Des chercheurs ont démontré que les mouvements des plaques tectoniques, se produisant dans des cycles de 36 millions d’années, influencent les niveaux de la mer et, par conséquent, la biodiversité marine en créant des habitats diversifiés, favorisant l’émergence de nouvelles espèces. La Formation Winton du Crétacé en Australie illustre cet impact. Comprendre ces cycles nous révèle des indices sur l’évolution future de la biodiversité et pourrait éclairer les efforts de conservation.
La Terre présente des cycles géologiques qui façonnent son visage et la vie qu’elle abrite. Au cœur de ces cycles, les mouvements des plaques tectoniques jouent un rôle déterminant, influençant notamment les niveaux de la mer, avec des conséquences profondes sur la biodiversité.
Selon de nouvelles recherches, ces mouvements coïncident avec des explosions de vie dans des cycles de 36 millions d’années, en forçant les niveaux de la mer à monter et à descendre. Ces cycles géologiques remontent à au moins 250 millions d’années.
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Considérée comme une avancée importante dans notre compréhension de la biodiversité, cette corrélation offre une nouvelle perspective sur la manière dont la vie sur Terre a évolué et continuera d’évoluer. L’équipe de recherche, internationale et dirigée par le professeur Slah Boulila de l’Université de la Sorbonne à Paris, s’est basée sur les archives fossiles marines. Les résultats sont publiés dans la revue Earth, Atmospheric, And Planetary Sciences.
L’origine des cycles de 36 millions d’années : une découverte majeure
Les cycles de 36 millions d’années sont le résultat de modèles réguliers dans la façon dont les plaques tectoniques « sont recyclées dans le manteau convectif, la partie mobile profonde de la Terre, similaire à une soupe épaisse et chaude dans une casserole, qui se déplace lentement », explique le co-auteur de l’étude, le professeur Müller, dans un communiqué.
Ces cycles marquent des alternances entre une propagation plus rapide et plus lente du plancher océanique, entraînant des changements cycliques de profondeur dans les bassins océaniques et dans le transfert tectonique de l’eau vers les profondeurs de la Terre.
Ces changements ont conduit à des fluctuations dans l’inondation et l’assèchement des continents. Il y a des périodes où les continents sont largement inondés, créant de vastes mers peu profondes. Ces mers peu profondes sont des berceaux de biodiversité, en théorie. En effet, elles offrent des conditions idéales pour la vie : des eaux chaudes, une abondance de rayonnement solaire et une riche variété de nutriments apportés par les rivières et les courants océaniques.
Ces conditions ont permis à une multitude d’espèces de prospérer, des plantes aquatiques aux poissons, en passant par les invertébrés comme les mollusques et les crustacés. À l’inverse, lors des périodes d’assèchement, ces habitats disparaissent, ce qui peut entraîner une diminution de la biodiversité. Mais il restait à le démontrer.
Les preuves de ces cycles dans les archives fossiles marines
L’équipe de recherche a basé ses conclusions sur la découverte de cycles étonnamment similaires dans les variations du niveau de la mer, les mécanismes intérieurs de la Terre et les archives fossiles marines. Les archives fossiles marines sont comme un livre d’histoire de la vie sur Terre, enregistrant les espèces qui ont vécu et disparu au fil des millions d’années.
En examinant ces archives, les scientifiques ont découvert des preuves de ces cycles de 36 millions d’années. Ils ont observé des périodes de diversification rapide des espèces marines qui coïncident avec les périodes d’inondation des continents. De même, ils ont observé des périodes de diminution de la diversité des espèces qui coïncident avec les périodes d’assèchement.
Ces observations ont conduit les scientifiques à conclure que les cycles tectoniques et les changements du niveau de la mer mondial, entraînés par la dynamique de la Terre, ont joué un rôle indirect mais crucial dans la formation de la biodiversité de la vie marine au fil du temps.
La Formation Winton du Crétacé : un témoignage vivant des cycles géologiques
La Formation Winton du Crétacé au Queensland, en Australie, est un exemple frappant de l’impact des cycles géologiques de 36 millions d’années sur la biodiversité. Cette formation géologique, célèbre pour sa riche collection de fossiles de dinosaures et d’opales précieuses, offre une fenêtre unique sur une époque révolue où une grande partie du continent australien était submergée par la mer.
Cette transformation a créé de nouveaux habitats, favorisant l’émergence de nouvelles espèces et la diversification de la vie. Les fossiles trouvés dans la Formation Winton du Crétacé témoignent de cette explosion biologique. Ils incluent une variété de dinosaures, des plantes et d’autres formes de vie qui ont prospéré dans ces mers peu profondes.
Une perspective à long terme
Il est important de noter que les cycles tectoniques à long terme, les cycles du niveau de la mer et les cycles de biodiversité, ne sont pas liés au changement climatique induit par l’homme et n’altèrent pas les projections climatiques à court terme. Cependant, la compréhension de ces cycles géologiques de 36 millions d’années offre une perspective précieuse sur la manière dont la dynamique de la Terre a façonné et continue de façonner la biodiversité sur notre planète.
Ces découvertes ont des implications profondes pour notre compréhension de la biodiversité sur Terre. En comprenant les mécanismes derrière ces cycles de 36 millions d’années, nous pouvons mieux prédire et comprendre comment la biodiversité pourrait évoluer à l’avenir. De plus, ces recherches peuvent aider à informer les efforts de conservation en identifiant les périodes où la biodiversité est susceptible d’augmenter ou de diminuer.
VIDÉO : Évolution de la géographie de la Terre sur 250 millions d’années, montrant l’interaction entre la tectonique des plaques et les variations du niveau de la mer. © projet Paleomap et Michael Chin