Des chercheurs ont découvert chez les souris des changements du comportement provoqués par la consommation d’émulsifiants, et que le sexe de l’individu aurait une influence sur le type d’effets engendrés.
L’ajout d’additifs dans les aliments a depuis longtemps inquiété la communauté scientifique. Et pour cause, de nombreuses recherches réalisées par le passé ont justifié ce scepticisme. Non seulement les aliments transformés sont associés à un risque de prise de poids, mais le comportement peut également être affecté.
Alors que de précédentes études avaient démontré le risque d’apparition de cancer et de troubles psychologiques par la consommation de certains conservateurs, des neuroscientifiques de l’Université d’Etat de Géorgie aux États-Unis ont trouvé une corrélation entre d’autres additifs et un changement de comportement.
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Le groupe est spécialisé sur les effets des émulsifiants synthétiques, qui sont utilisés pour donner une certaine texture et améliorer la durée de conservation de l’aliment. Un lien avait déjà été démontré entre ces composés et certaines maladies inflammatoires, comme la maladie de Crohn. L’équipe avait découvert que ces émulsifiants synthétiques pouvaient modifier la population de la flore intestinale.
Le principal objectif des scientifiques pour cette dernière recherche était d’observer si les émulsifiants de synthèse pouvaient également causer des inflammations au niveau du cerveau, et également altérer le comportement. Ils se sont focalisés sur le polysorbate 80 et le carboxyméthylcellulose, deux des émulsifiants les plus employés : leurs résultats ont montré qu’il y aurait bel et bien des effets sur le comportement.
Il est connu depuis quelques années que la flore microbienne présente dans l’intestin a un lien très étroit avec le système nerveux central. La plupart des troubles psychiques causés par une importante consommation d’additifs serait due à leurs effets sur cette population bactérienne. Il y a donc de fortes chances que ce soit également le cas avec les émulsifiants.
« Nous savons que l’inflammation amène les cellules immunitaires locales à produire des molécules de signalisation pouvant affecter les tissus situés ailleurs, notamment dans le cerveau », déclare Geert de Vries, responsable principal de la recherche. « L’intestin contient également des branches du nerf vague, qui forme une voie d’information directe vers le cerveau ».
L’équipe a donné à des souris mâles et femelles de l’eau, dans laquelle ils ont ajouté les deux émulsifiants. Ils ont constaté des résultats différents chez les deux sexes : les mâles montraient des signes typiques d’anxiété, tandis que les femelles avaient un comportement moins social.
Selon De Vries, il se pourrait que la composition du microbiome dans l’intestin, ainsi que les différences liées au sexe dans le système immunitaire en seraient la cause. « Nos données suggèrent que ces changements du microbiote spécifiques au sexe pourraient contribuer aux différences de comportement entre les sexes », ajoute t-il.
Même si leur recherche a été effectué sur des souris, le groupe espère qu’elle pourrait être utilisée par d’autres chercheurs pour répondre à certaines questions restées sans réponse jusqu’à aujourd’hui, concernant la relation entre la flore intestinale et le cerveau humain.
« Nous étudions actuellement les mécanismes par lesquels les émulsifiants alimentaires ont un impact sur le microbiote intestinal, ainsi que la pertinence de ces résultats pour l’Homme », ajoute l’auteur de la recherche, Benoit Chassaing.