nagel, a ajouté : « Je pense personnellement que la COVID augmentera l’incidence de l’insuffisance cardiaque au cours des prochaines décennies ».
Aux États-Unis comme ailleurs, les pathologies cardiaques « soudaines » ne sont pas rares. Notamment chez les jeunes sportifs. Brady Feeney, un joueur de football de l’Université de l’Indiana, a récemment été victime du virus : en parfaite santé et d’excellente condition physique, il a rapidement souffert de problèmes respiratoires et doit faire face aujourd’hui à des complications cardiaques. Sedrick Williams, de l’Université de Houston, diagnostiqué positif en juillet, a déclaré le 10 août qu’il se retirait de la saison pour cause de complications cardiaques également. Une décision motivée par le décès brutal du basketteur Michael Ojo, 27 ans, foudroyé par une crise cardiaque en plein entraînement trois jours auparavant ; le jeune homme aurait été atteint par le coronavirus en juillet.
Eduardo Rodriguez, lanceur des Boston Red Sox a récemment déclaré qu’il avait « l’impression d’avoir 100 ans ». Suite à son combat contre la COVID-19, il souffre aujourd’hui d’une myocardite et a dû mettre fin à sa saison de baseball. Au total, selon le média américain ESPN, plus d’une douzaine d’athlètes des universités des Power Five conferences ont été identifiés comme souffrant de lésions myocardiques suite à une infection à coronavirus. Deux de ces groupements d’universités ont d’ores et déjà reporté toutes les compétitions à 2021.
Cette explosion de cardiopathies fait peur et les différentes ligues sportives marchent désormais sur des œufs. Bien qu’elle puisse disparaître sans provoquer d’autres complications, la myocardite peut aussi entraîner des rythmes cardiaques anormaux, une insuffisance cardiaque chronique, voire une mort subite. Or, plusieurs études suggèrent que les patients atteints de COVID-19 présentent des signes de la maladie des mois après avoir contracté le virus. Au final, l’impact à long terme de la myocardite liée à la COVID, y compris la majorité des cas bénins, demeure inconnu.
Un impact indéniable sur le muscle cardiaque
Une étude (non validée par des pairs à ce jour) impliquant 139 travailleurs de la santé rétablis d’une infection à coronavirus, a révélé qu’environ 10 semaines après leurs premiers symptômes, 37% d’entre eux avaient reçu un diagnostic de myocardite ou de myopéricardite. Pourtant, moins de la moitié d’entre eux avaient présenté des symptômes lors de leurs premières analyses.
Comme expliqué dans ce rapport, la myocardite peut résulter de l’infection directe du virus attaquant le cœur, ou de l’inflammation déclenchée par la réponse immunitaire trop agressive du corps (tempête de cytokines). Par ailleurs, il s’avère qu’elle n’est pas forcément liée à l’âge : des médecins ont récemment partagé le cas d’un enfant de 11 ans atteint du syndrome inflammatoire multisystémique lié à la COVID-19, décédé d’une insuffisance cardiaque un jour après son admission à l’hôpital. L’autopsie a révélé la présence de particules de coronavirus dans le tissu cardiaque de l’enfant, ce qui confirme que le virus est directement responsable de sa mort.
De même, une récente étude publiée sur medRxiv rapporte la présence de protéines virales dans le muscle cardiaque de six patients décédés d’une insuffisance respiratoire. Ceux-ci n’avaient aucun antécédent cardiaque et n’ont montré aucun signe d’attaque cardiaque lorsqu’ils ont contracté la maladie.
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Les médecins ne cessent ainsi de rencontrer des cas d’apparition subite de cardiopathies, surtout parmi les jeunes adultes. Ossama Samuel, chef adjoint de la cardiologie à l’hôpital Mount Sinai de New York, évoque par exemple le cas d’un patient ayant développé une myocardite quatre semaines après s’être a priori rétabli de l’infection ; traitée aux stéroïdes, l’inflammation est ensuite réapparue sous forme de péricardite. Un autre patient, dans la quarantaine et plutôt athlétique, présente désormais des troubles récurrents du rythme cardiaque, suffisamment inquiétants pour qu’il porte un défibrillateur sur lui en permanence ; une IRM a révélé une fibrose et des cicatrices au niveau de son muscle cardiaque.
Ces troubles sont d’autant plus inquiétants que le diagnostic n’est pas toujours facile à poser. La myocardite s’exprime la plupart du temps par un essoufflement, des douleurs thoraciques, de la fièvre, de la fatigue. Mais certains individus ne présentent aucun de ces symptômes ! Dans l’état actuel des choses, en raison du risque d’arythmie grave et de mort subite, le professeur Samuel recommande vivement aux athlètes atteints de myocardite liée à la COVID de ne pas pratiquer de sports de compétition pendant au moins trois à six mois.