Le volcan Home Reef des Tonga est à nouveau entré en éruption le 10 septembre, avec une activité intense jusqu’au 20 septembre, envoyant des panaches de vapeur à 1 km dans l’atmosphère. À cette occasion, une île sous-marine volcanique a réapparu à 10 mètres au-dessus du niveau de la mer selon les Tonga Geological Services. Reste à savoir combien de temps cette petite île restera visible, avant de replonger sous les eaux.
Les opportunités d’observer directement le volcanisme sous-marin explosif et ses conséquences sur son environnement immédiat sont rares. Home Reef est un volcan sous-marin actif au niveau de la fosse Tonga, s’étendant entre la Nouvelle-Zélande et les Tonga. Sa dernière éruption de 2006 a émis dans les eaux des Tonga de grandes quantités de pierre ponce flottante, qui se sont échouées sur les Fidji à environ 350 km à l’ouest de la nouvelle île et l’Australie.
Ce volcan est dominé par une île éphémère qui a été formée et érodée à plusieurs reprises par des éruptions successives en 1852, 1857, 1984, 2006 et maintenant 2022. L’éruption en 1984 a produit un panache d’éruption de 12 km de haut, de grandes quantités de pierre ponce flottante et une île éphémère de 500 x 1500 m de large, avec des falaises de 30 à 50 m de haut qui renfermaient un cratère rempli d’eau. Actuellement, les observations de la NASA ont permis de suivre son évolution depuis le 10 septembre 2022 et de prévenir les navires côtoyant ses eaux.
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Une île parmi tant d’autres
Dans les jours qui ont suivi son réveil, le mont sous-marin Home Reef dans les îles centrales des Tonga a émis à plusieurs reprises de la lave, éjecté des panaches de vapeur et de cendres et décoloré l’eau environnante. Onze heures après le début de l’éruption, une nouvelle île s’est élevée au-dessus de la surface de l’eau.
Concrètement, c’est grâce à l’Operational Land Imager-2 (OLI-2) sur Landsat 9 qu’il est possible d’observer et d’analyser en temps réel cet événement. Effectivement, Landsat 9 a été lancé avec succès le lundi 27 septembre 2021 depuis la Vandenberg Space Force Base en Californie. Les données Landsat 9 sont accessibles au public auprès de l’USGS, poursuivant le rôle essentiel du programme Landsat. Partenariat entre la NASA et l’US Geological Survey, Landsat est le seul système satellitaire américain conçu et exploité pour observer de manière répétée la surface terrestre mondiale à une échelle modérée qui montre à la fois les changements naturels et induits par l’homme.
C’est ainsi que Landcast 9 a capturé une vue aux couleurs naturelles de la jeune île le 14 septembre 2022, alors que des panaches d’eau décolorée circulaient à proximité. Des recherches antérieures suggèrent que ces panaches d’eau de mer acide surchauffée contiennent des particules, des fragments de roche volcanique et du soufre.
Selon un communiqué de l’Earth Observatory de la NASA, le 14 septembre, des chercheurs des Tonga Geological Services ont estimé la superficie de l’île à 4000 mètres carrés et l’altitude à 10 mètres au-dessus du niveau de la mer. Le 20 septembre, l’île s’était développée pour couvrir 24 000 mètres carrés. La nouvelle île est située au sud-ouest de Late Island, au nord-est de Hunga Tonga-Hunga Ha’apai et au nord-ouest de Mo’unga’one.
Home Reef se trouve dans la zone de subduction Tonga-Kermadec, une zone où trois plaques tectoniques entrent en collision, dans l’une des zones de subduction les plus rapides sur Terre, avec un taux allant jusqu’à 24 cm/an. La plaque du Pacifique s’enfonce ici sous deux autres petites plaques, produisant l’une des tranchées les plus profondes connues à ce jour, à environ 10 800 m et la plus longue chaîne de volcans submergés, dont les arcs volcaniques les plus actifs.
Comme mentionné précédemment, Home Reef a connu quatre périodes d’éruptions enregistrées, y compris des événements en 1852 et 1857. De petites îles se sont formées temporairement et les éruptions en 1984 et 2006 ont produit des îles éphémères avec des falaises de 50 à 70 mètres de haut.
Les îles créées par les volcans sous-marins sont souvent de courte durée, car l’érosion causée par les vagues et les courants, comme pour tous les littoraux, dégradent inéluctablement la roche volcanique. Une île créée par une éruption de 12 jours du volcan voisin Late’iki en 2020 a été emportée en deux mois, tandis qu’une île antérieure créée en 1995 par le même volcan est restée pendant 25 ans. Ces temps sont néanmoins très relatifs en termes géologiques.
Malgré cette existence éphémère, le Service géologique des Tonga, dans une mise à jour publiée le 20 septembre rapportée par la NASA, déclare : « Le volcan présente de faibles risques pour la communauté aéronautique et les habitants de Vava’u et Ha’apai. Tous les navigateurs sont toutefois invités à naviguer au-delà de 4 kilomètres de Home Reef jusqu’à nouvel ordre ». Le service a noté que la plupart des cendres devraient tomber à quelques kilomètres de l’évent, mais des radeaux de pierres ponce se forment.
Un radeau de pierres ponce bénéfique pour la biodiversité
Il faut savoir que la pierre ponce est une roche volcanique constituée de verre volcanique à texture rugueuse hautement vésiculaire, généralement de couleur claire, qui peut ou non contenir des cristaux. Elle est créée lorsque de la roche surchauffée et hautement pressurisée est violemment éjectée d’un volcan. La configuration « mousseuse » de la pierre ponce se produit en raison d’un refroidissement rapide simultané et d’une dépressurisation rapide.
Étonnamment, elle présente de nombreux avantages pour la biodiversité et les sols. En effet, la pierre ponce augmente la rétention d’eau dans les sols sablonneux et réduit la densité des sols argileux pour permettre plus de transport de gaz et d’eau. L’ajout de pierre ponce au sol améliore et augmente la couverture végétale, car les racines des plantes rendent les pentes plus stables, ce qui aide à réduire l’érosion.
De plus, les caractéristiques de la pierre et son environnement d’origine font qu’elle transporte souvent de petits organismes. Ce nouvel écosystème permettra la régénération de la faune et de la flore présente le long des littoraux qu’il atteindra, comme les coraux de la Grande Barrière de Corail.
Néanmoins, cette grande quantité de pierre ponce émise et flottante peut entrainer de grands risques pour les paquebots et navires au large de cette île éphémère.