Les « espaces bleus » (à proximité d’eau) seraient plus bénéfiques à la santé mentale que les espaces verts

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Il est connu qu’un contact régulier avec des espaces verts a des effets bénéfiques sur la santé. Ces espaces naturels peuvent contribuer à diminuer la pollution atmosphérique, limitent les températures extrêmes et sont propices à la pratique d’une activité physique. Ils sont également associés à une meilleure santé mentale. Mais de plus en plus d’études suggèrent que les « espaces bleus », qui désignent les zones au bord de l’eau, seraient encore plus bénéfiques.

Les personnes qui résident en zones vertes ont une santé mentale significativement meilleure que les autres. C’est la conclusion d’une étude menée en 2013 sur plus de 1000 personnes au Royaume-Uni, suivies sur une période de cinq ans, au cours de laquelle elles ont déménagé dans une zone résidentielle différente. Plusieurs études épidémiologiques ont par ailleurs montré que les espaces verts urbains sont associés à une meilleure santé mentale, à une réduction de la dépression, à un meilleur sommeil, ainsi qu’à une baisse des taux de morbidité et de mortalité cardiovasculaires, d’obésité et de diabète.

Au-delà du bien-être et du bonheur procurés par le contact avec la nature, il est prouvé que ces espaces ont également un impact positif sur les capacités cognitives, telles que l’attention, la créativité ou la mémoire. De ce fait, les autorités de santé publique poussent de plus en plus les politiques à augmenter le nombre d’espaces verts dans les villes. Quid des espaces bleus, soit les bords de mer, de lac, ou autres points d’eau ? Personne ne s’était vraiment intéressé à la question, jusqu’à ce que deux chercheurs britanniques communiquent les résultats d’une large enquête nationale sur le bonheur et le bien-être.

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Un niveau de bonheur et de bien-être nettement supérieur

Cette étude, impliquant plus de 20 000 personnes, a révélé que les participants se sentaient nettement plus heureux lorsqu’ils étaient au contact de la nature, quel qu’en soit le type et peu importe le jour de la semaine ou les conditions météorologiques. Mais surtout, cette enquête a mis en évidence le fait que les zones marines et côtières étaient les meilleures sources de bonheur.

« Les zones marines et côtières sont, de loin, les endroits les plus bénéfiques, avec des niveaux de bien-être supérieurs de 6 points environ aux environnements urbains sur une échelle de 0 à 100 », écrivent les auteurs de l’étude. Cette différence est similaire à celle ressentie entre le fait de visiter une exposition et faire le ménage, précisent-ils. Tous les autres types d’environnement vert ou naturel (montagnes, landes et bruyères, eau douce, zones humides et plaines inondables, forêts, prairies et terres agricoles) se situaient entre 2,7 et 1,8 point de plus que les environnements urbains.

Ces résultats sont cohérents avec ceux obtenus via le projet BlueHealth, une étude sur l’utilisation récréative des espaces bleus et leur relation avec la santé humaine, menée dans 18 pays. Cette enquête comprenait des questions sur la fréquence à laquelle les gens visitent différents environnements naturels, y compris une gamme d’espaces bleus et verts. « Nos analyses de données à grande échelle ont révélé que les personnes vivant à proximité de la côte sont en meilleure santé générale et mentale et pratiquent davantage d’activités physiques », a conclu l’équipe du projet. Les chercheurs soulignent que ces avantages étaient encore plus marqués pour les personnes à faibles revenus ou vivant dans des zones plus défavorisées.

Un environnement propice à mettre son esprit sur pause

Pourquoi la nature, et l’eau en particulier, nous apporte-t-elle tant de bien-être ? Serait-ce un pur instinct primal, un désir inconscient de retour aux sources ? En 1960, le biologiste Alister Hardy a en effet soutenu que nos ancêtres humains sont directement passés de la forêt au rivage, s’adaptant à un habitat aquatique. Une théorie qui pourrait notamment expliquer notre bonne capacité à nager ou nos corps dépourvus de poils (par rapport aux grands singes) ; cette hypothèse est toutefois très controversée.

Des psychologues penchent plutôt pour une théorie, appelée « restauration de l’attention » : alors que nous sommes chaque jour sollicités de toute part, focaliser notre attention sur les stimuli de la nature permettrait d’accorder une pause bienfaitrice à notre esprit. Dans cet état, ce sont les informations sensorielles qui influencent nos pensées, ce que les spécialistes appellent un « contrôle ascendant » — un processus beaucoup moins fatigant que le contrôle descendant, lors duquel nos pensées régulent nos actions.

À ce titre, les espaces bleus s’avèrent beaucoup plus reposants que les espaces verts, car ils génèrent des stimuli que l’on ne trouve pas dans les parcs ou les forêts : les marées, le mouvement et le bruit régulier des vagues, les couchers de soleil sur l’eau,… des phénomènes particulièrement apaisants, presque hypnotisants. Focalisée sur ces détails, notre attention est détournée pendant un temps des pensées négatives.

Des études montrent par ailleurs que les espaces bleus induisent certains comportements qui n’ont pas ou ne peuvent pas avoir lieu dans les espaces verts : jouer dans le sable, nager, pagayer, etc. Les expériences sociales liées à ces activités, en famille ou entre amis, sont particulièrement bénéfiques pour l’humeur. Une étude récente a souligné, quant à elle, que ce n’est pas tant le temps passé au bord de l’eau (ou en forêt) qui améliore la santé mentale, mais « la connexion psychologique au monde naturel » — soit le sentiment de faire partie de la nature ou de voir la beauté dans les choses naturelles. Le simple fait de regarder des images ou un documentaire sur la nature pourrait procurer cette sensation, dans une certaine mesure.

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