Au cours des premières semaines après la naissance, les nourrissons apprennent encore à régler leur rythme circadien, et ont de ce fait parfois beaucoup de mal à s’endormir. Il arrive alors qu’ils pleurent sans raison apparente, induisant chez les parents beaucoup de fatigue et de stress. Une étude comportementale parue dans la revue Current Biology a peut-être mis la main sur la meilleure astuce simple pour calmer un bébé en pleurs. Bien que l’étude ne soit pas encore assez étendue, elle révèle déjà un important indice montrant que le simple fait de transporter un bébé a pour effet de calmer son rythme cardiaque, une stratégie appliquée par de nombreux autres mammifères.
Les pleurs d’un nourrisson sont sans doute l’une des plus grandes sources de stress et de fatigue des jeunes parents. De ce phénomène vient la célèbre expression selon laquelle l’enfant n’aurait pas encore « fait ses nuits », pleurant excessivement dans 20 à 30% des cas.
Les cours prénataux et les astuces d’autres parents plus expérimentés peuvent aider, en tentant par exemple de bercer l’enfant pour qu’il s’arrête de pleurer et s’endorme. Cependant, des chercheurs du centre de neurologie de Saitama (au Japon) ont révélé que tenir le bébé dans ses bras en étant assis aurait pour effet d’augmenter son rythme cardiaque. Même en le berçant, il finirait par être encore plus éveillé. Pris au dépourvu, les parents font alors appel à toutes sortes de méthodes pour tenter de calmer l’enfant : donner le biberon même quand ils n’ont plus faim, dormir avec eux dans le même lit, allumer la télévision, etc.
Les scientifiques auraient découvert une astuce bien meilleure et plus simple : il suffirait apparemment de prendre l’enfant dans ses bras et de le promener quelques minutes (cinq à huit minutes de marche environ). Le transport sur un sol plat, dégagé, à un rythme régulier, sans arrêt et sans virage brusque, aurait notamment pour effet de calmer le bébé et de ralentir son rythme cardiaque. Sur les 26 nourrissons ayant participé à l’étude, plus de la moitié s’est endormie (après avoir pleuré) grâce à cette méthode, et ce même pendant la journée.
Le prochain défi est ensuite de pouvoir mettre l’enfant au lit, où il arrive souvent qu’il se réveille dès qu’on le pose et dès que sa tête est inclinée vers l’arrière (environ 20 secondes après). Selon les chercheurs de l’étude, la solution serait de rester assis cinq minutes de plus avec le bébé endormi dans les bras, en gardant bien son corps contre soi et en soutenant sa tête, avant de le poser. Sur les 13 bébés en pleurs, neuf sont restés endormis en utilisant cette méthode, et ce même avec des bruits alentour et des caresses.
Un comportement commun aux mammifères
D’après les chercheurs, le transport calmerait les nourrissons en raison d’une réponse activant le système vagal et l’apaisement comportemental — des effets également observés chez les mammifères nidicoles (les marsupiaux, les propithèques, certains rongeurs et primates arboricoles, etc.). Une étude antérieure menée par les mêmes chercheurs a montré que chez la souris, le mouvement de balancement régulier et le maintien du contact avec la mère favorisaient le sommeil de la portée. Il s’agit notamment de l’effet de l’activation d’un système sensoriel qui enregistre les informations telles que le mouvement de la tête et l’orientation spatiale. Cela expliquerait probablement les effets calmants du bercement chez l’enfant.
Le maintien pendant une certaine durée du contact mère-enfant serait également bénéfique, car le réveil de l’enfant lorsqu’on le pose dans son berceau serait induit par un état d’alerte provoqué par le détachement maternel. Dans les expériences de la nouvelle étude, même lorsque l’enfant ne pleurait pas, le fait de se faire porter le calmait, mais sans l’endormir. La réaction inverse serait observée lors d’une brusque séparation.
Le contact pourrait ainsi induire une coordination mutuelle cardiaque et nerveuse, induisant l’arrêt des pleurs et des gestes nerveux. Il y aurait également des « réponses coopératives », car dès que la mère prend le nourrisson dans ses bras, il se met aussitôt en position idéale pour être porté plus facilement et arrête de bouger, comme pour faciliter la tâche à sa mère. Le même comportement serait observé chez d’autres mammifères, dont les chatons par exemple, qui se recroquevillent afin d’être portés plus facilement quand leur mère les prend dans sa gueule.
Toutefois, l’étude est encore trop peu étendue pour véritablement confirmer ces hypothèses. De plus, plusieurs facteurs n’ont pas été pris en compte, comme les effets apaisants de la voix de la mère sur l’enfant, ou le fait que le bébé soit porté par quelqu’un d’autre que sa mère.