Aujourd’hui, le monde des jeux vidéo a tellement évolué qu’il a conquis plus « d’adeptes » que jamais. Il touche notamment de très larges cibles et peut s’adapter à un nombre incalculable de types de jeux. Ces possibilités ont alors conduit à de véritables phénomènes addictifs, allant parfois jusqu’à impacter la santé, et suscitant la crainte chez les parents. Cependant, peu de recherches ont été effectuées sur les effets positifs que les jeux vidéo pourraient avoir sur la santé. L’une d’entre elles a récemment mis en évidence que les jeux vidéo peuvent améliorer la capacité à prendre rapidement et précisément les bonnes décisions. Dans des essais effectués dans le cadre de l’étude, les joueurs réguliers (plus de cinq heures par semaine) ont montré des capacités de prise de décision sensorimotrice supérieures et une activité accrue dans les régions cérébrales concernées, par rapport aux « non-joueurs » (moins d’une heure par semaine). Ces résultats ouvrent de nouvelles perspectives, dont la possibilité d’utilisation de certains jeux vidéo dans les systèmes d’éducation et de formation.
Pratiquées ou consommées à l’excès, beaucoup de choses peuvent devenir néfastes pour la santé. Les jeux vidéo sont pratiqués régulièrement par des centaines de millions de personnes dans le monde, dont une grande majorité de jeunes. Et s’ils sont souvent pratiqués en excès, c’est probablement par manque de supervision par les parents.
Ces abus peuvent alors engendrer des troubles du comportement (en partie liés à l’isolement social dû aux nombreuses heures de jeu) et des problèmes de santé dans les pires cas (troubles du sommeil, dégénérescence rétinienne).
En analysant plus profondément le cerveau de joueurs réguliers, des études antérieures incriminent particulièrement les jeux de guerre, qui seraient responsables de l’atrophie de certaines régions comme l’hippocampe (responsable de la mémoire et de la coordination spatiale). Dans cette étude, les chercheurs auraient détecté des diminutions de la matière grise chez les « grands joueurs ».
Lorsque l’on joue à un jeu de guerre en effet, l’on aurait tendance à solliciter davantage le striatum, pour acquérir les bons réflexes. Cependant, comme l’hippocampe est moins utilisé et moins stimulé, il peut finir par s’atrophier au fil du temps. D’après les chercheurs, ces résultats montrent qu’à long terme, les jeux vidéo pourraient engendrer de maladies mentales graves ou modérées telles que la schizophrénie ou la dépression.
Toutefois, d’autres études ont également montré que les jeux vidéos seraient bénéfiques pour les systèmes cognitifs liés à l’attention visuelle et à la mémoire à court terme. La nouvelle étude, dirigée par l’Université d’État de la Géorgie, a utilisé l’IRM fonctionnelle pour observer les effets des jeux vidéos sur l’activité cérébrale lors des prises de décisions.
Comme la pratique des jeux vidéo exige une rapidité d’analyse des informations sensorielles entrantes et la prise répétée de décisions précises et rapides, il est intéressant de pouvoir observer en direct l’activité cérébrale à ces moments précis.
« Les jeux vidéo sont pratiqués par l’écrasante majorité de nos jeunes plus de trois heures par semaine, mais les effets bénéfiques sur les capacités de prise de décision et le cerveau ne sont pas exactement connus », indique Mukesh Dhamala, auteur principal de l’étude et professeur agrégé à l’Institut de neurosciences de l’Université de Géorgie.
Rapidité et précision
Dans le cadre de l’étude, publiée dans la revue Science Direct, les chercheurs ont analysé les IRM fonctionnelles de 47 volontaires universitaires. 28 d’entre eux étaient classés comme joueurs réguliers, tandis que 19 autres étaient plutôt non-joueurs.
Les sujets ont été placés sous IRM en regardant en même temps un miroir où ils pouvaient voir un signal suivi d’un affichage de points qui se déplaçaient. Ils devaient ensuite appuyer sur un bouton placé dans chaque main pour indiquer les mêmes mouvements rapides et les directions des points lumineux. Ils devaient également « résister » à vouloir appuyer sur les boutons lorsque les points restaient immobiles.
Les résultats ont révélé que les joueurs réguliers étaient plus précis pour actionner les boutons. De plus, l’imagerie cérébrale a révélé que les différences étaient liées à une activité accrue dans certaines zones du cerveau, ce qui indique une amélioration de plusieurs sous-processus sensoriels et de mise en correspondance avec l’action pour améliorer les compétences de prise de décision, stimulée par les jeux vidéo.
Par ailleurs, la rapidité des prises de décision chez les joueurs réguliers n’entravait nullement leur précision. D’après les auteurs, certains jeux peuvent ainsi servir d’entraînement cognitif à la prise de décision. Cependant, il faut garder à l’esprit que ces découvertes n’excluent pas les effets négatifs des jeux vidéo sur le cerveau. Davantage d’études sont donc nécessaires afin de pouvoir réellement peser le pour et le contre et éventuellement déterminer des seuils à partir desquels les effets néfastes l’emportent sur les effets bénéfiques.