Selon le South China Morning Post, ce vaisseau serait si grand qu’il couvrirait des kilomètres ! La Fondation nationale des sciences naturelles de Chine a sollicité les scientifiques du pays afin de réfléchir à la façon la plus optimale de mettre un tel engin en orbite. Ce projet, financé à hauteur de 2,3 millions de dollars par la fondation, a pour but de faciliter l’exploration spatiale du pays et l’utilisation future des ressources spatiales.
Cette phase de conception devrait durer au moins cinq ans, période pendant laquelle les chercheurs seront chargés de minimiser le poids du vaisseau spatial afin de réduire le nombre de lancements et les coûts de construction. L’engin sera en effet si immense qu’il ne pourra évidemment être lancé en une seule fois. Il est également question d’assurer la contrôlabilité des structures pour limiter la dérive d’attitude, la déformation et les vibrations pendant le processus d’assemblage des différents modules.
C’est donc une nouvelle étape ambitieuse pour la Chine, dont le programme spatial a énormément progressé ces dernières années : après avoir été la première nation à faire atterrir un engin sur la face cachée de la Lune en janvier 2019 (la sonde Chang’e 4), elle est devenue en décembre 2020 le troisième pays à rapporter des échantillons lunaires sur Terre (via la sonde Chang’e 5), puis a récemment posé avec succès son rover Zhurong sur Mars, trois mois seulement après la NASA.
Un projet qui frôle la science-fiction
Avec un énorme vaisseau spatial en orbite, la Chine disposerait d’une plateforme lui permettant de passer encore plus de temps dans l’espace. « [Un tel vaisseau spatial] est un équipement aérospatial stratégique majeur pour l’utilisation future des ressources spatiales, l’exploration des mystères de l’univers et le maintien en orbite à long terme », peut-on lire dans la présentation du projet publié par la fondation. Les scientifiques participant au projet doivent à présent trouver le moyen de minimiser la masse de l’engin, tout en s’assurant qu’il résistera à la mise en orbite.
Ce projet ambitieux, qui frôle la science-fiction, intervient alors que la Chine est déjà en train de construire sa propre station spatiale, baptisée Tiangong. Cette station modulaire, assemblée elle aussi en orbite, est loin d’être aussi imposante que le vaisseau annoncé – sa masse finale devrait avoisiner les 100 tonnes, soit environ le quart de la Station spatiale internationale (qui pèse 420 tonnes). La construction devrait être achevée l’année prochaine.
Mais la mise en orbite d’un vaisseau « ultra large » constitue un défi bien plus difficile à relever. Pour comparaison, l’ISS mesure 109 mètres de bout en bout, soit quasiment la longueur totale d’un terrain de football, et offre 388 m³ de volume habitable ; pas moins de 42 vols d’assemblage (37 sur les navettes spatiales américaines et cinq sur les fusées russes) ont été nécessaires pour livrer les gros modules et autres pièces de la station.
Un nouveau moteur ultra puissant à l’essai
Le premier module de la Station spatiale chinoise a été placé en orbite au mois d’avril, via un lanceur lourd Longue Marche 5 ; ce dernier est capable de placer une charge utile de 25 tonnes en orbite basse. Mais la Chine est en train de travailler sur un nouveau moteur, d’une poussée de 500 tonnes, spécialement conçu pour ses fusées nouvelle génération Longue Marche 9, dont le premier vol est prévu pour 2030.
Les premiers essais du moteur réalisés plus tôt cette année le placent parmi les moteurs à combustible liquide les plus puissants au monde. Équipées de ce moteur, les fusées Longue Marche 9 devraient être capables de placer jusqu’à 140 tonnes en orbite terrestre basse. Ces lanceurs seront sans doute utilisés pour mettre les différents modules du vaisseau chinois géant en orbite si le projet voit le jour.
En parallèle, la Chine s’apprête à envoyer un vaisseau cargo sur Tiangong, pour y apporter diverses fournitures. Le vaisseau Tianzhou-3 et sa fusée porteuse (une Longue Marche 7) sont arrivés sur la base de lancement la semaine dernière ; le lancement est prévu pour la mi-septembre. Peu de temps après, en octobre, le Shenzhou-13 mènera trois astronautes à la station et reviendra avec l’équipage actuel, qui occupe les lieux depuis le mois de juin. Ce ne sont que les troisième et quatrième des 11 missions prévues pour achever la construction de la station spatiale ; deux autres modules devraient être lancés l’année prochaine.