Si le problème du réchauffement climatique est combattu majoritairement sur terre, une partie de cette lutte se déroulera également dans les airs d’ici les prochaines années. C’est ce qu’a annoncé l’entreprise Airbus en dévoilant trois designs d’avions de transport de passagers utilisant l’hydrogène comme carburant. Ce programme fait partie de ses objectifs de vols zéro émission, le premier avion à hydrogène étant prévu d’ici 2035.
Le constructeur européen Airbus SE a dévoilé trois conceptions qu’il étudie pour construire des avions à hydrogène, alors qu’il prévoit de mettre en service un avion de ligne zéro carbone d’ici 2035. Les approches comprennent un avion à turboréacteur pouvant accueillir jusqu’à 200 passagers — similaire à son A321neo à fuselage étroit — pouvant parcourir plus de 3700 km. Il serait propulsé par un moteur à turbine à gaz modifié fonctionnant à l’hydrogène.
Le constructeur a également présenté un avion à hélice pouvant accueillir environ 100 passagers sur de plus petites distances, et un concept d’aile volante avec 200 sièges. L’hydrogène devient un domaine d’intérêt croissant pour Airbus alors qu’il évalue les technologies pour un vol sans émissions. La société est sous la pression des gouvernements français et allemand, ses plus gros actionnaires, pour accélérer le développement de nouveaux avions après avoir aidé l’avionneur pendant la pandémie. Ensemble, les deux pays ont engagé 2.5 milliards d’euros pour une propulsion plus propre.
Le choix de l’hydrogène pour des vols zéro émission
Bien qu’il existe différentes approches, l’hydrogène est susceptible d’être utilisé dans l’aérospatiale et d’autres industries pour atteindre des objectifs de neutralité carbone. La société a déjà déclaré qu’elle visait le milieu des années 2030 pour le premier avion à réaction zéro émission. Le développement d’un avion à hydrogène dans ce délai sera un véritable défi en raison des énormes quantités d’infrastructures et des investissements gouvernementaux nécessaires.
« La question est de savoir jusqu’où nous pouvons aller avec des batteries. Nous ne pensons pas qu’il s’agisse d’une technologie pertinente aujourd’hui pour les avions commerciaux et nous voyons que l’hydrogène a plus de potentiel », déclare Glenn Llewellyn, vice-président de la technologie zéro émission chez Airbus.
Trois modèles différents d’avions à hydrogène
Airbus a annoncé son intention de tester les trois modèles au cours des cinq prochaines années. Dans la conception du turboréacteur à double flux, l’hydrogène liquide sera stocké et distribué dans des réservoirs situés derrière la cloison de pression arrière, tandis que dans le même temps, les piles à combustible à hydrogène créeront de l’énergie électrique qui complète la turbine à gaz. Le turbopropulseur utilisera également des moteurs à turbine à gaz modifiés.
Le plan à ailes mixtes, ressemblant à un V volant, offre de nouvelles options pour le stockage et la distribution de l’hydrogène, ainsi que la disposition de la cabine. C’est la plus difficile des trois conceptions, selon l’ingénieur en chef de l’entreprise Jean-Brice Dumont. Si l’entreprise réussit ce pari à court terme, elle peut envisager d’aller de l’avant avec le modèle en forme de V. Sinon, Airbus est susceptible de choisir l’un des deux autres modèles plus classiques et de se pencher sur le développement d’un tel avion plus tard.
Sur le même sujet : Airbus construit un « vaisseau cargo interplanétaire » qui fera un aller-retour pour Mars
Une transition technologiquement et financièrement exigeante
La société, basée à Toulouse, en France, prévoit de lancer plusieurs programmes de démonstrateurs d’hydrogène au cours des prochains mois. Elle prévoit qu’il faudra encore deux ans pour choisir les fournisseurs et les sites de fabrication avant que le programme ne soit effectif vers 2028, et que l’avion entre en service en 2035.
Le succès d’un tel programme dépendra de l’infrastructure des aéroports et du soutien des gouvernements pour financer le développement, ainsi que des incitations financières pour les compagnies aériennes à retirer les avions plus anciens. L’entreprise a déjà entamé des discussions avec les aéroports, les compagnies aériennes et les sociétés d’énergie. L’État français soutient la recherche sur les vols à faibles émissions de carbone et considère le développement par Airbus d’un avion à hydrogène comme la meilleure réponse au « dénigrement de l’aviation », a déclaré lundi le ministre français des Transports Jean-Baptiste Djebbari.