Tandis que le monde lutte contre la pandémie de COVID-19, les scientifiques tentent toujours de comprendre la manière dont le coronavirus est apparu et comment il est passé de la faune à l’Homme. Pour ce faire, dès juillet, l’OMS est entrée en contact avec la Chine afin d’envoyer une équipe d’experts internationaux sur place dans le but d’enquêter sur l’origine du virus. Toutefois, la Chine semble montrer de sérieuses réticences à accepter une telle enquête. Les négociations ont été longues et, il y a quelques jours, le pays a interdit à des membres de l’équipe de l’OMS de pénétrer sur son territoire, mettant en cause des problèmes de visa.
La Chine a bloqué l’arrivée d’une équipe de l’Organisation mondiale de la santé enquêtant sur les origines de la pandémie de coronavirus SARS-CoV-2, affirmant que leurs visas n’avaient pas encore été approuvés, alors même que certains membres du groupe étaient en route. Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a exprimé sa consternation et a déclaré qu’il avait appelé la Chine à autoriser l’équipe à entrer.
« Je suis très déçu de cette nouvelle, étant donné que deux membres ont déjà commencé leur voyage et que d’autres n’ont pas pu voyager à la dernière minute. Mais j’ai été en contact avec de hauts responsables chinois. Et j’ai une fois de plus indiqué clairement que la mission était une priorité pour l’OMS et l’équipe internationale ».
Une enquête rencontrant plusieurs obstacles
L’OMS tente depuis quelques mois d’envoyer l’équipe d’experts mondiaux d’un certain nombre de pays. Les responsables discutent avec des autorités chinoises depuis juillet. Les virologues disent depuis longtemps qu’il est essentiel de découvrir comment le virus est passé de l’animal à l’Homme. L’équipe se dirigeait vers Wuhan pour enquêter sur les premiers cas. Elle n’avait pas l’intention d’étudier les allégations selon lesquelles le virus proviendrait d’un laboratoire chinois, qui ont été rejetées par la plupart des scientifiques.
La mission a été critiquée par les États-Unis, où le président sortant, Donald Trump, a catégoriquement blâmé les Chinois pour la pandémie. Garrett Grigsby, du département américain de la Santé et des Services sociaux, a déclaré en novembre que l’enquête semblait « incompatible » avec le mandat de l’OMS. « Comprendre les origines de la Covid-19 grâce à une enquête transparente et inclusive est ce qui doit être fait par l’OMS pour remplir son mandat ».
Mike Ryan de l’OMS a déclaré que l’équipe avait travaillé très étroitement avec des collègues chinois pour planifier le voyage. Deux membres de l’équipe, qui avaient de longues distances à parcourir, avaient commencé leur voyage, mais il était devenu évident que leurs visas n’avaient pas été approuvés par les autorités chinoises.
« Nous ne voulions pas envoyer des gens s’il n’y avait aucune garantie de réussite de leur arrivée en Chine. Le docteur Tedros a pris des mesures immédiates et s’est entretenu avec de hauts responsables chinois et leur a pleinement fait comprendre le caractère critique absolu de cette situation ». L’équipe espérait qu’il s’agissait « simplement d’un problème logistique et bureaucratique qui pouvait être résolu très rapidement ». L’un des deux collègues en route était reparti, tandis que l’autre restait dans un pays tiers en transit.
La nécessité d’une coopération internationale
« C’est frustrant et, comme l’a dit le directeur général, décevant. Cette déception a été exprimée très clairement par le docteur Tedros directement à nos homologues chinois. Nous sommes convaincus qu’en toute bonne foi, nous pourrons résoudre ces problèmes dans les heures à venir et recommencer le déploiement de l’équipe le plus rapidement possible », indique Ryan.
Ilona Kickbusch, directrice fondatrice et présidente du Centre de santé mondial à Genève, déclare que la géopolitique a empêché les pays de s’unir pour vaincre la pandémie de coronavirus et que les hostilités qui avaient été générées pourraient maintenant empêcher de découvrir comment elle a commencé. « Je pense qu’il sera incroyablement difficile de trouver l’origine du virus, car beaucoup de temps s’est écoulé ».
Le monde a réussi à s’unir pour éradiquer la variole au plus fort de la guerre froide, précise-t-elle. Même lorsque le SRAS, un autre coronavirus, a fait surface en Chine et a fait des ravages entre 2002 et 2003, la réaction mondiale incluait de la coopération et de la pression pour plus de transparence. À l’époque, Pékin avait reconnu avoir commis des erreurs, réorganisé son ministère de la Santé et créé le Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies. D’autres pays lui ont accordé le bénéfice du doute et ont appelé à davantage de coopération.