Après une panne informatique, Hubble pourrait être définitivement hors-service

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| NASA/Smithsonian Institution/Lockheed Corporation
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Cela fait maintenant plus d’une semaine que l’ordinateur de la charge utile du télescope spatial Hubble est en panne, malgré plusieurs tentatives de la NASA pour relancer le système à distance. Il n’est pas prévu d’envoyer d’équipe de maintenance pour réparer le célèbre observatoire. Si la NASA ne parvient pas à résoudre le problème, Hubble sera ramené dans l’atmosphère terrestre, où il sera consumé.

Opérationnel depuis 1990, Hubble vit peut-être ses derniers jours. La dernière mission de maintenance, réalisée en mai 2009 avant le retrait définitif des navettes spatiales américaines, devait lui permettre de fonctionner quelques années de plus ; l’engin s’était alors vu doté de deux nouveaux instruments d’observation. Mais cette fois-ci, la panne informatique dont il a été victime le 13 juin pourrait lui être fatale. La NASA ne sait d’ailleurs toujours pas exactement ce qui l’a provoquée.

L’Agence américaine a déjà tenté à trois reprises, mais en vain, de passer à une version de sauvegarde du module de mémoire — que la NASA suspectait d’être à l’origine de la panne. Mais un autre composant semble finalement être en cause. Tout porte à croire que le télescope est définitivement hors service. Une mauvaise nouvelle pour la communauté des astronomes du monde entier, qui continuaient d’exploiter les capacités de ce télescope emblématique malgré l’apparition de télescopes terrestres de plus en plus puissants.

Une invitation à rêver, prête à être portée.

Des composants de plus de 30 ans d’existence

Initialement, il était prévu que le télescope Hubble ait une durée de vie de quinze ans. La majorité de ses composants ont désormais plus de 30 ans d’existence, mais sont demeurés pratiquement intacts et l’engin était jusqu’à récemment tout à fait fonctionnels. Au cours de sa vie, il aura bénéficié de cinq missions de maintenance, visant à effectuer des travaux de réparation ou des remplacements d’équipements défaillants ou obsolètes.

La dernière en date remonte à 2009 : le télescope avait alors subi plusieurs mises à niveau et fut équipé d’un nouvel ordinateur et de nouvelles batteries. Mais depuis le retrait de la navette spatiale américaine, plus aucune opération de maintenance n’est possible : aucun vaisseau spatial existant ou en développement ne dispose des capacités nécessaires (transport des pièces de rechange, autonomie, bras télécommandé) pour effectuer cette mission à l’altitude relativement élevée (590 km) à laquelle se trouve Hubble.

L’ordinateur de la charge utile qui est subitement tombé en panne le 13 juin date des années 1980 ; il est essentiel au fonctionnement du télescope, car c’est lui qui contrôle l’ensemble des instruments scientifiques. Un premier diagnostic a laissé entendre que le problème pouvait venir d’un module de mémoire, mais le passage à l’un des trois modules de secours disponibles à bord n’a pas permis de redémarrer l’ordinateur. La NASA n’a cependant pas dit son dernier mot et affirme qu’elle peut encore tenter de sauver l’engin. « L’équipe conçoit actuellement des tests qui seront exécutés dans les prochains jours pour tenter d’isoler davantage le problème et d’identifier une solution potentielle », précisait la NASA hier dans un communiqué.

L’équipe en charge de l’exploitation du télescope cherche notamment à savoir si le matériel de l’interface standard (STINT) — qui relie les communications entre le module de traitement central (CPM) de l’ordinateur et d’autres composants — ou le CPM lui-même, sont responsables du problème. Si nécessaire, Hubble dispose d’un ordinateur de charge utile de sauvegarde, que l’agence estime pouvoir utiliser pour rétablir le fonctionnement du télescope. Ce dernier n’a pas été allumé depuis son installation en 2009, mais la NASA précise qu’il a été minutieusement testé au sol avant d’être embarqué sur le vaisseau. Si le basculement sur cet ordinateur de sauvegarde s’effectue sans encombre, plusieurs jours seront néanmoins nécessaires pour évaluer ses performances et restaurer les opérations scientifiques.

La fin d’un projet emblématique ?

À noter que ce n’est pas la première fois que Hubble connaît un dysfonctionnement ou nécessite une mise à niveau. Un incident similaire est même déjà survenu cette année, au mois de mars : une erreur logicielle a fait basculer l’observatoire en mode sans échec. Le problème avait néanmoins été rapidement résolu par la NASA. Les cinq instruments scientifiques (des caméras et des spectromètres) resteront en mode sans échec jusqu’à ce que ce nouveau problème soit résolu. « Le télescope lui-même et les instruments scientifiques restent en bonne santé », précisait la NASA vendredi dernier.

Au cours de son existence, Hubble a permis de réaliser d’incroyables découvertes. Son immense miroir (2,4 mètres de diamètre) et ses instruments capables d’observer l’infrarouge proche et l’ultraviolet ont permis de collecter des données précieuses sur l’expansion de l’Univers, les trous noirs, ou encore la matière noire. C’est grâce à Hubble que les astronomes ont aujourd’hui une meilleure compréhension du cycle de vie des étoiles et c’est également lui qui a permis de confirmer l’existence de trous noirs supermassifs au centre des galaxies. Enfin, ses observations de l’espace lointain ont permis de calculer l’âge et le taux d’expansion de l’Univers.

Qu’arrivera-t-il si Hubble ne peut être « réanimé » ? Il se trouve qu’au cours de la dernière mission de maintenance, le télescope a été équipé d’un dispositif conçu pour le ramener dans l’atmosphère terrestre. Si l’ordinateur ne peut être relancé, la NASA n’aura donc qu’à activer ce dispositif, afin qu’Hubble soit incinéré au cours de sa rentrée dans l’atmosphère. (Mal)heureuse coïncidence, la mort de Hubble pourrait donc survenir quelques mois avant qu’un nouveau télescope encore plus sophistiqué ne soit mis en orbite : l’observatoire James-Webb, doté d’un champ de vision près de 15 fois supérieur à celui de Hubble, devrait être lancé plus tard cette année, au cours du mois de novembre.

Source : NASA

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