Cette dernière décennie a vu une véritable vague de conversion au végétalisme, de nombreuses études ayant notamment avancé qu’une alimentation végétalienne réduirait les impacts de l’alimentation humaine sur l’environnement. Une nouvelle étude de synthèse, parue dans la revue Nutrients, suggère qu’en plus d’être plus respectueuses de l’environnement, les protéines végétales sont associées à de meilleurs résultats de santé globale. Paradoxalement, des études antérieures ont plutôt tendance à suggérer qu’une alimentation exclusivement végétalienne n’est ni bénéfique pour la santé ni sans impact sur l’environnement.
Comme l’Homme a obligatoirement besoin de protéines dans son régime alimentaire, les végétaliens se tournent vers les protéines d’origine végétale. Les protéines sont essentielles dans la régulation de nombreuses voies métaboliques, du système immunitaire, de la structuration tissulaire, etc.
La nouvelle étude, menée par une équipe de l’Université de Padoue (Italie), est une synthèse de plusieurs années de recherches, comparant les sources de protéines animales et végétales par rapport à leurs impacts sur l’environnement et sur la santé humaine. Les chercheurs ont conclu que « la consommation de sources de protéines végétales est associée à de meilleurs résultats pour la santé dans l’ensemble (à savoir notamment sur le système cardiovasculaire) que l’utilisation de produits d’origine animale ».
Pour leur synthèse, les chercheurs se sont basés sur des bases de données populaires telles que PubMed, Google Scholar, WebScience, Cochrane Library et Scopus. Les publications les plus récentes orientées sur les mots-clés « protéines végétales », « sources de protéines végétales », « protéines végétales », « sources de protéines végétales », « protéines animales » et « sources de protéines animales » ont été prises en compte.
Pour l’analyse qualitative des protéines, les chercheurs se sont inspirés de diverses études étudiant les effets sur la santé des régimes alimentaires végétaliens et méditerranéens. Les résultats montrent que les effets positifs sur la santé de ces régimes vont de pair avec les impacts positifs sur l’environnement. Cependant, certaines recherches ont tendance à remettre en question ces effets positifs, autant sur la santé que sur l’environnement.
Les inconvénients d’un régime exclusivement végétalien
Malgré les avantages prônés par l’alimentation végétalienne, elle peut tout de même comporter des risques pour la santé, notamment de nombreuses carences en oligo-éléments, censés être fournis par des sources de protéines animales comme le poisson, les œufs et le lait. Pour compenser, les personnes adoptant un régime végétalien doivent généralement prendre des compléments alimentaires, au risque de subir des anémies chroniques ainsi qu’une grande faiblesse physique et mentale. Être végétalien tout en visant une alimentation saine et équilibrée nécessite ainsi une grande connaissance nutritionnelle, impliquant des investissements importants en termes de temps et d’argent (les produits végétaliens étant souvent plus chers que la moyenne).
Les végétaliens doivent en effet compenser l’apport en vitamine B12, en fer, en calcium, en zinc, en acide gras oméga 3, etc., qui ne sont essentiellement contenus que dans des aliments d’origine animale. L’on ne peut pas se passer de ces nutriments. La carence en vitamine B12 est par exemple associée à des dommages neurologiques irréversibles. Il existe également un risque de carence en zinc et en calcium en adoptant un régime végétalien, car les phytates contenus dans les céréales complètes par exemple, réduisent leur absorption dans l’intestin.
L’apport en protéines doit également être constamment surveillé, car les sources végétales n’apportent généralement pas la même qualité et quantité de protéines que celles animales. Le risque de carence est d’autant plus élevé que l’Homme a évolué en tant qu’animal omnivore, ayant adapté de ce fait son régime alimentaire au cours de milliers d’années d’évolution. De plus, des études ont démontré antérieurement que les compléments alimentaires ne pourront jamais remplacer les nutriments et oligoéléments apportés par une alimentation saine et variée, à la fois d’origine animale et végétale.
Ces risques de carence sont d’ailleurs plus importants chez les femmes enceintes, allaitantes, ainsi que chez les enfants en croissance. Ces périodes de la vie nécessitent notamment des besoins nutritionnels aussi spécifiques qu’élevés, et les carences liées à un régime végétalien mal conçu peuvent avoir de graves conséquences. 65% des femmes végétaliennes enceintes ont par exemple une carence en vitamine B12, qui peut impacter le développement du fœtus. Chez l’enfant, un mauvais régime végétalien peut provoquer un retard de croissance, une faible densité osseuse, des déficiences immunitaires, etc.
Les impacts du végétalisme sur l’environnement
Bien que des statistiques aient révélé que les produits alimentaires d’origine végétale ont une empreinte carbone bien moins grande que ceux d’origine animale, un régime exclusivement végétalien et généralisé à grande échelle comporterait tout de même des risques pour l’environnement. « Un modèle alimentaire végétalien généralisé nous mènerait à une impasse d’un point de vue environnemental », estime Thomas Nesme, professeur d’agronomie à Bordeaux Sciences Agro.
La suppression de l’élevage (si tout le monde se convertissait au végétalisme) pourrait par exemple avoir des conséquences imprévisibles, notamment sur les prairies que les animaux d’élevage entretiennent. À savoir qu’au même titre que les forêts, les prairies jouent également un rôle majeur dans la séquestration de carbone et leur importance écosystémique dans la conservation de la biodiversité et la régulation des flux d’eau n’est pas négligeable. Concernant l’agriculture biologique, les animaux d’élevage sont également essentiels pour la fertilisation.
Sans compter que les sources de protéines utilisées dans les régimes végétaliens, comme le soja, font polémique en matière d’impact environnemental. Les cultures du soja, du cacao ou de l’huile de palme ont notamment conduit à des déforestations massives. Or, un végétalisme généralisé impliquerait une importation massive de ces produits.