Une nouvelle île s’agrandit dans le Pacifique suite à une éruption volcanique

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Image de l’éruption prise par le satellite Himawari-8 le 15 janvier 2022. | NTIC
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Le volcan sous-marin Hunga Tonga, localisé à proximité des îles Tonga dans le Pacifique Sud, est entré à nouveau en éruption ce 15 janvier. L’événement a provoqué un tsunami, qui a causé d’importants dégâts sur le littoral nord de Nuku’alofa, la capitale de l’archipel située à environ 65 kilomètres ; aucune victime n’a cependant été signalée, selon la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern. C’est la troisième fois que ce volcan entre en phase éruptive et ces explosions successives, rejetant de grandes quantités de roches et de cendres volcaniques, ont fini par créer une nouvelle île dans le Pacifique.

Le volcan sous-marin Hunga Tonga a émergé de l’océan lors de sa première éruption, en 2009 : une pseudo-île est formée par le cratère principal, désormais apparent. Puis, une seconde éruption survenue en 2015 a entraîné une accumulation de matériaux volcaniques, qui ont finalement élargi cette nouvelle masse continentale : l’île, baptisée Hunga Tonga-Hunga Ha’apai, atteint à l’époque une superficie de 2 km² et son point le plus haut culmine à 150 mètres. Les experts pensaient alors que sa durée de vie était limitée à quelques mois, de par le phénomène d’érosion causé par les vagues.

À la mi-2018, alors que l’île avait un peu plus de 3 ans et demi, la NASA organise une expédition pour l’étudier d’un peu plus près. Les plages de l’île étaient constituées de gravier noir et d’une boue argileuse, dont la présence a laissé l’équipe perplexe, relate Dan Slayback, chercheur au Goddard Space Flight Center, qui a participé à l’expédition. Mais surtout, l’équipe a pu constater que la végétation et plusieurs espèces d’oiseaux s’étaient déjà approprié les lieux. Pour les scientifiques, ces cas rares d’émergence de terres sont une occasion unique d’étudier un paysage en évolution rapide, à la fois in situ et depuis l’espace.

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Une alerte au tsunami sur toute la côte pacifique

Une nouvelle série d’éruptions, initiée le 20 décembre dernier, a malheureusement secoué cette jeune île ces derniers jours. Et le 15 janvier, l’éruption est d’une telle puissance que l’onde de choc a été ressentie jusqu’en Alaska, selon l’AFP. L’événement a provoqué des tsunamis dans plusieurs pays, tout le long de la côte Pacifique, de l’Alaska au Chili, en passant par la Californie et le Mexique, ainsi qu’au Japon.

Dave Snider, coordinateur pour le Centre national d’alerte aux tsunamis à Palmer, en Alaska, a déclaré au Washington Post qu’il était très inhabituel qu’une éruption volcanique affecte tout un bassin océanique. L’US Geological Survey a estimé que l’éruption a causé l’équivalent d’un tremblement de terre de magnitude 5,8. Des stations météorologiques françaises ont même enregistré de fortes variations de pression atmosphérique suite à l’éruption !

Aux Tonga, des vagues de 1,20 mètre ont déferlé sur la capitale. Le phénomène a causé énormément de dégâts, mais les habitants s’étant réfugiés en hauteur, aucune victime n’est à déplorer pour le moment — ce premier bilan est néanmoins incertain sachant que l’éruption a rendu les communications très difficiles, en particulier avec les petites îles. Selon les dirigeants du Southern Cross Cable Network, l’archipel pourrait être privé d’Internet pendant deux semaines, en raison de la coupure d’un câble sous-marin.

La capitale, Nuku’alofa, a été recouverte d’une épaisse couche de poussière volcanique, ce qui a contaminé toutes les réserves d’eau potable, a déclaré Jacinda Ardern. Une assistance par voie aérienne était jusqu’à présent impossible à cause de l’immense nuage de cendres qui s’est déployé au-dessus de la zone, à environ 19 kilomètres d’altitude ; une nouvelle tentative devrait être effectuée aujourd’hui même selon les autorités néo-zélandaises. Les secours devront toutefois redoubler de vigilance : les îles Tonga sont l’un des rares territoires à avoir été épargnés par la pandémie de COVID-19…

Une superficie quasiment doublée en quelques jours

Cette nouvelle éruption va bien entendu contribuer à étendre encore un peu plus l’île Hunga Tonga-Hunga Ha’apai. Les premières éruptions de décembre avaient déjà augmenté largement sa superficie : une comparaison des images satellites de l’île prises le 16 novembre, puis le 2 janvier dernier, révèlent que sa surface s’est étendue de près de 45% !


Au cours du siècle dernier, seuls deux autres événements de ce type ont donné lieu à de nouvelles masses continentales durables : l’île de Surtsey en Islande, formée à la suite d’une éruption volcanique dans les années 1960 et l’île de Faial, dans les Açores, dont une partie provient de l’éruption du volcan des Capelinhos à la fin des années 1950.

Aux Tonga, plusieurs éruptions de volcans sous-marins ont déjà fait émerger des îles par le passé, explique Dan Slayback, mais celles-ci étaient généralement éphémères. La plus récente a d’ailleurs eu lieu en 2009, dans la même caldeira sous-marine que Hunga Tonga-Hunga Ha’apai, à seulement un ou deux kilomètres de l’île actuelle ; mais elle a été emportée par l’océan en l’espace de six mois environ. Si cette île se maintient malgré l’érosion, c’est peut-être grâce à un plus grand volume de matériaux éjectés — ce qui lui donne plus de temps pour se stabiliser avant que les vagues et l’érosion pluviale ne la dégradent, explique l’expert. Il se peut également qu’elle bénéficie aussi de la protection des îles environnantes, qui atténuent la force des vagues avant qu’elles ne l’atteignent.

Les vulcanologues ne savent pas encore si l’éruption est terminée ni comment vont évoluer la situation et l’île, qui demeurent sous étroite surveillance. En attendant, elle offre une nouvelle occasion d’observer un paysage en évolution rapide depuis l’espace. Afin de comprendre son passé et surtout, de prédire l’avenir de cette île, les scientifiques s’emploient désormais à mieux caractériser l’érosion qu’elle subit jour après jour.

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