Un médicament visant à prolonger l’espérance de vie des races de chiens de grande taille et géantes est sur la bonne voie pour une approbation par la Food and Drug Administration américaine (FDA). Baptisé LOY-001, le médicament agit notamment en réduisant les niveaux de l’hormone IGF-1, impliquée dans leur croissance accélérée et leur métabolisme rapide. Des essais préliminaires ont montré des résultats prometteurs. Le produit devrait être disponible à la vente dès 2026.
Les propriétaires de chiens de grande race ou géants savent qu’une triste réalité pèse sur leurs animaux. Il est en effet bien établi que malgré leur taille imposante, ces chiens vivent beaucoup moins longtemps que leurs homologues plus petits. Alors que les corgis et les chihuahuas peuvent par exemple vivre jusqu’à 15 et 20 ans, les grands danois eux ne vivent que 7 à 10 ans en moyenne. Un écart de longévité aussi extrême est particulièrement inhabituel pour des animaux d’une même espèce. D’autant plus que dans la nature, une grande taille chez les mammifères est généralement associée à une longévité proportionnelle.
Alors pourquoi les chiens souffrent-ils d’une disparité aussi extrême dans leur espérance de vie ? Les scientifiques estiment que cela est en partie dû à des centaines d’années de sélections et de croisements ayant permis d’aboutir aux différentes races de chiens. Résultat : des chiens possédant des caractéristiques physiques uniques, mais aussi des problèmes de santé spécifiques aux races, tels que la dysplasie des hanches plus fréquente chez les bergers allemands.
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Les chiens de race mixte vivent d’ailleurs plus longtemps que leurs homologues de race pure, leur ascendance n’étant pas nécessairement présélectionnée. D’un point de vue génétique, l’hybridation améliore le patrimoine génétique, réduisant naturellement l’apparition de maladies héréditaires et augmentant les chances d’apparition de caractéristiques physiques avantageuses.
Développé par l’entreprise pharmaceutique Loyal Biotechnology, basée à San Francisco, LOY-001 vise à combler cet écart en améliorant la durée et la qualité de vie des chiens de grande taille et géants. Bien que le composé n’ait pas encore rempli toutes les conditions nécessaires pour une distribution à grande échelle, la FDA a décrété qu’il présentait déjà un taux d’efficacité et d’innocuité raisonnable pour passer les tests supplémentaires, avant la commercialisation. « Dans le langage réglementaire, nous avons terminé la partie relative à l’efficacité technique de notre demande d’approbation conditionnelle pour l’utilisation de LOY-001 dans le cadre de la prolongation de la durée de vie des grands chiens », explique Céline Halioua, PDG de l’entreprise.
Un médicament ralentissant le vieillissement
LOY-001 cible la voie de sécrétion de l’hormone de croissance IGF-1, l’une des voies de longévité les plus étudiées. De précédentes recherches ont notamment montré que chez les souris et les vers C. elegans, la réduction de l’hormone prolonge la durée de vie, tandis que son augmentation induit l’effet inverse. Chez l’homme, des niveaux très élevés ou très faibles de l’hormone augmentent le risque de mortalité, tandis qu’un niveau moyen est associé à une mortalité plus faible.
Chez les chiens de grande taille, il existe une variante génétique entraînant des niveaux très élevés d’IGF-1 (28 fois supérieurs) par rapport aux chiens de petite taille. Alors que les niveaux de cette hormone provoquent chez ces derniers une croissance très rapide au cours des premières années de leur vie, il est suggéré qu’elle accélère plus tard le vieillissement, réduisant ainsi l’espérance de vie. Les chercheurs de Loyal Biotechnology ont alors ciblé cette hormone, de sorte à en inhiber la sécrétion afin d’atteindre les niveaux observés chez les chiens de petite taille. « Nous ne créons pas de chiens immortels, pour être clairs, mais nous espérons que le rythme de vieillissement sera plus lent, ce qui signifie que l’animal sera en meilleure santé plus longtemps, et vivra probablement plus longtemps », précise Halioua.
Après avoir testé le composé sous forme d’injection sur 130 chiens de grande taille (présentant un vieillissement accéléré), les chercheurs ont pu observer une réduction significative d’IGF-1, atteignant notamment les niveaux observés chez les chiens de taille moyenne. Après analyse, une amélioration de plusieurs paramètres de longévité cliniquement pertinents a été constatée. Des effets secondaires ont été relevés seulement chez deux chiens (1,5%), qui ont eu des selles molles pendant 2 jours environ après l’injection. Au-delà de cette période, aucun effet secondaire notable n’a été constaté.
En prochaine étape, l’entreprise prévoit des essais plus vastes qui incluront environ 1000 chiens de compagnie de grande race ou géants. À noter que LOY-001 est spécifiquement destiné aux chiens en bonne santé âgés de plus de 7 ans et pensant au moins 18 kilogrammes. Le traitement doit être administré tous les 3 à 6 mois par un vétérinaire. L’entreprise travaille parallèlement sur plusieurs versions en pilule destinées aux mêmes catégories de chiens et aux chiens vieillissants de toutes races. La commercialisation ainsi que les essais pharmacoépidémiologiques devraient débuter d’ici 2026. Les experts suggèrent par ailleurs que les résultats pourraient avoir d’importantes implications pour la longévité chez d’autres espèces, y compris l’humain.