Pour plusieurs raisons, de plus en plus de personnes limitent, voire éliminent les produits d’origine animale de leur alimentation. Un régime composé exclusivement de végétaux est notamment associé à un mode de vie plus sain et à un moindre risque de développer certaines maladies chroniques. Même les athlètes sont de plus en plus nombreux à opter pour un régime végétalien. Quel impact cela a-t-il sur leurs performances sportives, en particulier sur l’entraînement en force ? Une nouvelle étude fait le point sur la question.
Ces dernières années, le nombre de végétaliens a augmenté dans plusieurs pays. Ce choix est motivé par des raisons écologiques et/ou morales, mais aussi par les effets bénéfiques d’une alimentation végétalienne sur la santé. Des études ont montré en effet qu’un régime végétalien avait une influence positive sur le profil de risque cardio-métabolique et réduisait le taux de cholestérol total dans le sang. Plusieurs travaux ont également mis en évidence ses effets anti-inflammatoires.
Parallèlement, ce type d’alimentation est souvent associé à un apport insuffisant de certains nutriments ; il est notamment réputé pour apporter moins de calories (donc moins d’énergie) et moins de protéines qu’une alimentation de type omnivore. « Il est connu qu’une alimentation végétale, riche en légumineuses et céréales complètes, peut influencer la biodisponibilité du fer et du zinc », soulignent les chercheurs. Quelques études ont été menées afin d’évaluer l’impact de ces « carences » sur les sportifs végétaliens : moyennant une supplémentation en vitamine B12 et un apport suffisant en fer, ce régime n’a entraîné aucune baisse notable de performances chez les athlètes d’endurance. En revanche, les données manquent concernant les adeptes de l’entraînement en force.
Un suivi de seize semaines, dont huit semaines de régime végétalien
Un groupe de chercheurs — de l’Université allemande du sport de Cologne et du Département fitness et santé de l’IST Hochschule of Applied Sciences de Düsseldorf — s’est donc intéressé à l’impact d’un changement de régime alimentaire, d’un régime omnivore vers un régime végétalien, sur les performances d’individus adeptes du travail de force — qui consiste à développer sa musculature à l’aide de poids, d’haltères ou autres machines dédiées.
Pour cette étude, un total de 15 personnes omnivores (dont 10 femmes), âgées de 18 à 35 ans, ont été recrutées. Toutes en bonne santé, elles avaient au moins six mois de pratique de la musculation, à raison d’un entraînement au moins deux fois par semaine. Une autre condition au recrutement était que la presse à cuisses (leg press) et le développé couché (bench press) fassent partie intégrante de la routine d’entraînement.
L’expérience a duré 16 semaines, au cours desquelles les participants ont consigné leurs apports alimentaires dans un journal. Au cours des huit premières semaines, ils ont maintenu leur régime omnivore ; les huit semaines suivantes, ils sont passés à un régime végétalien. « Toutes les viandes et tous les produits laitiers, ainsi que tout autre produit d’origine animale comme les œufs ou le miel, ont été interdits pendant toute la période », précise l’équipe.
Des tests de résistance (via leg press et bench press) ont été réalisés avant le début de l’expérience, puis toutes les quatre semaines ; une pesée et une mesure de l’IMC étaient effectuées simultanément.
Au total, 10 des 15 participants ont terminé les 16 semaines de l’expérience selon les conditions imposées : deux participants ont dû quitter l’étude dans la phase omnivore pour raison de santé (blessure ou maladie), deux autres ont abandonné en raison de changements familiaux et professionnels ; un seul abandon a été motivé par une forte baisse de performance ressentie par le participant pendant la phase végétalienne.
Aucune différence significative dans les performances de force
Les chercheurs ne rapportent « aucune différence significative » dans les performances de force absolue et relative, que ce soit pour le leg press ou le bench press, après le passage à un régime végétalien. Les données anthropométriques montrent par ailleurs que le changement de régime alimentaire semble avoir une influence négligeable sur le poids corporel et l’IMC des individus.
En outre, aucun changement significatif de la consommation totale de kilocalories auto-rapportée n’a été observé sur l’ensemble de la période. Une « différence significative avec un faible effet » a toutefois été notée entre les deux types d’alimentation. Même constat concernant l’apport en glucides : le changement d’alimentation n’a entraîné aucune différence sur la durée totale, mais uniquement une légère différence au cours de la phase végétalienne.
Cependant, pour l’apport en protéines, les chercheurs ont observé une différence « modérée » à la fois sur la durée de l’expérience et au cours de la seconde phase. En outre, l’apport relatif en protéines a diminué de manière significative et était inférieur aux recommandations actuelles pour les athlètes.
« Sur la base des résultats, il semble qu’un changement de régime alimentaire n’influence pas la capacité de force absolue dans le bas et le haut du corps si les besoins totaux en calories et la teneur en glucides sont couverts. Cependant, une nette différence dans l’apport protéique absolu et relatif a été détectée », concluent les auteurs de l’étude.