Precision Neuroscience : première application réussie de ses implants cérébraux chez des patients

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La startup Precision Neuroscience est en train de réaliser un pas de géant vers la réhabilitation neurologique, via l’interface cerveau-ordinateur qu’elle a récemment conçue. Dans le cadre d’une étude clinique pilote, des chirurgiens de l’université de Virginie ont inséré des implants cérébraux développés par l’enseigne chez quelques patients. C’est la toute première fois que la technologie de l’entreprise est appliquée à l’Homme.

Une interface cerveau-ordinateur (ou BCI pour « Brain-Computer Interface ») fonctionne en captant les signaux électriques du cerveau. Elle les décode dans le but de comprendre les intentions de l’utilisateur et les transmet à des appareils électroniques qui exécutent les actions correspondantes. Cela permet à la personne de contrôler des appareils ou des prothèses par ses simples pensées.

Bien que Neuralink soit largement considérée comme la référence dans l’industrie, ces dernières années ont vu émerger plusieurs concurrents, dont l’entreprise new-yorkaise Precision Neuroscience. La startup s’est fixé l’objectif d’aider les personnes paralysées à retrouver la capacité de se déplacer et de communiquer. Avant d’y parvenir, diverses procédures d’essai ainsi que des expériences menées sur des humains sont nécessaires. Precision a déjà entamé ses premiers pas lors d’une étude pilote en ayant appliqué sa technologie sur trois personnes, durant un quart d’heure.

Les implants de Precision Neuroscience ressemblent à de la cellophane et sont aussi petits que l’ongle du pouce. Ils ont été implémentés à la surface du cerveau des candidats et non à l’intérieur. Les dispositifs ont alors analysé, enregistré et cartographié l’activité électrique des lobes temporaux. Ce sont des zones importantes du cerveau, puisqu’elles jouent un rôle essentiel dans le traitement des informations sensorielles.

Deux des patients concernés ont subi une ablation de tumeur cérébrale localisée dans des régions responsables du langage. Pendant une partie de l’intervention, ils ont été éveillés, permettant aux médecins d’identifier les zones impliquées dans le langage. On pourrait comprendre que les chirurgiens ont donc interagi avec ces patients au cours de l’intervention, provoquant ainsi des activités cérébrales spécifiques. Cela a permis de cartographier en détail et en temps réel les régions concernées, et ainsi de suivre une procédure chirurgicale moins risquée.

Une procédure peu invasive

Faisant l’éloge de sa technologie, Precision Neuroscience qualifie son dispositif de « peu invasif ». Cette qualification sous-entend qu’il contourne les nombreux risques connus des implants cérébraux ordinaires. En effet, les autres implants sont généralement dotés de ce qu’on appelle une « matrice d’Utah », comportant généralement une centaine de petites aiguilles implantées dans le tissu cérébral. Une telle configuration risque de créer de l’inflammation et pourrait finir par réduire les performances du dispositif. De plus, la pose exige une craniotomie, une procédure qui consiste à créer littéralement un petit trou sur le crâne. Hémorragies et infections pourraient également en résulter.

Afin d’éviter ces effets secondaires, la startup propose ainsi un dispositif ultra-fin qui préserve l’intégrité du tissu cérébral sans le percer. À la place des aiguilles, un millier de minuscules électrodes. La pose de l’appareil sur le cortex (zone externe du cerveau) nécessite seulement une petite incision sur la peau et le crâne, impliquant bien moins de risques que la craniotomie.

Bien que la technologie de l’enseigne new-yorkaise semble plus sûre, certains experts restent sceptiques. Le professeur Peter Brunner, de l’université Washington de Saint-Louis, a notamment des doutes concernant la durabilité du produit en affirmant que les implants se dégradent avec le temps. Il évoque également les risques de déplacement du dispositif à l’intérieur du crâne.

Après la première expérience, les implants n’ont causé aucun effet secondaire chez les trois patients, mais rappelons qu’ils ont été posés seulement pendant quelques minutes. Reste donc à découvrir les éventuelles conséquences lorsqu’ils seront portés plus longtemps.

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