Alors qu’il venait tout juste d’annoncer officiellement le développement de GPT-5, Sam Altman, le charismatique PDG d’OpenAI, a été démis de ses fonctions hier par le conseil d’administration de l’entreprise. Ce dernier reste vague quant à la raison de cette décision, déclarant seulement ne plus avoir confiance en sa capacité à diriger la société. En attendant son remplacement permanent, Mira Murati, directrice du département technologies assurera la fonction de PDG par intérim.
Selon l’annonce publiée sur le blog de l’entreprise, le départ d’Altman fait suite à une délibération concluant qu’il n’avait pas toujours été honnête dans ses communications avec le conseil d’administration, ce qui aurait entravé sa capacité à exercer ses responsabilités. En vue de ce constat, leur décision fut sans appel : « le conseil d’administration n’a plus confiance en sa capacité à continuer à diriger OpenAI », déclare le conseil. Le brillant entrepreneur s’est définitivement fait évincer de sa propre entreprise, qu’il a cofondée en 2015 aux côtés d’Elon Musk.
L’annonce est étonnamment vague en ce qui concerne les véritables raisons de cette décision. Toutefois, elle pourrait probablement découler de la propension d’Altman à susciter la controverse. L’entrepreneur avait aussi tendance à faire des déclarations publiques alarmistes, comme celles concernant les dangers de la technologie pour l’humanité. Cependant, il n’y avait eu jusqu’à présent aucun signe d’une potentielle mésentente avec le conseil d’administration.
D’un autre côté, il est important de noter qu’un dirigeant d’entreprise doit travailler sa manière de communiquer sur sa société de sorte à en préserver les intérêts, ou le cas échéant, s’appuyer sur un responsable dédié pour adopter les bons discours à adresser au public et aux médias. Cependant, Altman ne faisait de toute évidence pas preuve de la diplomatie nécessaire à un communicant et avait tendance à ne pas mâcher ses mots.
Le communiqué publié par l’entreprise indique : « OpenAI a été délibérément structurée pour faire avancer notre mission : garantir que l’IA générale profite à toute l’humanité. Le conseil reste pleinement engagé à servir cette mission. Nous sommes reconnaissants pour les nombreuses contributions de Sam à la création et à la croissance d’OpenAI. Dans le même temps, nous pensons qu’un nouveau leadership est nécessaire à mesure que nous progressons ».
Non seulement Altman est entièrement démis de ses fonctions, mais il ne fera désormais plus partie du conseil d’administration. Le conseil a donc désigné une personne qui semble exceller à la fois dans le domaine de l’IA et dans l’art de communiquer en public pour assurer l’intérim, avant de trouver un remplaçant permanent. « En tant que responsable des fonctions de recherche, des produits et de la sécurité de l’entreprise, Mira est exceptionnellement qualifiée pour assumer le rôle de PDG par intérim », a déclaré l’entreprise.
Un PDG par intérim excellant dans l’art de communiquer
Membre du comité de direction d’OpenAI depuis 5 ans, Murati a joué un rôle essentiel dans l’évolution de l’entreprise. Mis à part ses compétences techniques, elle possède également des qualifications en matière de gouvernance et de politique concernant l’IA. À l’instar de tous les pionniers de la technologie, elle a fait face à toutes sortes de pressions concernant les questions sur ses impacts potentiels. Elle avait d’ailleurs clairement admis qu’il y aurait des conséquences allant au-delà de la perte d’emplois. Cependant, elle semble capable de convaincre les médias et le public de rester optimistes, par sa manière de communiquer.
Malgré les risques de la technologie, elle semble toujours parvenir à élaborer des discours rassurants, par exemple en affirmant fermement ne pas être opposée à la réglementation de la technologie. En revanche, Altman avait tendance à s’exprimer de manière vague concernant cet aspect.
En outre, le conseil d’administration ne manque pas de personnalités connues pour faire des déclarations parfois troublantes, telles qu’Ilya Sutskever, cofondateur et scientifique en chef de l’entreprise. Toutefois, ce dernier a un peu moins retenu l’attention des médias que l’ancien PDG. « Bien que l’entreprise ait connu une croissance spectaculaire, la responsabilité fondamentale du conseil d’administration en matière de gouvernance réside dans la progression de la mission d’OpenAI et dans le fait de préserver les principes de sa charte », explique le conseil.
De son côté, Altman a déclaré sur X : « J’ai adoré mon séjour chez OpenAI. Cela a été transformateur pour moi et, espérons-le, pour le monde. J’ai surtout aimé travailler avec des gens aussi talentueux. Je vous en dirai plus ultérieurement sur la suite des événements ».