Les centres nationaux d’information environnementale de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) rapportent que ce mois de juillet 2021 a été le plus chaud jamais observé dans le monde depuis le début des enregistrements, il y a 142 ans. Dans l’hémisphère nord, la température de la surface terrestre s’est élevée à un niveau sans précédent : +1,54°C au-dessus de la moyenne. Pour les experts, ce triste record constitue un nouvel indicateur que le changement climatique est en cours.
Le mois de juillet est généralement le mois le plus chaud de l’année. Mais cette année, les données de la NOAA montrent que les températures ont battu tous les records. Les températures terrestres et océaniques combinées ont dépassé la moyenne du 20e siècle de près de 1°C ! Ce mois de juillet s’impose comme le plus chaud observé en Asie (le précédent record remonte à 2010) et le deuxième plus chaud jamais enregistré en Europe (à égalité avec juillet 2010). Tous les autres continents comptent ce mois de juillet parmi les 10 plus chauds observés jusqu’à présent.
Ces records de température ne sont que le reflet des changements à long terme détaillés dans le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Inondations, vagues de chaleur extrême, incendies, « sont tous des impacts prévisibles et bien compris d’un monde plus chaud », remarque Zeke Hausfather, climatologue au Breakthrough Institute, en Californie. Des événements qui ne feront que se multiplier et s’amplifier si nous ne parvenons pas à réduire les émissions de gaz à effet de serre à zéro.
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L’été 2021 « est un impact clair du changement climatique »
À noter que le Copernicus Climate Change Service de l’Union européenne classe quant à lui le mois dernier, non pas comme le plus chaud, mais comme le 3e plus chaud jamais enregistré dans le monde — tout comme l’était le mois de juillet 2020 — derrière les mois de juillet 2016 et 2019. Et pour les experts de la NASA, juillet 2021 occupe la deuxième place du podium. Mais pour Zeke Hausfather, ce n’est pas inhabituel pour les agences de surveillance du climat d’observer quelques petites différences dans leurs données. « Le record de la NOAA a une couverture plus limitée sur l’Arctique que les autres records mondiaux de température », précise-t-il.
Quoi qu’il en soit, déterminer si le record de chaleur a été battu ou non n’est vraiment pas le plus important : « Peu importe où [juillet] se retrouve exactement dans les classements, la chaleur que connaît le monde cet été est un impact clair du changement climatique dû aux émissions humaines de CO2 et d’autres gaz à effet de serre » souligne le spécialiste. Avec « seulement » 1,1°C de réchauffement jusqu’à présent, nous avons assisté cet été à de nombreux événements climatiques extrêmes, et mortels : une vague de chaleur sans précédent au nord-ouest du Canada, des pluies diluviennes en Allemagne, en Belgique et en Chine, des incendies géants en Californie, en Grèce et en Algérie…
Selon la NOAA, les sept mois de juillet les plus chauds se sont tous produits depuis 2015. Celui-ci ne fait donc pas exception, principalement à cause du réchauffement observé dans l’hémisphère nord. Et d’après le Global Annual Temperature Rankings Outlook des Centres nationaux d’information environnementale, il est très probable que l’année 2021 se classera parmi les 10 années les plus chaudes jamais enregistrées.
Une activité cyclonique supérieure à la normale
Et l’impact du réchauffement se traduit non seulement par des records de température, mais aussi par la fonte accélérée des glaces et la formation précoce d’ouragans. Le National Snow and Ice Data Center rapporte en effet que l’étendue de la glace de mer arctique du mois de juillet 2021 était la 4e plus petite surface enregistrée en 43 ans — seuls les mois de juillet 2012, 2019 et 2020 ont connu une étendue de glace de mer encore plus petite. La surface moyenne mensuelle pour juillet 2021 était de 7,69 millions de kilomètres carrés, soit 1,78 million de km² de moins que la moyenne enregistrée de 1981 et 2010.
A contrario, dans l’Antarctique, l’étendue de la banquise a augmenté plus rapidement que la moyenne en juillet : la NSIDC a enregistré la plus grande étendue pour un mois de juillet depuis 2015. Jusqu’à présent le taux d’augmentation linéaire de l’étendue de la banquise en juillet est de 0,6% par décennie, mais les experts estiment que l’incertitude est trop élevée pour considérer que cette tendance est significative.
Autre conséquence des températures extrêmes : une activité cyclonique mondiale supérieure à la normale pour cette année. La tempête Elsa, cinquième cyclone tropical nommé et premier ouragan de la saison 2021 de l’Atlantique nord, s’est ainsi déclarée anormalement tôt : elle a fait l’objet d’un premier bulletin du National Hurricane Center dès le 29 juin. Les bassins nord-est et ouest du Pacifique ont quant à eux chacun enregistré trois tempêtes nommées.
Tous les indicateurs sont dans le rouge et les événements météorologiques extrêmes se succèdent bien plus rapidement que ne sont mis en oeuvre les moyens qui permettraient de s’en prémunir. « Les gens sont en danger, les infrastructures sont de plus en plus obsolètes et dans de nombreux endroits ne sont pas conçues pour les nouvelles réalités environnementales » avertit Rick Spinrad, administrateur de la NOAA, dans un communiqué. Si le climatologue ne considère ici que les États-Unis, sa remarque reste malheureusement valable pour de nombreux pays du monde.
La lutte contre la crise climatique est aujourd’hui une priorité absolue, car nous disposons « d’une fenêtre de temps étroite pour éviter des impacts climatiques futurs très coûteux, mortels et irréversibles », rappelle Spinrad.