Jeudi dernier à 16h25 (heure française), un astéroïde est passé tout près de la Terre, à seulement 4002 kilomètres — soit environ 100 fois plus près que la Lune et 5 fois plus que les satellites artificiels en orbite. Mesurant près de 2 mètres de long, il était heureusement trop petit pour représenter un danger pour notre planète. En outre, le passage rapproché a modifié sa trajectoire, de sorte que la probabilité d’impact était de 0% selon les estimations.
Baptisé C9FMVU2, le petit astéroïde a initialement été découvert le jeudi 7 septembre au matin, quelques heures seulement avant de frôler la Terre en passant à seulement 4002 kilomètres, à une vitesse de 13,6 kilomètres par seconde. Cette distance représente environ 1% de la distance Terre-Lune. À titre de comparaison, la flotte de satellites de navigation et de positionnement GPS américains orbite à 20 200 kilomètres d’altitude.
Mesurant environ 2 mètres de long et 0,9 mètre de large, C9FMVU2 est si petit que seuls les télescopes professionnels ont permis son observation. Le pic de luminosité (ou « peak brightness » en anglais) de l’astéroïde était de seulement 12,7. Il était observable uniquement dans l’hémisphère Nord, à son passage le plus proche. Désormais, aucun dispositif terrestre ne pourra le détecter en raison de son élongation (l’angle apparent par rapport à la Terre), selon l’agence spatiale européenne (ESA).
L’objet a été détecté alors qu’il survolait l’équateur puis l’Asie du sud-est, quelques heures avant d’atteindre le point le plus proche, au-dessus de l’océan Arctique, près de l’archipel du Svalbard. À l’heure actuelle, l’astéroïde se dirige vers le Soleil, ce qui le rend d’autant plus inobservable. Sa taille ainsi que sa trajectoire font qu’il ne représente aucun danger pour nous. « Cela ne pose aucun risque pour nous, la gravité de la Terre façonnera sa trajectoire à jamais », a annoncé sur X (anciennement Twitter) Richard Moissl, directeur de la défense planétaire à l’ESA.
Un angle mort entravant la détection des astéroïdes
À ce jour, plus de 30 000 astéroïdes proches de la Terre ont été détectés, dont seuls environ 2300 sont considérés comme potentiellement dangereux. En effet, l’objet doit mesurer plus de 140 mètres de long et avoir une trajectoire le menant à moins de 20 distances lunaires pour véritablement représenter une menace. Cependant, en entrant en collision avec notre planète, même de plus petits astéroïdes peuvent causer des dégâts. L’astéroïde de Tchelyabinsk (en Russie) en 2013 a par exemple brisé des milliers de fenêtres et indirectement blessé environ 1500 personnes, alors qu’il ne mesurait que 20 mètres de long.
Les astronomes tentent d’anticiper ces impacts en cartographiant tous les astéroïdes géocroiseurs détectables et en simulant régulièrement des simulations de déviation. La dernière en date a été effectuée au premier trimestre de cette année et a modélisé l’approche vers l’orbite terrestre d’un astéroïde de plusieurs centaines de mètres de diamètre. Les scénarios de trajectoire de l’objet ont été générés par le biais de l’application NEO Deflection du JPL/Aerospace de la NASA, dédiée à l’étude des changements de vitesse des géocroiseurs. Ce type d’analyse permet de déterminer comment et à quel moment intervenir pour dévier la trajectoire de l’objet et limiter autant que possible les dégâts potentiels. L’application peut aussi être configurée pour calculer les trajectoires des impacteurs cinétiques servant à frapper les géocroiseurs pour la déviation, ainsi que la masse des dispositifs pouvant être lancés sur ces trajectoires.
Pour les situations réelles, différents dispositifs de déviation sont en place, tels que le Double Asteroid Redirection Test (DART) de la NASA. L’année dernière, ce dernier est parvenu à modifier la trajectoire de Dimorphos, le petit satellite naturel orbitant autour de l’astéroïde Didymos. Cependant, malgré les avancées technologiques et les exercices d’anticipation, un important « angle mort » subsiste, comme le témoigne l’astéroïde 2023 NT1, qui n’a été détecté que 2 jours après son passage près de la Terre le 13 juillet dernier. Désormais inobservable, C9FMVU2 se trouve aussi en quelque sorte dans cet angle. La mission NEOMIR de l’ESA, en cours de développement, vise à en finir avec cette contrainte et à ainsi améliorer notre système de défense planétaire.