Jason T. Wright propose une méthode de détection basée sur les indications d’activité des hypothétiques sphères de Dyson, des mégastructures hypothétiques créées par des civilisations extraterrestres avancées, plutôt que sur leur chaleur résiduelle. Les implications de cette recherche sont vastes, suggérant de nouvelles méthodologies pour détecter des civilisations extraterrestres avancées.
L’exploration de l’espace, en quête de signes de vie extraterrestre, a conduit les scientifiques à envisager l’existence de structures technologiques, telles que les sphères de Dyson, qui pourraient révéler la présence de civilisations extraterrestres avancées. Ces structures hypothétiques ont été conceptualisées par Freeman Dyson, en 1960. Il a introduit l’idée de mégastructures pouvant être construites par de telles civilisations autour d’étoiles afin d’en exploiter l’énergie.
Elles sont au cœur des recherches récentes de Jason T. Wright, professeur d’astronomie et d’astrophysique, qui propose une nouvelle approche pour leur détection, focalisée sur les indications d’activité plutôt que sur la chaleur résiduelle qu’elles émettent. Cette réflexion s’inscrit dans une démarche globale visant à élargir les méthodes d’investigation de la vie au-delà de notre planète. Son travail est disponible sur la plateforme de prépublication arXiv.
La proposition de Wright, une nouvelle perspective
Jason T. Wright, en suggérant de se concentrer sur les indications d’activité, espère révéler des structures en cours de construction ou d’utilisation, offrant ainsi une perspective plus dynamique sur la présence de telles technologies dans l’univers.
En appliquant la thermodynamique des radiations aux sphères de Dyson, Wright a pu examiner en détail les conséquences observationnelles de ces structures. Il a identifié quatre propriétés spécifiques des sphères de Dyson qui rendent les analyses typiques particulièrement complexes. Ces propriétés concernent la manière dont ces structures utilisent et émettent de l’énergie, ainsi que la façon dont elles interagissent avec les radiations environnantes.
Wright a également exploré différents types d’activités que pourraient entreprendre ces mégastructures, notamment la computation à la limite de Landauer, diverses activités dissipatives, et le travail dit « traditionnel », tel que l’émission radio. La limite de Landauer est un principe de la physique de l’information qui stipule qu’il y a un coût énergétique minimal, sous forme de chaleur, pour effacer un bit d’information. Cette limite définit donc l’efficacité énergétique maximale pour les opérations de calcul impliquant l’effacement d’information.
Chacune de ces activités a des implications spécifiques sur la manière dont l’énergie est utilisée et dissipée par les sphères de Dyson, influençant ainsi leur détectabilité. En utilisant le formalisme de Landsberg, Wright a dérivé des limites d’efficacité pour ces activités, concluant que l’utilisation optimale de la masse pour construire des sphères de Dyson serait de créer des sphères très petites et très chaudes, explique-t-il dans un article de Universe Today.
Ces structures, en capturant la majorité de la lumière émise par l’étoile, permettraient une utilisation optimale de l’énergie tout en laissant échapper une partie de la lumière, ce qui pourrait faciliter leur détection. Cette conception optimisée maximiserait l’efficacité énergétique tout en tenant compte des implications observationnelles et des besoins potentiels de la civilisation constructrice.
Défis d’ingénierie et motivations
Jason T. Wright, dans son exploration des sphères de Dyson, a mis en lumière les nombreux défis pratiques associés à la construction de telles mégastructures. La création de structures capables d’enclore une étoile nécessiterait une compréhension de l’ingénierie et de la physique bien plus avancées que les nôtres, ainsi que des ressources considérables.
Wright suggère que, face à ces défis, les civilisations avancées pourraient opter pour une approche progressive, construisant des sections de mégastructure de manière incrémentielle pour augmenter graduellement leur volume habitable autour d’une étoile. Cette approche permettrait une expansion et une adaptation continues, tout en gérant les ressources et les contraintes techniques de manière efficace.
Wright a également réfléchi aux motivations potentielles qui pourraient pousser une civilisation à entreprendre un projet d’une telle envergure. Il a envisagé la possibilité que les sphères de Dyson puissent servir de moteurs stellaires, exploitant l’énergie de l’étoile pour propulser des vaisseaux interstellaires, ou de superordinateurs massifs utilisant l’énergie stellaire pour effectuer des calculs à une échelle inimaginable. Ces utilisations variées soulignent le potentiel des sphères de Dyson en tant qu’outils multifonctionnels pour les civilisations avancées.
Des candidats potentiels
Mathias Suazo (Université d’Upsalla) et ses collègues du Projet Hephaistos ont entrepris un travail méticuleux pour identifier des candidats viables de sphères de Dyson. Ils l’ont présenté lors du deuxième symposium annuel Penn State SETI, organisé par le Penn State Extraterrestrial Intelligence Center (PSETI).
En combinant des données provenant de divers observatoires, ils ont pu analyser une multitude d’informations pour détecter des anomalies ou des signatures qui pourraient indiquer la présence de telles mégastructures. Cette approche intégrative a permis d’obtenir une vue d’ensemble plus complète et de croiser les données pour une analyse plus précise et fiable.
À la suite de cette analyse approfondie, l’équipe de Suazo a identifié 20 candidats qui présentent des caractéristiques compatibles avec l’existence hypothétique de sphères de Dyson. Ces candidats sont considérés comme des points d’intérêt pour de futures observations de suivi et investigations.
Ces observations de suivi sont cruciales pour valider ou infirmer la présence de mégastructures autour des étoiles candidates. Elles permettront d’obtenir des données supplémentaires et de réaliser des analyses plus approfondies pour déterminer la nature exacte de ces objets et, éventuellement, confirmer l’existence de sphères de Dyson.
Bien que les travaux de Suazo et de son équipe n’aient pas encore abouti à la découverte définitive de mégastructures extraterrestres, ils ont néanmoins ouvert de nouvelles voies dans la recherche de civilisations avancées. La possibilité de l’existence des sphères de Dyson demeure une hypothèse viable, soutenue par les travaux théoriques et pratiques de scientifiques tels que Freeman Dyson, Jason T. Wright et Mathias Suazo. Leurs efforts conjoints continuent de stimuler l’exploration scientifique afin de comprendre notre place dans l’univers et de découvrir d’éventuelles civilisations extraterrestres avancées.