Alors que la pandémie continue de toucher un grand nombre de pays, les médecins découvrent presque quotidiennement de nouvelles conséquences physiologiques faisant suite à une infection au coronavirus SARS-CoV-2. Notamment des conséquences neurologiques, affectant des patients avec une gravité variable. Plusieurs patients font en effet état de la persistance d’une sorte de « brouillard cérébral », mêlant pertes de mémoire, difficulté à se concentrer et aphasie. Bien que le phénomène prenne de l’ampleur, les médecins n’ont encore que très peu d’informations sur sa cause ou encore sa durée.
Il existe de plus en plus de preuves que la COVID-19 affecte négativement la mémoire et la concentration de certains patients ; des déficits cognitifs auxquels la société pourrait potentiellement être confrontée pendant des années après la fin de la pandémie. Le New York Times a interrogé plusieurs patients sur ces problèmes de mémoire. Un homme, un spécialiste vasculaire nommé Michael Reagan, a déclaré au NYT qu’après être sorti de l’hôpital, il s’était rendu compte qu’il avait complètement oublié des vacances qu’il avait prises en France quelques semaines plus tôt.
La confusion, le délire et d’autres types d’altérations de la fonction mentale, appelée encéphalopathie, se sont produits pendant l’hospitalisation pour des problèmes respiratoires liés à la Covid-19, et une étude a révélé que ces patients nécessitaient des hospitalisations plus longues, avaient des taux de mortalité plus élevés et ne pouvaient souvent pas gérer leurs activités quotidiennes juste après l’hospitalisation.
Un symptôme à long terme relativement courant
Mais la recherche sur un affaiblissement cognitif durable ne fait que commencer. Une étude française publiée en août portant sur 120 patients hospitalisés a révélé que 34% avaient une perte de mémoire et 27% montraient des problèmes de concentration des mois plus tard. Dans une enquête effectuée auprès de 3930 membres du Survivor Corps, plus de la moitié ont signalé des difficultés à se concentrer ou à se remémorer des souvenirs.
Il s’agissait du quatrième symptôme le plus courant sur les 101 affections physiques, neurologiques et psychologiques à long et à court terme signalées par les survivants. Des problèmes de mémoire, des étourdissements ou de la confusion ont été signalés par un tiers ou plus des répondants.
Une cause encore inconnue
La cause de ce « brouillard cérébral » est un mystère en partie parce que les symptômes sont variés. « La réponse la plus simple est que les gens ont toujours une activation immunitaire persistante après la disparition de l’infection initiale », explique Avindra Nath, chef des infections du système nerveux à l’Institut national des troubles neurologiques et des accidents vasculaires cérébraux.
L’inflammation des vaisseaux sanguins ou des cellules qui tapissent les vaisseaux peut être impliquée. Les molécules inflammatoires, libérées dans des réponses immunitaires efficaces, « peuvent également être une sorte de toxines, en particulier pour le cerveau ». De minuscules accidents vasculaires cérébraux peuvent causer certains symptômes, selon Dona Kim Murphey, neurologue et neuroscientifique.
D’autres causes possibles sont des réactions auto-immunes lorsque les anticorps attaquent par erreur les cellules nerveuses. Des symptômes tels que des picotements ou des engourdissements peuvent survenir lorsque des nerfs endommagés envoient de mauvais signaux. Certaines personnes atteintes de brouillard cérébral ont encore des problèmes pulmonaires ou cardiaques, ce qui peut aggraver les symptômes neurologiques. Jusqu’à présent, les IRM n’ont pas indiqué de zones cérébrales endommagées.