Une équipe internationale de chercheurs affirme avoir repéré des « formes de champignons » sur certains clichés capturés par les rovers Opportunity et Curiosity de la NASA, ainsi que par la caméra haute résolution HiRISE, fixée sur la sonde spatiale Mars Reconnaissance Orbiter (MRO). Cependant, les éléments sur lesquels se base leur hypothèse sont déjà lourdement critiqués par la communauté scientifique.
À l’heure actuelle, c’est le rover Perseverance qui se trouve sous le feu des projecteurs. Sa mission consiste à prélever et stocker des échantillons de roches martiennes, susceptibles de contenir des traces de vie ancienne ; selon les scientifiques, la zone d’exploration du robot — dans le cratère Jezero — est en effet un ancien lac, qui aurait pu potentiellement abriter une quelconque forme de vie.
Mais les autres rovers de la NASA, Opportunity et Curiosity, arrivés sur Mars en 2004 et 2012 respectivement, ont vraisemblablement déjà trouvé des signes de vie extraterrestre, relativement avancée, sous la forme de « spécimens martiens ressemblant à des champignons », selon un nouvel article publié dans la revue Advances in Microbiology.
Des spécimens qui grandissent ou disparaissent
L’équipe, qui comprend des spécialistes du Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics, de l’Université George Mason et de l’Académie chinoise des sciences, pense avoir trouvé des preuves photographiques d’une variété d’organismes ressemblant à des champignons, dont certains ressemblent à des vesses-de-loup, des champignons en forme de petites boules blanches que l’on trouve en abondance sur Terre. Les séquences de photos prises par les rovers montrent en effet des spécimens similaires à des champignons émergeant du sol.
Les images montrent en outre que ces organismes augmentent en taille. Les scientifiques ont également remarqué qu’après que les roues du rover ont écrasé certains de ces pseudo-champignons, de nouvelles sphères, dont certaines avec des tiges, sont réapparues au même endroit. De plus, dans une série de photographies sur trois jours martiens — relayées par la sonde Mars Reconnaissance Orbiter —, des spécimens amorphes blancs, localisés dans des abris sous roche, ont changé de forme et d’emplacement, puis ont soudainement disparu. L’équipe signale par ailleurs que des spécimens noirs ressemblant eux aussi à des champignons sont apparus à l’intérieur d’un compartiment de rover ouvert — suggérant que cette forme de vie pourrait pousser sur n’importe quelle surface, et pas seulement sur le sol martien.
Des séquences d’images ont montré que des milliers d’« aranéiformes » noirs poussent jusqu’à 300 mètres au printemps et disparaissent en hiver ; un phénomène qui se répète chaque printemps et qui pourrait représenter des colonies massives de champignons noirs, de moisissures, de lichens, d’algues, de méthanogènes et d’espèces réductrices de soufre. La plupart des organismes terriens ne survivraient pas sur Mars, mis à part certains micro-organismes tels que les champignons. Ces derniers sont capables de se développer dans des environnements à rayonnement intense.
Une conclusion qui nécessite davantage de preuves
Pour les auteurs de la découverte, sachant qu’une variété d’organismes terrestres survivent à des conditions extrêmes semblables à celles de Mars, il aurait été presque étonnant de ne détecter aucune forme de vie sur la planète rouge. « Compte tenu de la probabilité que la Terre ait ensemencé Mars avec de la vie et que la vie ait été transférée à plusieurs reprises entre les mondes, il serait surprenant qu’il n’y ait pas de vie sur Mars ».
L’équipe soutient ainsi que ces formes de vie martiennes auraient évolué de manière à s’adapter aux basses températures, à la disponibilité intermittente de l’eau, aux faibles quantités d’oxygène libre et aux niveaux élevés de radiation, qui caractérisent cette planète. Mais les chercheurs émettent toutefois un bémol, soulignant que « les similitudes morphologiques [avec les champignons terrestres] ne sont pas une preuve de vie ». Ils ajoutent que les formes identifiées pourraient également être des minéraux, ou les fruits de la météorisation ou de forces géologiques inconnues, qui sont propres à la planète Mars. Pour le moment, aucune hypothèse ne peut être écartée.
Néanmoins, selon eux, la croissance, le mouvement et les changements de forme et d’emplacement de ces supposés champignons constituent et soutiennent l’hypothèse qu’il y a bel et bien de la vie sur Mars.
Certains scientifiques demeurent pourtant sceptiques sur cette découverte et pointent du doigt qu’une telle affirmation nécessite bien plus de preuves qu’une analyse morphologique à partir de photographies. En outre, l’un des auteurs de l’étude, Rhawn Gabriel Joseph, est connu pour ces théories quelque peu farfelues et peu orthodoxes. Cette étude inédite va donc être scrupuleusement examinée par les pairs des chercheurs.