Écoutez un canard australien dire « Espèce d’idiot ! » comme un humain

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Un mâle érismature à barbillons (Biziura lobata). | Margot Oorebeek
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Certains oiseaux peuvent imiter les sons de leur environnement d’une façon étonnante et quasi parfaite, que ce soit des bruits ou des phrases. Les érismatures à barbillons adultes (une espèce de canards) élevés en captivité peuvent imiter les sons qu’ils ont entendus lorsqu’ils étaient petits, révèlent des chercheurs.

Ces grands canards australiens apprennent généralement à émettre des sifflements aigus auprès de leurs compagnons de vol plus âgés. Mais des chercheurs révèlent aujourd’hui les cas d’individus élevés en captivité, à l’écart d’autres canards, copier les sons de leur entourage associés à la vie humaine.

C’est notamment le cas d’un individu particulier nommé Ripper, un érismature à barbillons qui imite régulièrement une porte qui claque, un homme qui tousse et même ce qui était probablement une phrase régulière d’un ancien gardien, « You bloody fool ! » (« Espèce d’idiot ! »). Une découverte qui a bien évidemment surpris les scientifiques.

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Biziura lobata : un canard hors du commun

Selon Carel ten Cate, de l’université de Leyde, aux Pays-Bas, cette découverte prouve que les érismatures à barbillons (Biziura lobata) rejoignent désormais les perroquets, les colibris, certains oiseaux chanteurs, les baleines, les phoques, les chauves-souris, les éléphants et les humains (mais pas les autres primates) en tant « qu’apprenants du langage vocal », ce qui signifie qu’ils acquièrent des « énonciations » sur la base de ce qu’ils entendent lorsqu’ils sont petits. « L’apprentissage vocal est un trait rare et particulier, ce qui rend ce canard vraiment spécial », explique-t-il.

Ten Cate étudie l’apprentissage vocal chez les oiseaux et a récemment été fasciné de tomber sur une vague histoire de canard parlant en Australie. Il a donc retrouvé le scientifique australien Peter J. Fullagar, aujourd’hui à la retraite, qui a été le premier à remarquer ce phénomène il y a plus de 30 ans.

Fullagar a partagé ses enregistrements audio conservés de Ripper, un érismature à barbillons mâle de 4 ans élevé dans une réserve naturelle sans autres spécimens de la même espèce. Dans ces enregistrements, Ripper se dandine et barbote en prononçant des jurons lorsqu’il est agressif et en imitant le bruit d’une porte qui claque lorsqu’il essaie d’attirer les femelles. Plutôt original.

Enregistrement audio de Ripper l’érismature à barbillons disant « You bloody fool » (« Espèce d’idiot ») :

Des sons entendus durant les premières années de vie

Fullagar a également partagé un clip audio d’un deuxième mâle qui a été élevé dans la même réserve avec sa mère dans les années 2000 ainsi qu’avec des canards à sourcils (Anas superciliosa), qui font des cancans comme des canards de parc communs. Les femelles B. lobata ne font pas de démonstration vocale, ce jeune mâle B. lobata a donc grandi en imitant uniquement les canards communs de son environnement. C’est donc pour cela qu’il émet les mêmes sons que ces derniers.

Le jeune mâle B. lobata imitant les canards communs :


Après avoir vérifié l’authenticité des enregistrements, ten Cate a utilisé un logiciel pour confirmer que les oiseaux imitaient des bruits de leur environnement, dans certains cas des sons qu’ils n’avaient entendus qu’au cours des premières semaines de leur vie. Dans les enregistrements, les canards ont émis ces sons des dizaines de fois en quelques minutes, à des intervalles d’environ 4 secondes.

Enregistrement audio de Ripper imitant un claquement de porte :


« Lorsque j’ai entendu ces histoires pour la première fois, j’ai pensé : ‘Oh, ça doit être une très bonne blague’ », raconte ten Cate. « Mais en fait, elles proviennent de scientifiques et d’ornithologues respectés, et les rapports sont très fiables. Apparemment, ces canards apprennent quelque chose sur les vocalisations dès leur plus jeune âge ».

Après avoir échangé avec d’autres chercheurs, ten Cate a découvert le cas de deux autres imitateurs hors du commun, des érismatures à barbillons captifs élevés au Royaume-Uni. « Ils ont fait le bruit d’un poney qui s’ébroue, d’un gardien qui tousse et d’une porte qui grince », dit-il. Malgré ces histoires convaincantes, les cas sont rares, probablement parce que les oiseaux aquatiques sauvages sont généralement trop agressifs pour être gardés en captivité, explique ten Cate.

Source : Philosophical Transactions of the Royal Society B

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