Le dernier rapport du service Copernicus sur le changement climatique (C3S) indique que non seulement cette année est en passe de devenir la plus chaude jamais enregistrée, mais qu’elle sera probablement également la première à passer la barre de 1,5 °C au-dessus de la moyenne préindustrielle. Cela marque une nouvelle étape de dépassement qui devrait accélérer la mise en place de nouveaux objectifs climatiques mondiaux. Les observateurs s’inquiètent cependant du retour de Trump au pouvoir, sa politique pouvant potentiellement amorcer une importante régression dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Les analyses de température effectuées par le C3S sont basées sur les données ERA5 et ERA5-Land, des milliards de mesures provenant de satellites, de navires, d’avions et de stations météorologiques du monde entier. Le service révèle que le mois d’octobre dernier a été le deuxième plus chaud jamais enregistré à l’échelle mondiale, après octobre 2023. La température moyenne de l’air a atteint 15,25 °C, soit 0,8 °C au-dessus de la moyenne entre 1991 et 2020 et 1,65 °C au-dessus du niveau préindustriel. La température moyenne au cours des 12 derniers mois (de novembre 2023 à octobre 2024) est passée au-dessus de 1,62 °C par rapport à 1850-1900.
La trajectoire de réchauffement actuelle indique que cette année pourrait dépasser le record de 2023. Il faudrait en effet que l’élévation de température moyenne mondiale avoisine zéro degré pour que 2024 ne soit pas l’année la plus chaude, ce qui semble peu probable. En outre, étant donné que la température annuelle en 2023 était de 1,48 °C au-dessus du niveau préindustriel, 2024 pourrait ainsi être la première année à dépasser la limite de 1,5 °C établie par l’Accord de Paris.
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« Après 10 mois en 2024, il est désormais pratiquement certain que 2024 sera l’année la plus chaude jamais enregistrée et la première année où les températures dépasseront de plus de 1,5 °C les niveaux préindustriels selon l’ensemble de données ERA5 », explique dans un communiqué Samantha Burgess, directrice adjointe du C3S.
En Europe, la température moyenne au cours du mois dernier était de 10,83 °C (1,23 °C au-dessus de la moyenne entre 1991 et 2020), ce qui en fait le 5e mois d’octobre le plus chaud enregistré sur le continent. Des hausses inhabituelles de température ont également été observées dans le nord du Canada, dans le centre et l’ouest des États-Unis, dans le nord du Tibet, au Japon et en Australie.
La température océanique a également enregistré des anomalies, atteignant notamment 20,68 °C le mois dernier, ce qui en fait la deuxième la plus élevée après octobre 2023. Bien que les océans pacifique oriental et central équatorial aient enregistré des températures inférieures à la moyenne en raison de l’effet La Niña, les températures marines étaient tout de même inhabituellement élevées dans de nombreuses régions. À noter que ces données sont basées sur des mesures effectuées à environ 10 mètres de profondeur et pourraient différer de celles relevées par l’instrument OISST de la NOAA, qui effectue les mesures à 20 centimètres de profondeur.
Des événements météorologiques extrêmes dans le monde entier
Ces températures inhabituellement élevées ont engendré des événements météorologiques extrêmes partout dans le monde. Des pluies torrentielles se sont par exemple abattues dans l’ensemble de la péninsule ibérique, en France, dans le nord de l’Italie, en Norvège, dans le nord de la Suède et à l’est de la mer Noire. En Espagne, les pluies ont provoqué des inondations dévastatrices dans la région de Valence, faisant plus de 200 morts.
De fortes précipitations ont également été observées dans le sud et l’est de la Chine, dans l’ouest de l’Australie, dans le sud du Brésil et en Floride. Cette dernière a connu deux ouragans dévastateurs à deux semaines d’intervalles, provoquant des dégâts estimées à 50 milliards de dollars et contraignant plus de 80 000 personnes à se déplacer.
En revanche, les précipitations ont été inférieures à la moyenne dans la majeure partie de l’Europe de l’est, notamment une partie de la Russie, la Grèce et l’ouest de la Turquie. Des sécheresses prolongées ont été observées dans la majeure partie des États-Unis, dans les plaines centrales d’Australie, dans une grande partie de l’Afrique australe et de Madagascar (provoquant de graves problèmes d’approvisionnement énergétique), ainsi que dans certaines régions de l’Argentine et du Chili.
Réélection de Trump : une régression climatique à venir ?
Selon Burgess, les températures de cette année « marquent une nouvelle étape dans les relevés de température mondiale et devraient servir de catalyseur pour relever les ambitions de la prochaine conférence sur les changements climatiques, la COP29 ». Cependant, la réélection de Trump pourrait entraver ces efforts, ce dernier ayant promis d’augmenter la production de combustibles fossiles du pays et d’assouplir les réglementations concernant les émissions de gaz à effet de serre. Le président entrant a même déclaré dans son programme électoral qu’il allait une fois de plus retirer les États-Unis de l’Accord de Paris. Il prévoit en outre de démanteler une grande partie des services climatiques du gouvernement fédéral.
En tant que première puissance mondiale et l’un des pays les plus influents au monde, les États-Unis occupent une place majeure dans la lutte contre le réchauffement climatique. Au cours des 4 dernières années, l’administration Biden-Harris a réussi l’exploit d’être celle ayant pris le plus de mesures pour le climat par rapport aux précédents gouvernements. Cela incluait par exemple l’augmentation des financements pour les énergies renouvelables. Les décisions de Trump pourraient annihiler ces efforts et entamer potentiellement une régression climatique à l’échelle mondiale.