La sclérose en plaques est une maladie auto-immune neurodégénérative dans laquelle les cellules immunitaires s’attaquent à la gaine de myéline protectrice entourant les neurones. Dès lors, les signaux électriques sont ralentis, voire bloqués, entraînant une incapacité neuromotrice progressive jusqu’à la paralysie dans les formes les plus graves. Un récent essai a montré qu’une molécule anticancéreuse provoquait la repousse de la myéline autour des neurones endommagés. Même si ce médicament ne peut être utilisé dans la lutte contre la SEP, il montre que la repousse de la myéline est possible, et a motivé le lancement de nouveaux essais.
Un essai clinique du bexarotène, un médicament anticancéreux, a montré qu’il réparait les gaines protectrices de myéline détruites par la SEP. La perte de myéline entraîne une gamme de problèmes neurologiques, notamment des troubles de l’équilibre, de la vision et des muscles et, finalement, une incapacité systémique.
Bien que le bexarotène ne puisse pas être utilisé comme traitement, car les effets secondaires sont trop importants, les médecins à l’origine de l’essai ont déclaré que les résultats montraient que la « remyélinisation » était possible chez l’Homme, suggérant que d’autres médicaments ou combinaisons de médicaments agiraient sur la SEP.
Une molécule favorisant la repousse de myéline
« Il est décevant que ce ne soit pas le médicament que nous utiliserons, mais c’est intéressant que la réparation soit réalisable, et cela nous donne un grand espoir pour un autre essai que nous espérons commencer cette année », déclare Alasdair Coles. La SEP survient lorsque le système immunitaire attaque par erreur la couche de myéline qui entoure les nerfs du cerveau et de la moelle épinière. Sans cette substance riche en lipides, les signaux voyagent plus lentement le long des nerfs, sont perturbés ou ne parviennent pas du tout à passer.
Le bexarotène a été évalué dans le cadre d’un essai — financé par la Société de la SP — de phase 2a et qui a utilisé des scintigraphies cérébrales pour surveiller les modifications des neurones endommagés chez les patients atteints de SEP récurrente. Il s’agit d’un stade précoce de la maladie qui précède la maladie progressive secondaire, où les neurones meurent et provoquent une invalidité permanente.
Le médicament a eu des effets secondaires graves, allant d’une maladie thyroïdienne à des taux élevés de graisses dans le sang, qui peuvent entraîner une inflammation dangereuse du pancréas. Mais les scintigraphies cérébrales ont révélé que les neurones avaient fait repousser leurs gaines de myéline, une découverte confirmée par des tests qui montraient que les signaux envoyés de la rétine au cortex visuel à l’arrière du cerveau s’étaient accélérés.
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De futurs essais pour tester la remyélinisation neuronale
Les détails du travail ont été présentés vendredi à la MSVirtual2020, une réunion conjointe du Comité européen pour le traitement et la recherche sur la sclérose en plaques et son homologue américain. Bien que le bexarotène ne fasse pas l’objet d’essais de phase 3 pour la SEP, la découverte selon laquelle le système nerveux peut être stimulé pour régénérer les neurones endommagés a donné aux scientifiques de nouveaux espoirs pour un autre essai qu’ils espèrent lancer plus tard cette année.
Cet essai surveillera les effets de la metformine, un médicament contre le diabète, ainsi que de la clémastine, un antihistaminique, une combinaison que le professeur Robin Franklin du Wellcome-MRC Cambridge Stem Cell Institute a testé l’année dernière et qui pourrait stimuler la remyélinisation chez les animaux.
La metformine semble agir en rajeunissant les cellules souches du système nerveux central, qui deviennent ensuite des cellules productrices de myéline appelées oligodendrocytes. Ceux-ci produisent de la myéline pour remplacer celle détruite par la SP. Les chercheurs espèrent que la combinaison de médicaments ralentira au moins la progression de la maladie, mais il y a une chance qu’elle prévienne complètement d’autres dommages aux neurones. « Les résultats de cet essai nous donnent la certitude que les médicaments qui favorisent la régénération de la myéline auront un impact réel sur le traitement de la SEP, et nous attendons avec impatience les résultats des futurs essais avec un optimisme accru », conclut Franklin.