La sonde Juno, en orbite autour de Jupiter depuis 2016, a livré des images détaillées de la lune Io, mettant en évidence sa riche activité volcanique. Ces clichés, les plus détaillés depuis des dizaines d’années, offrent un nouvel aperçu de ce satellite naturel fascinant, réputé pour ses plus de 400 volcans actifs. Ces données, essentielles pour les scientifiques, pourraient éclairer les dynamiques internes d’Io.
Les lunes de Jupiter sont très intéressantes d’un point de vue scientifique. En effet, elles présentent une activité géologique unique, des volcans actifs et des environnements potentiellement propices à la recherche de vie extraterrestre. Jupiter compte 95 lunes connues et les quatre plus grandes — Io, Europe, Ganymède et Callisto — sont connues sous le nom de lunes galiléennes. La sonde Juno de la NASA est passée à moins de 352 kilomètres d’Europe l’année dernière et a ainsi pu fournir les images les plus proches depuis plus de deux décennies.
Le 16 octobre 2023, Juno a offert un spectacle inédit en capturant des images de la lune Io cette fois-ci, les plus détaillées depuis des décennies également. Elles ont été prises alors que la sonde passait à une distance de 11 645 kilomètres du satellite. Sa surface non submergée, légèrement plus vaste que celle de la Terre (car elle ne possède pas d’océans), est marquée par plus de 400 volcans actifs.
Les ombres de ces sommets volcaniques, dont certains sont supposés être plus hauts que le mont Everest, sont visibles sur l’image. Les nouvelles données obtenues, mises à disposition par la NASA, mettent en lumière la dynamique complexe d’Io et son rôle au sein du système jovien, révélant des détails jusqu’alors méconnus.
Io, un monde de feu et de glace
Io est un exemple de contrastes extrêmes dans notre système solaire. Sa température de surface, qui atteint un glacial -157 °C, pourrait laisser penser à un environnement stable et inerte. Pourtant, cette lune est tout sauf calme. Elle est le théâtre d’une activité volcanique intense, avec plus de 400 volcans en éruption constante. Ces volcans éjectent de la lave à des températures dépassant largement celles rencontrées sur Terre, atteignant parfois 1650 °C. Cette chaleur extrême contraste fortement avec le froid ambiant de sa surface.
De plus, Io possède des caractéristiques géologiques remarquables, comme d’immenses lacs de lave, dont certains mesurent plus de 160 kilomètres de large. Ces lacs, associés à des geysers de feu qui surgissent sans préavis, font d’Io un monde dynamique et imprévisible. Ces phénomènes uniques dans le système solaire font de cette lune un sujet d’étude privilégié pour les scientifiques cherchant à comprendre les forces internes qui l’animent et les implications de ces forces sur d’autres corps célestes.
La sonde Juno, une fenêtre sur le passé
La mission de la sonde Juno, débutée en 2011, représente un jalon majeur dans l’exploration de Jupiter, la plus grande planète de notre système solaire. En entrant en orbite autour de Jupiter en 2016, Juno a commencé à transmettre une multitude d’informations, enrichissant notre compréhension de cette géante gazeuse et de ses satellites.
Parmi ses exploits, le survol rapproché d’Europe a été particulièrement notable. Mais la mission de Juno ne s’arrête pas là. Sa trajectoire actuelle, en spirale autour de Jupiter, la rapproche de la lune volcanique Io lors de chaque orbite. Cette proximité croissante promet des observations encore plus fines. En février 2024, la sonde devrait frôler Io à une distance de seulement 1500 kilomètres, permettant aux chercheurs d’obtenir des images d’une clarté sans précédent et d’approfondir les recherches.
Avant l’ère de Juno, c’est la mission Galileo qui dominait l’exploration de Jupiter et de ses lunes. Lancé en 1989, cet orbiteur a marqué l’histoire de l’astronomie en fournissant, en 2001, des images d’Io d’une qualité inégalée pour l’époque. Toutefois, après avoir passé près d’une décennie à étudier le système jovien, une décision cruciale a été prise concernant la fin de la mission de Galileo. Pour préserver l’intégrité des lunes de Jupiter, notamment celles suspectées de posséder des océans souterrains d’eau liquide — des environnements où la vie pourrait théoriquement exister —, Galileo a été intentionnellement dirigé vers Jupiter en 2003, où il s’est désintégré dans son atmosphère épaisse.
Dans une démarche similaire, et reflétant l’engagement continu de la NASA en matière de protection planétaire, la sonde Juno est également destinée à une fin contrôlée. En septembre 2025, elle sera désorbitée pour plonger dans l’atmosphère de Jupiter, garantissant ainsi la sécurité des lunes environnantes.