Cancer du sein : l’IA permet la détection de nombreux cas autrement passés inaperçus, selon une étude en conditions réelles

L'intégration de l'IA pour le dépistage du cancer du sein accroît le taux de détection moyen de 16,7 % sans augmenter le taux de faux positifs.

Cancer du sein l IA détecte davantage de cas selon une étude d envergure en conditions réelles
| Rui Vieira
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Alors que l’essor de l’intelligence artificielle transforme progressivement le marché du travail, notamment avec l’arrivée imminente des agents IA autonomes dans les entreprises, le secteur médical suit une trajectoire différente. Une étude récente menée par des chercheurs allemands, la plus vaste réalisée dans des conditions réelles pour évaluer le potentiel de l’IA dans le dépistage du cancer du sein, apporte des preuves tangibles de son efficacité à améliorer la précision des diagnostics et à sauver des vies. Les résultats, fondés sur l’analyse des données de près de 500 000 participantes, indiquent que l’intégration de l’IA dans les flux de travail de dépistage du cancer du sein augmenterait le taux de détection moyen de 16,7 % sans augmenter le taux de faux positifs.

Avec environ 60 000 nouveaux cas et 12 000 décès par an, le cancer du sein se classe parmi les types de cancer les plus fréquents chez les femmes en France, d’après Santé publique France. À l’échelle mondiale, les chiffres sont encore plus alarmants : 2,3 millions de femmes ont été diagnostiquées en 2022 et plus de 670 000 décès ont été répertoriés.

Le dépistage précoce du cancer du sein est essentiel pour augmenter les chances de guérison, incitant les autorités sanitaires à recommander aux femmes de plus de 50 ans de passer une mammographie tous les deux ans. Cependant, malgré son utilisation répandue, la mammographie présente des limites en matière de précision.

Dans ce contexte, l’usage de l’IA a considérablement progressé ces dernières années. Les scientifiques affirment que l’intelligence artificielle améliore la précision des rapports des radiologues. Cependant, la plupart des recherches sur l’IA se sont limitées à de petits échantillons, laissant un manque de preuves substantielles sur son potentiel.

Récemment, des chercheurs de l’Université de Lübeck et de l’Hôpital Universitaire Schleswig-Holstein (UKSH), en collaboration avec l’entreprise spécialisée dans l’IA VARA, ont entrepris une étude majeure pour évaluer la fiabilité de l’IA dans le dépistage du cancer du sein et ses bénéfices.

« Nous voulions démontrer que le diagnostic par IA est au moins équivalent au diagnostic humain », explique le professeur Alexander Katalinic, responsable de l’étude et directeur de l’Institut de médecine sociale et d’épidémiologie de l’Université de Lübeck et de l’UKSH, dans un communiqué. L’étude PRAIM (PRospective multicenter observational study of an integrated Artificial Intelligence system with live Monitoring) est la première du genre à intégrer l’IA dans le programme national de dépistage en Allemagne.

Près de 500 000 cas étudiés

Dans le cadre du projet, un logiciel d’aide à la décision a été installé dans 12 centres de dépistage à travers le pays. Katalinic et son équipe ont analysé les données de 461 818 participantes ayant subi des dépistages entre juillet 2021 et février 2023. Sur ces mammographies, 260 739 ont été évaluées par l’IA, qui a classifié les résultats comme « normaux », « suspects » ou « non classés ». Les autres mammographies ont été examinées par deux radiologues indépendants, selon le protocole du programme allemand de dépistage.

Les résultats, publiés dans la revue Nature Medicine, montrent que, parmi l’ensemble de données, 2 881 participantes ont été diagnostiquées avec un cancer du sein. Sans l’aide de l’IA, les cliniciens ont identifié 5,7 cas pour 1 000 patientes, confirmés par biopsie. Avec l’IA, 6,7 cas ont été détectés. Le taux de détection global serait de près de 17 % plus élevé en intégrant l’IA, selon les estimations des chercheurs.

Pour les femmes invitées à des examens complémentaires après des résultats « non classés », le taux est resté stable. « Les résultats sont très encourageants : l’IA améliore notablement le taux de détection du cancer du sein », s’est réjoui Katalinic. Il a ajouté : « Notre étude montre un taux de détection plus élevé sans augmentation des faux positifs ».

L’étude souligne également une réduction de la charge de travail des radiologues grâce à l’IA. En effet, ces derniers ont passé 43 % moins de temps à examiner les mammographies classées « normales » par l’IA. « Nous pensons que ces résultats feront avancer le débat sur le dépistage assisté par IA, ouvrant la voie à une adoption plus large dans les systèmes de santé mondiaux », conclut Stefan Bunk, directeur technique de VARA.

Source : Nature Medicine

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