Cela fait maintenant deux semaines que le télescope spatial Hubble est en panne. La NASA travaille d’arrache-pied pour tenter de comprendre ce qui a provoqué l’incident, survenu le 13 juin dernier. Après plusieurs tentatives vaines de changement de module de mémoire, l’Agence américaine comptait utiliser l’ordinateur de charge utile de secours. Problème : il s’avère que ce dernier présente lui aussi des défaillances.
L’espoir de restaurer le fonctionnement de ce télescope emblématique s’amenuise de jour en jour. La NASA pensait au départ que le problème était issu du module de mémoire, mais le passage à l’un des trois modules de secours n’a malheureusement pas permis de relancer l’ordinateur de charge utile. Depuis, l’équipe responsable de l’engin fondait tous ses espoirs sur l’ordinateur de secours. Mais une série de tests effectués la semaine dernière a révélé qu’il était lui aussi hors service.
Ce matériel de secours avait été installé sur le télescope spatial en 2009, lors de la dernière mission de maintenance ; il n’avait jamais été mis en service dans l’espace jusqu’alors. Mais la NASA n’a pu que constater que cet ordinateur présentait les mêmes erreurs que l’ordinateur principal : les commandes d’écriture ou de lecture de la mémoire ont échoué. Le problème se situe vraisemblablement ailleurs, ce qui peut rendre plus difficile sa résolution.
L’ordinateur de bord mis hors de cause
Le vaisseau spatial embarque deux ordinateurs de charge utile (dont un ordinateur de sauvegarde), situés sur l’unité Science Instrument and Command and Data Handling (SI C&DH). Ces ordinateurs comportent un module de traitement central (CPM) — qui traite les commandes et contrôle les différents instruments scientifiques — une interface standard, un bus de communication et un module de mémoire (sachant que trois modules mémoire de sauvegarde sont également disponibles). Or, les tests menés par la NASA la semaine dernière ont révélé que ces composants, que ce soit ceux de l’ordinateur principal (qui date tout de même des années 1980) ou ceux de l’ordinateur de sauvegarde, renvoyaient tous la même erreur.
« Puisqu’il est hautement improbable que tous les éléments matériels individuels aient un problème, l’équipe considère maintenant un autre matériel comme coupable possible, y compris l’unité de commande/formatage de données scientifiques », a précisé la NASA vendredi, dans un communiqué. Cette unité constitue un autre module du SI C&DH : l’unité de commande envoie des instructions et des données aux instruments du télescope et l’unité de formatage se charge de transformer les données fournies par les instruments avant de les transmettre à la Terre.
Le problème pourrait également provenir du régulateur de puissance, dont le rôle est d’assurer une tension constante et régulière : il est possible que les tensions fournies au matériel soient hors limites, ce qui pourrait expliquer les défaillances généralisées observées. Cette semaine, l’équipe va donc explorer ces deux sources possibles de dysfonctionnement. Là encore, en cas de besoin, les deux équipements existent en version de sauvegarde.
Une perte inestimable pour la communauté scientifique
Ce sera peut-être les dernières tentatives de la NASA pour relancer le télescope spatial, qui demeure à ce jour le plus puissant du monde. Après plus de trente années de bons et loyaux services, Hubble va donc peut-être bientôt tirer sa révérence. Les premières galaxies qui se sont formées après le Big Bang, de nouvelles lunes autour de Pluton, ou encore le taux d’expansion de l’Univers, voilà tout autant de découvertes clés réalisées grâce à ce télescope. Après tant de succès, la NASA espère qu’il pourra continuer à fonctionner jusqu’à la fin des années 2020.
« Hubble est l’une des missions astrophysiques les plus importantes de la NASA. Il fonctionne depuis plus de 31 ans, et la NASA espère qu’il durera encore de nombreuses années », a déclaré un porte-parole de l’agence à Business Insider. « Du point de vue de la valeur de Hubble pour la communauté scientifique, il s’agit toujours du télescope le plus puissant disponible, donc l’âge n’est pas un facteur de décision », souligne-t-il.
Il est certain que si Hubble cessait définitivement de fonctionner, ce serait une perte majeure pour toute la communauté des astronomes et astrophysiciens. La NASA prendra alors la décision de le désintégrer, en le guidant vers notre atmosphère à travers laquelle il se consumera rapidement.