En plus de la puissance aromatique promue par les amateurs de bonne cuisine et la parfumerie, la cannelle est réputée pour être dotée de nombreuses vertus thérapeutiques. Malgré cette notoriété, encore peu de recherches scientifiques ont analysé de manière pragmatique et contrôlée la façon dont cette épice peut influencer positivement notre organisme. Une nouvelle étude de synthèse a analysé les résultats d’une quarantaine de recherches, démontrant plus précisément le potentiel de la cannelle dans la prévention et la réduction des troubles de la mémoire et de l’apprentissage.
La cannelle est une épice issue de l’écorce interne d’une variété d’arbres appelée cannelier. La cannelle de Ceylan, la plus populaire, est surtout cultivée en Asie du Sud-est, aux Seychelles et à Madagascar, et peut également être produite à partir des fleurs et des fruits du Cinnamomum verum. En comparaison des autres variétés comme le Cinnamomum aromaticum ou Cassia (les plus utilisés dans l’alimentation), le Cinnamomum verum serait particulièrement riche en composés bioactifs (terpènes, flavonoïdes, phénols, etc.), bénéfiques pour la santé.
La cannelle est d’ailleurs utilisée depuis des siècles dans de nombreuses médecines traditionnelles (arabo-musulmane, chinoise, égyptienne, …). Aujourd’hui, la célèbre épice fait l’objet de recherches destinées à l’industrie pharmaceutique. Ces dernières explorent notamment ses propriétés antioxydantes (utiles à la prévention du cancer), anti-inflammatoires, antimicrobiennes, antidiabétiques, etc.
La nouvelle étude, parue dans la revue Nutritional Neuroscience, se penche sur de supposés bienfaits sur les fonctions cérébrales, notamment la mémoire et l’apprentissage. « Cette étude visait à examiner systématiquement les études sur la relation entre la cannelle et ses composants clés avec la mémoire et l’apprentissage », écrit dans la nouvelle étude l’équipe de Samaneh Nakhaee, chercheur au Centre de recherche de toxicologie médicale et de toxicomanie à l’Université des sciences médicales de Birjand, en Iran.
La cinnamaldéhyde, l’un des principaux composés actifs de la cannelle, aurait notamment des effets neuroprotecteurs, en modulant la neuroinflammation, en supprimant le stress oxydatif et en améliorant la connexion synaptique. De ce fait, elle pourrait aider à prévenir certaines maladies neurodégénératives telles qu’Alzheimer et Parkinson.
Pour faire le tri entre les études pertinentes ou non, les chercheurs iraniens ont collecté un ensemble de 2605 recherches différentes, issues de plusieurs bases de données en ligne, telles que Google Scholar et Web of Science. À la suite d’enquêtes d’éligibilité, seules 40 ont été retenues pour leur pertinence.
40 études sélectionnées pour leur pertinence
Les facteurs d’éligibilité établis par les chercheurs pour la sélection des 40 études comprenaient les auteurs, l’année de publication, le composé ou la variété de cannelle étudiée, la population étudiée et la taille des échantillons, les doses de cannelle ou de ses composants bioactifs utilisés, le sexe et l’âge des participants, la durée et la méthode d’analyse et les résultats obtenus. À partir de ces données, la qualité et la fiabilité des études ont été évaluées, en analysant leur conception, leurs critères d’inclusion et autres aspects méthodologiques.
Parmi les 40 études sélectionnées, 33 incluaient des tests in vivo, 5 incluaient des tests in vitro et 2 des essais cliniques. Les résultats des 33 études in vivo ont montré que des composés actifs de la cannelle (eugénol, cinnamaldéhyde, acide cinnamique) pouvaient moduler positivement les fonctions cognitives. Celles in vitro ont démontré un effet de réduction de l’accumulation des protéines tau et bêta-amyloïde, des caractéristiques couramment observées dans les maladies neurodégénératives. Une augmentation de la viabilité cellulaire a également été observée.
Du côté des deux études cliniques, l’une a été menée sur des adolescents à qui l’on avait demandé de mâcher des gommes à la cannelle sur une durée déterminée. Les résultats ont été positifs au niveau de la mémorisation et de la réduction de l’anxiété. L’autre étude concernait des adultes pré-diabétiques à qui l’on a demandé de consommer 2 grammes de cannelle par jour. Dans ce cas précis, aucun changement significatif sur les capacités cognitives n’a été observé.
Bien que la plupart des études aient suggéré que la cannelle pouvait prévenir certains troubles des fonctions cognitives, plus de recherches sont nécessaires pour pouvoir en établir exactement les bienfaits. « Elle peut être utilisée comme adjuvant dans le traitement de maladies apparentées. Cependant, plus d’études doivent être faites sur ce sujet », concluent les chercheurs dans la nouvelle étude.