Une fusée Falcon 9 a été installée sur la rampe de lancement du Kennedy Space Center de la NASA au cours du week-end. Le 14 septembre, elle transportera dans l’espace un équipage de quatre personnes, les quatre premiers touristes spatiaux de l’Histoire. Ce voyage en orbite, d’une durée de trois jours environ, est totalement financé par le milliardaire Jared Isaacman, qui sera le commandant de cette « mission » baptisée Inspiration4.
Aucun des passagers n’est astronaute professionnel. Ce sera donc le tout premier voyage spatial entièrement touristique jamais réalisé. Pour l’occasion, la capsule Crew Dragon a bénéficié de quelques adaptations, parmi lesquelles un dôme de verre massif — installé à la place du module d’amarrage habituel — qui permettra aux passagers de pleinement profiter de la vue. Le lancement est prévu au plus tôt mardi prochain, à 20h HAE.
Alors que Blue Origin et Virgin Galactic ont respectivement permis à Jeff Bezos et Richard Branson de passer quelques minutes dans la haute atmosphère, SpaceX propose ici une expérience beaucoup plus marquante : un tour du monde de trois jours. Si tout se passe sans encombre, cette mission Inspiration4 pourrait marquer le début d’une nouvelle ère de vols spatiaux, dans laquelle tout un chacun peut rêver de voyager en orbite et ainsi découvrir la Terre depuis l’espace (moyennant finance, bien entendu…).
Un vol qui repose sur les engins réutilisables de SpaceX
Au cours de ce voyage historique, Isaacman sera accompagné de trois personnes qu’il a lui-même sélectionnées : Sian Proctor, exploratrice et professeure de géosciences, Christopher Sembroski, ingénieur de données et vétéran de l’Air Force, ainsi qu’Hayley Arceneaux, assistante médicale au St. Jude Children’s Research Hospital de Memphis, survivante d’un cancer osseux. Si Isaacman, pilote de formation, a une solide expérience de vol (du moins, dans le ciel), ce n’est en revanche pas le cas de ces compagnons. Et dans quelques jours, Arceneaux, 29 ans, deviendra la plus jeune Américaine à voyager dans l’espace.
Le vaisseau Crew Dragon dans lequel ils voyageront, baptisé Resilience, a d’ores et déjà été dans l’espace : il a effectué son premier vol opérationnel habité en novembre 2020, pour mener l’astronaute Michael Hopkins et trois autres membres d’équipage à bord de la Station spatiale internationale (ISS) ; il est revenu sur Terre au mois de mai. De même, la fusée Falcon 9 mobilisée pour le lancement a déjà été utilisée deux fois — l’occasion de souligner une nouvelle fois l’intérêt des lanceurs réutilisables qui sont la spécialité de SpaceX.
Comme précisé plus haut, du fait qu’elle n’a pas besoin de s’amarrer à l’ISS, la capsule a été modifiée pour offrir à ses occupants une expérience hors du commun : elle est équipée d’un dôme de verre — largement inspiré de la coupole d’observation qui se trouve sur l’ISS — offrant aux chanceux passagers une vue à 360°, soit une sensation d’immersion complète dans l’espace.
A look at Dragon’s Cupola, which will provide our Inspiration4 astronauts with incredible views of Earth from orbit!
The crew visited the flight-hardware Cupola in California before it was shipped to Florida for integration with Dragon Resilience. pic.twitter.com/9ivMZrS1ip
— Inspiration4 (@inspiration4x) September 1, 2021
La destination du Crew Dragon n’est pas la même que pour ses précédents vols, mais l’infrastructure de récupération de l’équipage dans l’océan Atlantique demeure identique.
Une préparation « ciblée » pour un vol commercial
Totalement novices en termes de voyage spatial, les quatre membres d’équipage ont tout de même bénéficié de plusieurs semaines d’entraînement au siège de SpaceX, en Californie. Au NASTAR Center, ils ont suivi une formation en centrifugeuse pour se préparer aux diverses situations dynamiques qu’ils seront amenés à vivre pendant le vol — y compris le lancement, la rentrée dans l’atmosphère, l’amerrissage dans l’océan et un scénario potentiel d’abandon en vol. Les profils de centrifugeuses ont été modélisés par SpaceX, d’après les précédentes missions Crew Dragon, pour reproduire fidèlement les forces g que l’équipage subira lors de son voyage dans l’espace.
Dans le cadre de leur préparation, ils ont également été amenés à séjourner au Camp Muir, sur le mont Rainier, à environ 3000 mètres d’altitude ; ceci dans le but de consolider les liens de l’équipe, plongée dans des conditions environnementales relativement difficiles. « Cette préparation ciblée était essentielle au développement de l’équipe et à la préparation de son rôle en tant que premier équipage commercial en orbite autour de la Terre », peut-on lire dans un communiqué de la mission.
À savoir également que le vaisseau embarquera une charge utile scientifique : pendant le vol, les passagers effectueront quelques expériences sur la santé et les performances humaines ; des données environnementales, ainsi que des échantillons biologiques des membres d’équipage, seront recueillis avant, pendant et après la mission. Cette expédition hors normes sera également l’occasion de récolter des fonds pour le centre de traitement du cancer des enfants du St. Jude Children’s Research Hospital.
Enfin, si vous souhaitez suivre cette aventure de plus près, sachez qu’un docu-série dédié à la mission, réalisée par Jason Hehir, est disponible sur Netflix. Deux épisodes de « Compte à rebours : quatre touristes dans l’espace », sont d’ores et déjà disponibles sur la plateforme ; deux autres seront mis en ligne lundi 13 septembre, tandis que le dernier épisode sera disponible à l’issue de la mission.