Des cellules souches pour réparer la peau endommagée par le soleil

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La principale cause de dégénérescence cutanée au niveau du visage est l’âge, auquel s’ajoute l’exposition chronique au soleil. On parle alors d’« élastose solaire » : des ridules apparaissent et la peau devient plus sombre et plus épaisse. Le phénomène est dû à la dégradation de la matrice d’élastine, une protéine fibreuse qui confère à la peau son élasticité. Depuis quelque temps, les chirurgiens-plasticiens utilisent des cellules souches mésenchymateuses autologues du tissu adipeux pour régénérer la peau endommagée par un traumatisme ou une dégénérescence.

En d’autres termes, il s’agit de prélever sur le patient des cellules graisseuses, d’en réaliser une expansion in vitro, puis de les réinjecter au niveau du derme profond du visage pour réparer la matrice d’élastine (les cellules souches mésenchymateuses sont une population cellulaire capable de réparer et régénérer les tissus). La technique est efficace, mais personne ne savait jusqu’alors comment agissaient exactement ces cellules souches et quels changements structurels elles induisaient. Une nouvelle étude lève le voile sur leur mode d’action…

Des cellules souches qui réparent les dégâts

Il existe trois sortes de fibres élastiques, qui donnent à la peau son élasticité : les fibres oxytalanes, les fibres d’élaunine et les fibres élastiques dites « matures ». Toutes trois se distinguent par leur composition en microfibrilles et en élastine. C’est cette dernière qui confère aux fibres élastiques leur élasticité et leur résilience et qui permet ainsi à la peau de reprendre sa position d’origine quand elle est pincée ou étirée.

Mais avec l’âge et les rayons UV, une dégénérescence progressive de l’ensemble du réseau d’élastine se produit dans le derme profond. Les principales fibres élastiques deviennent tortueuses, s’épaississent et s’emmêlent, puis elles se dégradent et n’assurent plus leur rôle : des symptômes caractéristiques de l’élastose solaire. La perte globale marquée de collagène et l’épaississement des fibres élastiques provoquent une accumulation d’élastine dysfonctionnelle dans la peau des personnes âgées.

Pour pallier ces effets, la thérapie par cellules souches mésenchymateuses (MSC) pratiquée aujourd’hui par les médecins offre de bons résultats. Et pour cause, ces cellules sont connues pour leur forte action paracrine sur les cellules dermiques (autrement dit, elles communiquent très bien avec les cellules de la peau, via des messages chimiques). Elles stimulent l’angiogenèse (le processus de croissance de nouveaux vaisseaux sanguins à partir de vaisseaux existants) et modulent l’inflammation, la douleur et la tolérance immunitaire.

Une étude publiée dans la revue Plastic and Reconstructive Surgery révèle que ce traitement élimine le réseau d’élastine endommagé par le soleil et le remplace par des tissus sains, même dans les couches profondes du derme ! Rod J. Rohrich, rédacteur en chef de Plastic and Reconstructive Surgery, propose en vidéo une présentation de la thérapie MSC et de ses effets bénéfiques sur la peau :

Pour parvenir à cette conclusion, une équipe de chercheurs brésiliens et italiens a étudié les effets de la thérapie MSC sur une vingtaine de patients présentant un photovieillissement, âgés de 45 à 65 ans, qui s’apprêtaient à subir un lifting du visage. Ces patients étaient tous originaires du nord-est du Brésil, une région particulièrement ensoleillée. Tous étaient en bonne santé et aucun ne fumait.

Ils ont prélevé sur chaque patient, par liposuccion, un échantillon de cellules graisseuses de l’abdomen, qu’ils ont ensuite cultivées en laboratoire afin de créer des cellules souches propres à chacun. Puis, celles-ci ont été injectées sous la peau du visage, juste devant l’oreille, à 2 cm du tragus. À noter que mis à part quelques ecchymoses ou œdèmes apparus juste après l’injection et résorbés en moins de 48 heures, aucune réaction cutanée ultérieure (inflammation, nécrose, etc.) n’a été observée. Au contraire, les chercheurs ont constaté une amélioration considérable de la qualité de la peau au niveau de la zone traitée. Lorsque les patients ont subi leur opération de lifting trois à quatre mois plus tard, les chercheurs ont comparé des échantillons de peau de la zone traitée avec des cellules souches avec la peau des zones non traitées.

Une réparation et un nettoyage « en profondeur »

L’analyse histologique et structurelle des échantillons au microscope a démontré que le traitement MSC avait entraîné une amélioration de la structure cutanée globale. Les zones traitées affichaient même une « inversion partielle ou étendue » des signes typiques de l’élastose solaire ! En outre, dans le derme (la couche qui se trouve sous la surface de la peau), au niveau des zones traitées par les cellules souches – auparavant dépourvues de réseau élastique d’oxytalane et d’élaunine – apparaissait un tout nouveau réseau organisé de faisceaux de fibres et un remodelage de la matrice extracellulaire cutanée.

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Système de fibres élastiques dans le derme de la peau du visage exposée au soleil, traitée et non traitée. À gauche : échantillon cutané obtenu avant l’injection de cellules souches mésenchymateuses adipeuses : on observe une diminution significative des fibres d’oxytalane et d’élaunine. À droite : présence accrue et ordonnée de fibres d’oxytalane et d’élaunine après traitement par cellules souches (flèches). En bas : représentation graphique du système de fibres élastiques dans le derme. Crédits : Charles-de-Sá et al.

Dans la couche plus profonde, l’hypoderme, l’accumulation de dépôts d’élastine dégradée due au soleil a été remplacée par un réseau de fibres élastiques cohérent, correspondant à l’élasticité normale du derme. Ces changements étaient accompagnés de marqueurs moléculaires des processus impliqués dans l’absorption d’élastine « anormale » et le développement d’une élastine saine.

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Système de fibres élastiques dans le derme profond de la peau du visage, non traitée et traitée. À gauche : échantillon cutané obtenu avant le traitement par cellules souches : on observe l’accumulation de matériel élastotique (élastose solaire), représentée par une coloration à l’orcéine oxydée. À droite : échantillon cutané montrant, après traitement, une réduction de la masse élastique colorée dans le derme réticulaire. En bas : représentation graphique du système de fibres élastiques dans le derme profond. Une diminution significative du matériau élastotique a été observée dans la peau traitée. Crédits : Charles-de-Sá et al.

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Ces observations suggèrent que les cellules souches injectées ont spontanément déclenché plusieurs processus inhérents à la régénération, tant au niveau cellulaire que moléculaire. La thérapie MSC, à partir de cellules graisseuses du patient, est donc une méthode particulièrement efficace pour régénérer la matrice élastique dermique : son action anti-âge sur la peau humaine abîmée par le soleil est avérée. « La reconstruction de structures sous la surface se traduit par de véritables améliorations de la force et de l’apparence du derme facial », souligne Rod J. Rohrich.

Source : Plastic and Reconstructive Surgery, Charles-de-Sá et al.

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