Aujourd’hui encore, nous n’avons pas une idée précise de la véritable ampleur du « COVID long » et de ses impacts réels sur la santé des patients, sans parler de l’absence de traitement spécifique. Beaucoup d’études se consacrent donc à ce phénomène viral très particulier, dont l’une a récemment mis en évidence un fait alarmant : 29% seulement des patients hospitalisés pour COVID-19 au Royaume-Uni se remettent complètement de l’infection après un an, les femmes et les personnes souffrant d’obésité étant les plus affectées. D’après les auteurs de la nouvelle étude, cette révélation montre à quel point il est urgent de développer un traitement efficace contre le COVID long, sans quoi elle risquerait de devenir une maladie à long terme très répandue.
À rappeler que le covid long. ou « état post-covid », est la forme de la maladie dans laquelle les symptômes persistent jusqu’à plusieurs mois ou années, après l’infection initiale. Ces symptômes sont généralement des gênes respiratoires ou cardiaques, une fatigue anormale et persistante, des douleurs musculaires et articulaires ainsi que divers symptômes neurologiques.
Si l’on a à peu près une idée de la durée moyenne de cette persistance de symptômes, la nouvelle étude menée par l’Université de Leicester est la première à révéler un taux de récupération aussi bas un an après l’hospitalisation. Les patients en question signalent encore notamment de la fatigue, des douleurs musculaires, des essoufflements, des symptômes neurologiques ou un sommeil perturbé.
Les chercheurs anglais se sont basés sur les analyses médicales de plus 2000 personnes ayant contracté la COVID et admises dans l’un des 39 hôpitaux sélectionnés. Ensuite, des bilans de santé ont été effectués à cinq mois et à un an. Les résultats ont alors montré que seuls 25% des patients se sont complètement rétablis cinq mois après leur infection initiale et leur sortie de l’hôpital. Mais plus surprenant encore, ce taux de rétablissement n’a augmenté que de très peu après un an, pour passer à 29% seulement.
La maladie affecte donc les organes plus que l’on ne le croyait, et ce sur le long terme, car « c’est un taux de récupération très limité en termes d’amélioration de la santé mentale, de la déficience des organes et de la qualité de vie », explique à The Guardian Rachael Evans, auteure principale de l’étude, professeure agrégée et consultante honoraire en pneumologie à l’Université de Leicester.
De plus, sur le total de 750 000 Anglais hospitalisés pour COVID ces deux dernières années, beaucoup signalent encore présenter des symptômes un an après. D’après Evans, dont l’étude a été présentée ce dimanche au 32e Congrès international de la microbiologie clinique et des maladies infectieuses, « il ressort clairement de nos recherches que l’héritage de cette maladie sera énorme ».
Par ailleurs, l’Office national des statistiques (ONS) en Angleterre a également révélé des chiffres selon lesquels plus de sept habitants sur 10 auraient aujourd’hui contracté la COVID-19 au moins une fois depuis le début de la pandémie. Toutefois, ce chiffre reflète probablement peu la réalité, car la dernière vague d’infection au variant Omicron au Royaume-Uni a atteint son pic le plus élevé après le mois de février de cette année. D’après le rapport de The Guardian, les recensements de l’ONS se seraient arrêtés au moment où le nombre d’infectés augmentait rapidement.
Facteurs de risque
D’après les résultats des recherches de l’équipe du Leicester, les hommes sont plus susceptibles d’être hospitalisés en contractant le virus. Cependant, ils ont plus de chances de guérison que les femmes et présenteraient moins de symptômes à long terme. Les femmes présentent ainsi des facteurs de risque majeurs de COVID long. Par ailleurs, les personnes souffrant d’obésité ainsi que celles ayant besoin d’assistance respiratoire (par ventilation mécanique) présentent aussi de faibles taux de récupération.
Les auteurs de l’étude soulignent également que ce faible taux de rétablissement pourrait être lié à l’absence de traitement spécifique. Pour le moment, l’on traite notamment souvent la maladie à l’aide d’antibiotiques à large spectre, d’anti-inflammatoires, d’anticorps monoclonaux et, rarement, des traitements antiviraux expérimentaux. Mais ces traitements restent peu efficaces et n’éradiquent pas complètement le virus. D’ailleurs, étant donné qu’ils ne ciblent pas spécifiquement le virus, ils pourraient contribuer à l’émergence de variants, qui pourraient muter pour devenir plus résistants. Ce phénomène a déjà été observé chez les bactéries Gram négatives antibiorésistantes.
« Aucune thérapeutique spécifique n’existe pour le moment pour la Covid, et nos données soulignent que des interventions efficaces sont nécessaires de toute urgence », explique Louise Wain, professeure de recherche en maladies respiratoires à l’Université de Leicester et co-auteure de la nouvelle étude. D’après l’experte, les patients signalant des déficits après être sortis de l’hôpital présentaient également des inflammations persistantes. Ce qui signifie que ces personnes pourraient répondre positivement aux stratégies thérapeutiques à base d’anti-inflammatoires.