Le véhicule, baptisé Hexa, a réalisé avec succès son premier vol d’essai le 20 août, au Texas. Fruit d’un partenariat entre la société LIFT Aircraft et l’armée de l’air américaine, cet engin volant électrique est à décollage et atterrissage vertical, comme un hélicoptère. Il est d’ailleurs équipé de 18 rotors indépendants. Selon ses concepteurs, son pilotage ne requiert pas de compétences particulières.
Une licence de pilote ne serait donc pas requise pour monter à bord de cet engin monoplace. Seule la manette directionnelle reste sous le contrôle du passager, le système de pilotage automatique fait le reste. Ces voitures volantes vont-elles bientôt envahir le ciel ?
Un ultraléger motorisé accessible à tous
Pour le moment, le véhicule a été conçu pour étendre l’arsenal de l’US Air Force : « Nous voulons avoir 30 véhicules dans l’armée de l’air d’ici 2030 », a déclaré Will Roper, secrétaire adjoint de l’armée de l’air pour l’acquisition, la technologie et la logistique. Les forces spéciales étaient désireuses de disposer d’engins semi-autonomes, à grande vitesse et peu bruyants, pour transporter leurs combattants. La conception de ce prototype constitue en outre une première étape dans le programme Agility Prime, qui vise à accélérer la mise sur le marché de véhicules aériens avancés.
L’Hexa est de type VTOL (pour Vertical Take-off and Landing), une catégorie d’engins conçus pour s’affranchir de pistes normalement nécessaires aux décollages et atterrissages de la plupart des aéronefs. Il a même la capacité de se poser sur l’eau, grâce aux bouées périmétriques dont il est équipé. Mais pas de petite virée entre amis : il ne peut accueillir qu’une seule personne à son bord. Une petite démonstration ?
LIFT Aircraft présente ce véhicule électrique révolutionnaire comme une voiture « destinée à tout le monde ». Avec une cellule entièrement en fibre de carbone, Hexa ne pèse que 200 kg environ et entre ainsi dans la catégorie des ultralégers motorisés de la FAA (Federal Aviation Administration). Par conséquent, aucune licence de pilote n’est requise pour voler. Un système de pilotage automatique, triplement redondant — ce qui permet d’éliminer les risques de défaillance — se charge des manipulations les plus complexes. Le pilote qui sera assis aux commandes disposera d’un simple joystick 3 axes pour diriger l’appareil.
On apprend également sur le site web dédié à l’engin que l’Hexa peut voler et atterrir en toute sécurité avec jusqu’à six moteurs désactivés ! Le parachute balistique autonome et le système d’airbag intégrés au véhicule ne seront donc probablement jamais nécessaires.
Vu en action, le véhicule semble sortir tout droit d’un film de science-fiction. Pourtant, cette voiture volante suscite un vif intérêt parmi les professionnels du secteur et pourrait très vite se répandre dans le ciel américain : « Nous avons maintenant plus de quinze des principaux constructeurs aéronautiques dans le monde qui demandent à s’associer à Agility Prime, dont beaucoup sont déjà sous contrat », a déclaré le colonel Nathan Diller, directeur d’AFWERX (un programme de l’US Air Force pour l’innovation) et responsable du programme Agility Prime. Tous sont prêts à fournir des prototypes.
De nombreux projets en cours
Pour les partenaires commerciaux, actuels et futurs, le programme Agility Prime est aussi un moyen d’accéder plus facilement à la certification de sécurité imposée par la Federal Aviation Administration, une étape particulièrement chronophage. C’est d’ailleurs ce qui a motivé LIFT Aircraft à conclure rapidement un partenariat : obtenir la certification qui lui permette d’exploiter son véhicule multirotor.
Will Roper explique en effet que de nombreuses entreprises du secteur des eVTOL (les véhicules électriques à décollage et atterrissage vertical) ont des projets intéressants et particulièrement innovants, mais peinent à obtenir l’incontournable certification pour les développer. C’est là tout l’intérêt d’un partenariat avec l’armée : les entreprises peuvent s’appuyer sur l’expertise de l’US Air Force en termes de gammes de test, et sur sa certification de sécurité et de respect de l’air. D’autres essais et démonstrations sont prévus à l’avenir pour peaufiner l’Hexa et écarter tous les risques techniques. Sa mise en service est prévue pour 2023.
L’US Air Force n’est évidemment pas la seule entité à s’intéresser de près aux voitures volantes. Ces véhicules semblent d’ailleurs se trouver au cœur des défis technologiques de cette décennie. En juin 2017, l’entreprise slovaque AeroMobil présentait déjà son modèle de voiture volante au salon International de l’Aéronautique et de l’Espace : un véhicule électrique hybride, biplace, qui peut au choix évoluer sur route ou dans les airs. La version 4.0 de l’engin est d’ores et déjà disponible en précommande.
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Le Japon travaille aussi depuis un moment sur le sujet et prévoit de commercialiser ses premiers véhicules dès 2023. Mais la toute première voiture volante pourrait arriver dès l’an prochain : la société néerlandaise PAL-V a annoncé la commercialisation prochaine d’un véhicule tout-terrain, capable de rouler sur terre et de voler. Ce véhicule à essence pourrait atteindre une vitesse de vol de 320 km/h ! Près de 70 exemplaires auraient déjà été commandés ; un permis de conduire et un brevet de pilote seront toutefois nécessaires pour se mettre au volant de cette voiture.