La preuve scientifique est désormais faite. Notre stress a une odeur bien particulière, et celle-ci peut être détectée par les chiens. Une série de tests a été menée en Irlande du Nord pour arriver à cette conclusion. Quatre chiens ont montré des résultats remarquables.
Les chiens sont déjà régulièrement utilisés dans le milieu médical, comme support émotionnel aux patients et même pour détecter certaines maladies/infections (dont la COVID-19). Ils sont connus pour avoir un lien particulier à l’homme, et sont capables de discerner bien des changements d’état. Cependant, aucun test n’avait été mené spécifiquement pour savoir si les chiens sont capables de discerner le stress chez l’humain en utilisant uniquement leur flair.
Les scientifiques ont d’abord dû revenir, tout simplement, sur la définition même du stress : « Bien qu’il existe de nombreuses définitions du stress, il est généralement défini comme une réponse physiologique et psychologique à une situation difficile (c’est-à-dire un facteur de stress) qui est exacerbée lorsqu’un individu ne se sent pas confiant dans sa capacité à surmonter le facteur de stress », peut-on lire dans leurs travaux de recherches, publiés dans le journal Plos One.
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Lorsqu’un tel état survient, notre corps réagit d’une manière bien particulière. De l’épinéphrine et du cortisol, deux hormones, sont notamment libérés dans notre sang. Elles accompagnent une augmentation du rythme cardiaque, de la pression sanguine, ainsi qu’une accélération de la respiration et un arrêt de la digestion. Ce sont ces signaux biochimiques qui ont pu être détectés par les chiens lors des essais. Les quatre animaux sélectionnés ont atteint une précision de 93% dans leur détection.
De nombreuses études existent sur les chiens. Les scientifiques savent donc déjà que le flair exceptionnel de ces compagnons canins leur prodigue des informations clefs sur leur environnement. Détection des prédateurs potentiels, localisation de la nourriture, identification des congénères…
Le stress de l’arithmétique
Dans le cas du stress chez l’humain, toutefois, de nombreux indicateurs peuvent intervenir pour leur délivrer cette information. Les chercheurs ont donc créé des conditions idéales pour ne tester que l’odorat. Ils ont commencé par rassembler 36 personnes, chez lesquelles ils ont généré du stress. Quoi de mieux pour cela que le calcul mental ? Les chercheurs ont demandé à leurs sujets tests de compter à rebours à haute voix de 9000 à 0, par tranche de 17, sans utiliser aucun support.
Chaque personne se trouvait face à deux chercheurs, qui lui assénaient des directives telles que « il est très important que vous effectuiez la tâche aussi rapidement et efficacement que possible », ou encore « vous devez continuer jusqu’à ce que la tâche soit terminée ». Lorsqu’une erreur était faite, le participant se voyait corrigé d’un « non », et son résultat précédent lui était redonné. Hormis sur quelques personnes, chez qui cette situation générait une émotion positive, l’exercice a, sans surprise, très bien fonctionné pour créer une situation de stress.
Immédiatement après cela, un échantillon de salive et de respiration a été prélevé et présenté aux quatre chiens. Les chiens en question avaient été préalablement entraînés à reconnaître les échantillons et à y réagir. Afin de réaliser le test, ils ont dû sentir l’échantillon prélevé après l’exercice, mais aussi un échantillon prélevé avant, ainsi qu’un qui ne contenait rien.
Les testeurs à quatre pattes ont très bien réussi leur exercice. Que faire, donc, de ces recherches ? Julia Meyers-Manor, professeure de psychologie étudiant la cognition animale au Ripon College, a sa petite idée sur la question. La chercheuse, qui ne fait pas partie de ce projet, s’est exprimée auprès du média Inverse : « Peut-être pourrions-nous apprendre à ces chiens non seulement à réconforter, mais à prédire quand ce niveau de stress augmente », déclare-t-elle. « Cela les rend encore plus bénéfiques pour les gens parce que cela ouvre la possibilité de n’être pas seulement réactif, mais proactif, en essayant d’empêcher que cette réponse au stress ne devienne trop élevée ».
Cependant, le fait que les chiens aient la capacité physiologique de détecter le stress ne signifie pas pour autant qu’ils le fassent tous. « La question ici n’est pas de savoir si tous les chiens font cela », explique Julia Meyers-Manor, mais plutôt « les chiens peuvent-ils exploiter cela naturellement ? ». Inutile de bouder, donc, si votre compagnon à quatre pattes n’est pas à l’écoute de tous vos états d’âme.