L’analyse des biomarqueurs sanguins peut fournir de précieux indices sur les raisons de la longévité des centenaires. Une vaste étude portant sur 44 636 personnes révèle notamment que les niveaux de certains biomarqueurs tels que le glucose et le cholestérol total présentent des différences substantielles chez les centenaires. Cela pourrait entre autres confirmer le rôle déterminant du mode de vie dans la réduction de la mortalité et l’état de santé à long terme.
Auparavant considérés comme rares, les centenaires constituent désormais le groupe démographique à la croissance la plus élevée au monde. Leur nombre a considérablement augmenté, doublant tous les 10 ans depuis les années 1950 et devrait quintupler d’ici 2050. Leur longévité exceptionnelle est le résultat d’une interaction complexe entre différents facteurs génétiques et liés au mode de vie. Cependant, les mécanismes sous-jacents à cette corrélation demeurent en grande partie incompris.
Des études ont précédemment mis en lumière différents gènes potentiellement impliqués dans la longévité des centenaires. Toutefois, ces dernières manquaient de précision, car elles se concentraient généralement sur des résultats spécifiques en matière de santé. En revanche, l’analyse des biomarqueurs peut fournir des informations plus généralisées sur l’état de santé, avant même que les symptômes directement observables surviennent. De plus, il a été démontré que plus tôt dans leur vie, ces groupes de personnes présentaient déjà moins de handicaps, de comorbidités et de meilleures fonctions cognitives que les non-centenaires — ce qui rajoute à la pertinence de l’examen des biomarqueurs.
Une analyse à grande échelle et à long terme
Des recherches ont antérieurement révélé qu’un faible taux d’inflammation médiée par l’interleukine-6, le facteur de nécrose tumorale alpha et la protéine C-réactive (CRP) était lié à une longévité exceptionnellement longue. La survie à un âge avancé était également associée à un niveau réduit de créatinine ainsi que d’autres biomarqueurs circulants (peptide natriurétique de type pro-B N-terminal, interleukine-6, cystatine C et cholinestérase). En outre, les centenaires présentaient des niveaux réduits de cholestérol total ainsi qu’une meilleure tolérance à l’insuline.
Cependant, il est important de noter que les biomarqueurs évoluent avec l’âge, ce qui signifie qu’il est difficile de tirer des conclusions à partir d’études à court terme et d’échantillons prélevés à différents âges. D’autre part, seules quelques rares études ont examiné la manière dont les profils de biomarqueurs des centenaires diffèrent de ceux des non-centenaires plus tôt dans leurs vies, lorsqu’ils avaient le même âge. En effet, les médecins estiment que la sélectivité en matière de santé débute bien avant l’âge de 85 ans.
Par ailleurs, les centenaires ne constituent pas une population biologiquement homogène. Or, la plupart des recherches précédentes ont non seulement été menées à petite échelle, mais s’étaient également concentrées sur des groupes isolés, excluant par exemple les centenaires résidant en maison de retraite. La nouvelle étude, dirigée par l’institut suédois Karolinska, inclut quant à elle une large population et constitue la plus vaste recherche à ce jour se consacrant aux profils de biomarqueurs mesurés tout au long de la vie chez des personnes à l’espérance de vie exceptionnellement longue (et chez leurs pairs à l’espérance de vie plus courte). « Découvrir l’hétérogénéité potentielle de ces profils il y a plus de dix ans pourrait nous aider à comprendre les caractéristiques des trajectoires de santé associées à une longévité exceptionnelle », expliquent-ils dans leur article, publié dans la revue Gero Science.