On s’y attendait, et ils l’ont fait ! Blue Origin, la compagnie spatiale commerciale de Jeff Bezos, en collaboration avec Sierra Space, conçoit actuellement une station spatiale commerciale qui devrait être lancée entre 2025 et 2030, selon un communiqué. Baptisée Orbital Reef, elle est bien plus grande que la Station spatiale internationale et devrait accueillir de nombreuses activités commerciales et scientifiques.
Orbital Reef, placée en orbite terrestre basse, sera exploitée commercialement par les deux entreprises. Sa taille semble impressionnante : le diamètre des modules est visiblement bien supérieur à ceux de la Station spatiale internationale. C’est donc du jamais vu pour une station spatiale, pour autant que les dimensions du projet présenté ici soient préservées jusqu’à la mise en orbite.
D’ici maximum 2028, nous devrions assister au démantèlement complet de la Station spatiale internationale (ISS). La découverte récente de fissures dans certains des modules les plus anciens est la principale raison de la confirmation récente que la station est bel et bien en fin de vie, et qu’elle voit de ce fait ses dernières années d’activité.
Remplacer l’ISS en proposant plus et mieux ?
La Station spatiale chinoise, lancée récemment, permet déjà d’imaginer que certaines activités de recherche internationales intéressantes pourront y être menées, bien que la version actuelle soit quelque peu limitée en capacité d’équipage. Pour cela, les initiatives visant à remplacer l’ISS par un équivalent commercial de grande taille sont passées à la vitesse supérieure.
Aujourd’hui, Blue Origin et Sierra Space annoncent qu’ils sont sur le point de construire Orbital Reef avec l’appui financier de Boeing, Redwire Space, Genesis Engineering Solutions et l’Arizona State University. « La station ouvrira le prochain chapitre de l’exploration et du développement spatial par l’homme en facilitant la croissance d’un écosystème dynamique et d’un modèle commercial pour l’avenir », déclare Blue Origin.
Selon un communiqué, Orbital Reef propose un nouveau type d’architecture spatiale, dite « architecture ouverte », qui permettra à de nombreux acteurs privés de s’y greffer, en quelques sortes. Elle comportera également des modules spacieux dotés de grandes fenêtres orientées vers la Terre, permettant aux voyageurs d’admirer la planète et de vivre les sensations de l’apesanteur confortablement. Des secteurs distincts pour les activités touristiques, de recherche et commerciales seront mis en place.
Orbital Reef serait conçue « pour des cas d’utilisation et des idées qui n’ont jamais été possibles auparavant », peut-on lire sur le site web du projet. « Orbital Reef donne accès à l’orbite terrestre basse en réduisant les coûts et la complexité pour de nouveaux types de clients. Nous fournissons des services de bout en bout, des interfaces standard et le support technique nécessaire aux novices des vols spatiaux : planification, développement de la charge utile, formation, transport, analyse des données et sécurité pour votre personnel ou vos charges utiles (ou les deux) ».
Une collaboration commerciale digne d’un film de science-fiction
Les spécifications exactes de l’ensemble n’ont pas encore été dévoilées, ce qui est compréhensible à ce stade précoce du projet, mais les détails de base du programme et des acteurs qu’il servira initialement ont été précisés.
Les modules centraux de grand diamètre et le système de lancement réutilisable New Glenn qui les placera en orbite, seront construits par Blue Origin. Sierra Space fournira quant à elle un module LIFE (Large Integrated Flexible Environment), un module de nœuds et un vaisseau spatial, le Dream Chaser, pour transporter l’équipage, les fournitures et les charges utiles vers et depuis la Terre.
Boeing développera le module scientifique et s’occupera de l’ingénierie de l’exploitation et de la maintenance de la station, tandis que le vaisseau spatial Starliner de la société, destiné à l’équipage, permettra également d’effectuer des aller-retour entre Orbital Reef et la Terre. Redwire Space se concentrera sur la recherche, le développement et la fabrication en micropesanteur et sur l’exploitation des charges utiles et des structures déployables.
Genesis Engineering Solutions conçoit une capsule spatiale appelée Single Person Spacecraft pour des travaux extérieurs et des excursions touristiques sans combinaison spatiale. L’Arizona State University dirigera quant à elle un consortium mondial d’universités pour des activités de conseil en recherche et de sensibilisation du public.
Une fois opérationnelle, la station sera ouverte à une grande variété de clients internationaux dans ce qui est décrit comme un « parc commercial spatial à usage mixte ». Pour résumer, la station sera utilisée pour la recherche, la fabrication, le tourisme, l’éducation et d’autres tâches, tandis que les partenaires assureront le transport et la logistique dans l’espace, l’habitation dans l’espace, l’hébergement des équipements, les opérations générales basées sur une automatisation avancée et l’équipage de la station.
L’architecture ouverte permettra à Orbital Reef de fournir des amarrages de modules, des ports de véhicules, des services publics et d’autres éléments en fonction des besoins des clients et de la croissance du marché.
« Pendant plus de soixante ans, la NASA et d’autres agences spatiales ont développé le vol orbital et l’habitation spatiale, nous préparant ainsi à l’essor des activités commerciales au cours de cette décennie », déclare Brent Sherwood, vice-président senior des programmes de développement avancé pour Blue Origin.
« Nous allons élargir l’accès, réduire le coût et fournir tous les services et commodités nécessaires à la normalisation des vols spatiaux. Un écosystème commercial dynamique va se développer en orbite terrestre basse, générant de nouvelles découvertes, de nouveaux produits, de nouveaux divertissements et une prise de conscience mondiale », ajoute-t-il.
Vidéo de présentation du projet Orbital Reef :