Les bourdons peuvent forcer les plantes à fleurir plus tôt en faisant des trous dans leurs feuilles

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Un bourdon affamé fait des trous dans des feuilles afin que la plante produise du pollen plus rapidement. | Hannier Pulido/De Moraled/Mescher Laboratories
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Les bourdons affamés peuvent persuader certaines plantes à fleurir et à produire du pollen, jusqu’à un mois plus tôt que d’habitude, et ce en perçant des trous dans leurs feuilles. Selon les chercheurs, il s’agit d’une capacité d’adaptation due au changement climatique, qui fait sortir les insectes de leur hibernation plus tôt qu’à la normale.

Les bourdons sortent normalement de l’hibernation au début du printemps pour se régaler du pollen des nouvelles fleurs. Cependant, elles émergent parfois trop tôt et constatent que les plantes sont encore sans fleurs et dépourvues de pollen, ce qui signifie que les abeilles meurent littéralement de faim. Fort heureusement, lorsque cela se produit, les bourdons possèdent une astuce, leur permettant de survivre.

Consuelo De Moraes à l’ETH Zürich en Suisse et ses collègues, ont découvert que les bourdons ouvriers peuvent faire fleurir les plantes plus tôt que la normale, en utilisant leurs pièces buccales pour percer des petits trous dans les feuilles de ces dernières.

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Dans une série d’expériences effectuées en laboratoire et en plein air, les chercheurs ont découvert que les bourdons étaient plus susceptibles de percer des trous dans les feuilles des plants de tomates et des plants de moutarde noire lorsqu’ils sont privés de nourriture.

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Des bourdons en train d’endommager une feuille de plante. Les dommages causés aux feuilles par ces insectes entraînent une floraison accélérée qui permet à ces derniers de se nourrir. Crédits : Hannier Pulido/De Moraes/ Mescher Laboratories

Les chercheurs ont mis en place une expérience en serre avec de la moutarde noire (Brassica nigra). Dix plantes ont été placées dans des sacs en filet avec des bourdons qui n’avaient mangé aucun pollen pendant 3 jours : ces derniers ont commencé à grignoter cinq à dix trous dans chaque plante. En moyenne, ces plantes ont fleuri après 17 jours, tandis que les plantes qui n’avaient pas été exposées aux bourdons affamés ont pris en moyenne 33 jours pour fleurir. Dans une expérience similaire, les plants de tomates ont accéléré leur floraison de 30 jours. « L’ampleur des effets est énorme », expliquent les chercheurs.

À l’heure actuelle, les chercheurs ne comprennent pas encore pourquoi des dommages causés aux feuilles favorisent une pollinisation précoce. Des études antérieures ont démontré que les plantes accélèrent parfois leur floraison en réponse à des facteurs de stress, comme la lumière intense et la sécheresse, mais les effets des dommages causés par les insectes n’ont pas encore été beaucoup étudiés.

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Pour savoir si les dommages causés aux feuilles déclenchent à eux seuls la floraison des plantes plus tôt, les chercheurs ont percé des trous de taille similaire dans les feuilles. Ces plantes ont fleuri plus tôt que d’habitude, mais pas aussi tôt que celles qui ont été percées par les bourdons. Cela suggère que les bourdons peuvent fournir des signaux supplémentaires qui encouragent la floraison, comme l’injection de produits chimiques de leur salive dans les feuilles lorsqu’elles les transpercent : « Nous espérons explorer cette idée et étudier la signalisation chimique à l’intérieur des plantes après leur morsure dans des travaux futurs », a expliqué De Moraes.

Une adaptation forcée due au réchauffement climatique ?

Comme le changement climatique rend les conditions printanières moins prévisibles, cela « perturbe le moment de la relation entre les abeilles et les fleurs », ont expliqué les chercheurs. C’est donc une bonne chose que les bourdons soient capables de générer une floraison plus rapidement, sinon ces derniers mourraient simplement de faim. « La capacité des bourdons à manipuler les périodes de floraison peut les aider à s’adapter au changement climatique », explique Mark Mescher à l’ETH Zürich, qui faisait également partie de l’étude.

Les chercheurs restent perplexes quant à l’évolution de ce comportement, qui pourrait d’ailleurs également bénéficier aux plantes en attirant des pollinisateurs supplémentaires. Selon les chercheurs, il est peu probable que les abeilles ouvrières apprennent l’astuce : elles ne vivent qu’un mois et n’auraient donc pas assez de temps pour voir les résultats de leur travail…

Sources : Science (1), Science (2)

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