Les abeilles sont capables de résoudre des casse-tête en apprenant les unes des autres

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Les insectes vivant en colonie, tels que les abeilles, montrent un grand nombre de comportements complexes témoignant de leur intelligence exceptionnelle. Pourtant, nous avons tendance à les sous-estimer en attribuant davantage ces comportements à l’instinct, malgré une étonnante diversité et une parfaite coordination. Récemment, des expériences amenant des abeilles à résoudre un casse-tête ont démontré qu’elles sont capables d’apprendre rien qu’en observant. Elles adopteraient ainsi de nouveaux comportements grâce à l’apprentissage social.

La capacité d’apprendre des autres permet de partager et d’appliquer des comportements bénéfiques au sein d’un groupe. Si l’on pensait jusqu’à récemment que cette capacité d’apprentissage était le propre des primates et des oiseaux, il a été récemment démontré qu’elle est présente chez les insectes vivant en colonies.

Les colonies de fourmis, de guêpes, de termites ou d’abeilles affichent notamment un si grand nombre de comportements complexes que les scientifiques les soupçonnent depuis longtemps d’être bien plus intelligentes qu’on le pense. L’on peut citer parmi ces comportements la construction de nids aux architectures élaborées, la régulation de leur microclimat, le partage équitable et optimal des tâches pour le bien de la colonie, la collecte et le stockage de nourriture en fonction des saisons, etc.

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Certains experts estiment que les abeilles possèdent certains des répertoires comportementaux les plus complexes du règne animal. À titre d’exemple, les éclaireuses exécutent une sorte de « danse » pour indiquer aux autres ouvrières où collecter le nectar et le pollen, et à quelle distance. Ce comportement, considéré comme étant le plus efficace pour la collecte de la nourriture, est propagé à travers l’ensemble de la ruche. Pourtant, les invertébrés ne sont généralement pas connus pour montrer des comportements de type « culture », et l’on supposait ainsi qu’ils étaient principalement instinctifs.

Cependant, « nous avons tendance à négliger les civilisations formées par les abeilles, les fourmis et les guêpes sur notre planète — parce qu’elles sont de petite taille et que leurs sociétés et leurs constructions architecturales semblent gouvernées par l’instinct, à première vue », estime Lars Chittka, professeur d’écologie sensorielle et comportementale à l’Université Queen Mary de Londres et coauteur principal de la nouvelle étude. Or, les comportements appris des autres sont l’une des bases de la culture au sein d’un groupe.

La nouvelle étude, parue dans la revue PLOS Biology, soutient en effet que les abeilles s’adapteraient beaucoup plus rapidement à de nouveaux défis environnementaux grâce à l’observation et l’apprentissage. Ainsi, cette capacité ne tiendrait pas d’un phénomène d’adaptation évolutif, qui ne se manifeste qu’au bout de plusieurs générations. Les expériences menées par l’Université Queen Mary de Londres ont notamment démontré un partage et un maintien de « tendances » comportementales, similaires à celles observées chez les oiseaux et les primates.

À savoir que des chercheurs avaient déjà effectué des expériences évaluant la capacité d’apprentissage social chez les abeilles au cours de recherches antérieures. Au cours de ces dernières cependant, les abeilles n’ont fait que reproduire des comportements déjà couramment observés au sein d’une ruche. Cette nouvelle étude pousse les expériences plus loin, en incitant les abeilles à adopter de nouveaux comportements selon l’environnement où elles se trouvent.

Les abeilles apprennent et adoptent des tendances

L’expérience du groupe de chercheurs du Queen Mary consistait à ouvrir une boîte casse-tête selon deux options. L’une devait amener les abeilles à pousser une languette rouge dans le sens des aiguilles d’une montre pour que la boîte s’ouvre, tandis que l’autre consistait à pousser une languette bleue dans le sens inverse. Les deux ouvertures débouchaient sur une solution sucrée (de saccharose à 50%) que les abeilles pouvaient alors boire. Des abeilles « démonstratrices » issues d’essaims différents ont ensuite été entraînées à choisir soit la languette rouge soit la bleue. Au cours de ces exercices, elles ont été surveillées par le reste de la ruche.

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Les abeilles devaient ouvrir la boîte casse-tête en choisissant une languette rouge ou bleue et transmettre ensuite leur expérience aux autres. © Alice Bridges/Queen Mary University of London/PA Wire

Les chercheurs ont ensuite constaté que dans la grande majorité des cas (98,6%), les abeilles « observatrices » ont choisi à plusieurs reprises la même méthode d’ouverture que leurs démonstratrices respectives, une fois exposées au casse-tête. C’est-à-dire que celles ayant observé des démonstratrices entraînées pour choisir la languette bleue ont systématiquement opté pour cette couleur à leur tour pour accéder à la nourriture. La même chose s’est produite pour celles choisissant la languette rouge, et ce même après avoir découvert une autre alternative d’ouverture (la bleue). Ces abeilles (ayant appris en observant) ont réussi à résoudre le casse-tête en moyenne 28 fois par jour. En comparaison, le groupe témoin (qui n’a pas bénéficié de démonstratrices) n’a réussi à ouvrir les boîtes qu’une fois par jour en moyenne.

Au cours d’une seconde expérience, les chercheurs ont mélangé les essaims ayant bénéficié de démonstratrices bleues et rouges. Dans les deux cas, les observatrices ont majoritairement choisi la couleur de leurs démonstratrices initiales. Toutefois, au fil du temps, certains groupes choisissaient au hasard une préférence, qui devenait progressivement la solution dominante au sein de leur essaim.

Ces résultats démontrent que les abeilles peuvent aisément adopter une tendance comportementale apprise de celles plus expérimentées. « Nos recherches ont montré que des innovations peuvent se propager comme des mèmes de médias sociaux à travers des colonies d’insectes », conclut ironiquement Chittka.

Source : PLOS Biology

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