Les chiens détectent la COVID-19 aussi bien que les tests PCR

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On les savait déjà capables de détecter un cancer et d’autres maladies humaines grâce à leur odorat exceptionnel, ainsi que dernièrement la COVID-19. Aujourd’hui, une étude initiée par l’École nationale vétérinaire d’Alfort, en collaboration avec l’unité de recherche clinique Necker-Cochin, confirme que les chiens sont particulièrement performants dans la détection de la COVID-19, avec une efficacité de 97%.

Le système olfactif des chiens est bien plus développé que le nôtre. Il se compose de 250 millions de cellules olfactives (contre seulement 5 millions chez l’humain) ; sa capacité olfactive s’avère ainsi jusqu’à 100 000 fois plus fine que celle de l’Homme : il peut détecter une odeur à partir de quelques microgrammes seulement de la substance considérée. À tel point que ces animaux construisent leur mémoire à partir des odeurs qu’ils rencontrent (à l’instar de notre mémoire visuelle).

Certaines races en particulier (labrador, berger allemand, fox-terrier, etc.) sont dotées d’un odorat tellement puissant que l’Homme exploite cette capacité dans diverses activités : police et secours (recherche de personnes disparues), douanes (recherche de substances illicites), chasse (recherche de gibiers), etc. L’usage des chiens dans un cadre médical est cependant bien moins répandu à ce jour. Cette nouvelle étude liée au dépistage de la COVID-19 pourrait toutefois les affecter bientôt à une nouvelle mission.

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Une aptitude canine indéniable

L’étude a été menée dans le cadre du projet « Nosaïs-Covid-19 », porté par le Pr Dominique Grandjean, de l’École nationale vétérinaire d’Alfort (EnvA), mis en place au printemps 2020. L’objectif du projet était d’évaluer si les chiens dressés pouvaient faire la distinction entre les échantillons de sueur provenant d’individus positifs à la COVID-19 symptomatiques (positifs au test PCR) et ceux d’individus asymptomatiques négatifs à la COVID-19.

Une première étude de preuve de concept — dont les résultats ont été publiés dans PLOS ONE au mois de décembre — avait impliqué six chiens de détection (trois chiens de détection d’explosifs, un chien de recherche et de sauvetage et deux chiens de détection du cancer du côlon) et 177 personnes (dont 95 avaient contracté la COVID-19). Les chiens avaient été dressés pendant une à trois semaines, de façon à reconnaître un échantillon de sueur d’une personne malade (le fait qu’il s’agisse de chiens déjà formés à la détection olfactive a permis d’accélérer le processus de formation). Le taux de réussite a varié de 76% à 100% pour chaque chien. Restait à confirmer ces résultats via des études de validation.

De nouveaux essais ont donc été menés en France, du 16 mars au 9 avril. Il s’agissait de comparer les deux méthodes de dépistage : le test RT-PCR sur prélèvement nasopharyngé et le test olfactif canin. Plus de 300 volontaires, âgés de 6 à 76 ans, ont participé à cette étude, au sein de deux centres de dépistage parisiens. On leur a demandé d’appliquer une compresse pendant deux minutes sous leurs aisselles, afin de les imprégner de sueur, puis ces compresses ont été enfermées dans des bocaux.

Ces échantillons ont ensuite été placés dans des cônes d’olfaction, puis reniflés par au moins deux chiens différents, aucun n’ayant été en contact avec les participants auparavant. Neuf chiens spécifiquement entraînés ont été sollicités pour cet essai. La détection a été réalisée en aveugle (les maîtres-chiens ne savaient pas quels échantillons étaient positifs). Sur les 335 personnes testées, 109 étaient positives lors du test RT-PCR (test de référence).

La sensibilité du test olfactif canin, autrement dit la capacité du chien à détecter les vrais positifs était de 97%, tandis que la spécificité, soit la proportion de vrais négatifs détectés, était de 91%. Des résultats qui sont « comparables à ceux obtenus avec le test de référence », souligne le Pr Tréluyer, de l’unité de recherche clinique Necker-Cochin.

Un projet à dimension internationale

Comment le chien détecte-t-il l’odeur de la COVID-19 ? Lorsque le virus infecte les cellules de l’organisme, il s’y réplique et produit des molécules spécifiques. Les déchets (catabolites) issus de ce processus sont ensuite évacués par les différents émonctoires (sueur, urine, etc.) ; les composés organiques volatils spécifiques qu’ils contiennent s’échappent dans l’air et viennent se fixer sur les récepteurs de la muqueuse olfactive du chien. Si ce dernier a été dressé à les reconnaître, cela provoque alors son réflexe de marquage.

Comme indiqué dans le communiqué de l’EnvA, les résultats de l’étude viennent donc confirmer scientifiquement la capacité des chiens à détecter une signature olfactive de la COVID-19. Cette étude devrait ainsi ouvrir la voie à une utilisation plus étendue du chien de détection olfactive dans le contexte pandémique actuel.

Les avantages d’une telle méthode de dépistage sont nombreux. Pour commencer, elle est bien moins invasive et moins désagréable que le prélèvement nasopharyngé. Ensuite, elle est extrêmement rapide : il ne faut qu’une fraction de seconde au chien pour renifler l’échantillon et le « marquer » s’il s’avère positif. Elle serait donc particulièrement pertinente dans les lieux nécessitant un dépistage de masse, comme les aéroports. Enfin, sa mise en œuvre est moins coûteuse.

L’EnvA souligne qu’une cinquantaine de pays travaillent aujourd’hui sur le sujet. Cette étude a d’ailleurs été menée en collaboration avec les Émirats arabes unis, qui ont déjà déployé des chiens à leurs frontières et dans les aéroports pour pratiquer le dépistage olfactif. L’Organisation mondiale de la santé soutient complètement le projet, via une subvention exceptionnelle et la création d’un groupe de travail international. En France, les académies de médecine et vétérinaire, ainsi que le Comité scientifique COVID-19 ont rendu des avis favorables à la recherche et au développement du chien de détection, ainsi qu’à son déploiement comme outil de dépistage ; une dizaine de chiens sont aujourd’hui opérationnels.

Source : École nationale vétérinaire d’Alfort

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