Une clinique prétend « nettoyer » le sang des microplastiques : percée scientifique ou mirage ?

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Alors que la présence de microplastiques dans l’environnement et l’organisme humain suscite une inquiétude croissante, une clinique londonienne affirme avoir mis au point une méthode inédite pour éliminer ces particules du corps. Une promesse vantée par ses promoteurs, mais accueillie avec prudence par la communauté scientifique.

Les microplastiques — fragments de polymères de moins de cinq millimètres — se sont infiltrés dans l’ensemble des écosystèmes de la planète. De l’Antarctique aux abysses océaniques, en passant par l’air ambiant et notre alimentation, ces particules sont désormais omniprésentes.

Issues principalement de la dégradation des plastiques d’usage courant — emballages alimentaires, bouteilles, textiles synthétiques —, elles ont été détectées dans diverses parties du corps humain : tube digestif, placenta, poumons, foie, reins, et plus récemment, cerveau.

Une étude publiée en février dernier a rapporté la présence de nanoplastiques, dans le tissu cérébral, dans des quantités équivalentes à une cuillère à café, avec des niveaux plus élevés chez les patients atteints de maladies neurodégénératives.

Malgré leur ubiquité, les effets des microplastiques sur la santé humaine demeurent mal cernés. L’Organisation mondiale de la santé, à l’instar d’une large majorité d’experts, reconnaît un déficit criant de données scientifiques permettant d’évaluer leur impact à long terme.

À ce jour, les recherches se focalisent davantage sur les mécanismes de détection que sur les conséquences sanitaires directes. Leur présence ne menace pas seulement l’homme : selon une étude récente, en perturbant la photosynthèse dans les écosystèmes marins, les microplastiques pourraient compromettre la sécurité alimentaire de près de 400 millions de personnes d’ici à 2040.

Aucune méthode éprouvée ne permet aujourd’hui d’extraire les microplastiques des tissus humains. Si des voies naturelles d’élimination — par les selles, l’urine ou la sueur — sont évoquées, leur efficacité n’a pas encore été démontrée. D’autres recherches, menées sur des cellules ou des modèles animaux, explorent des pistes de décontamination, sans qu’aucune ne soit transposable à l’humain à ce stade.

Une clinique annonce une solution de « nettoyage »

Dans ce contexte encore incertain sur le plan scientifique, Clarify Clinics, un établissement médical privé installé près de Harley Street à Londres, s’est distingué en proposant un protocole affirmant pouvoir éliminer entre 90 % et 99 % des microplastiques présents dans le sang.

« Une fois lancé, on ne ressent rien. C’est très confortable », assure Yael Cohen, directrice générale de Clarify Clinics, dans un entretien accordé au magazine Wired, à propos de sa procédure baptisée « Clari », facturée plus de 12 000 dollars la séance. « Les patients répondent au téléphone, participent à des visioconférences, regardent des films ou dorment. Ceux qui dorment sont mes préférés », ajoute-t-elle.

Mis au point par David Cohen, le dispositif s’inspire de l’aphérèse, une technique médicale consistant à prélever le sang pour en extraire certains composants — méthode notamment utilisée pour les dons de plasma ou les échanges thérapeutiques.

Dans le détail, le sang est prélevé puis dirigé vers une machine Terumo, qui le sépare entre globules rouges et plasma. Le système, selon ses inventeurs, capterait les microplastiques et autres toxines présents dans le plasma, avant que celui-ci, purifié, ne soit réinjecté dans l’organisme. D’après Yael Cohen, la procédure séduit une clientèle souffrant de fatigue chronique, de troubles cognitifs, de symptômes persistants post-Covid ou encore de lupus.

Des preuves scientifiques encore limitées

L’initiative de Clarify Clinics soulève cependant des interrogations importantes, notamment sur l’éthique d’une commercialisation de traitements dont l’efficacité n’a pas encore été démontrée par des études indépendantes.

À ce jour, aucun travail scientifique rigoureux, conduit par une instance extérieure, n’est venu confirmer les résultats avancés. La clinique se repose essentiellement sur des témoignages de patients et des données internes, notamment sur l’amélioration du sommeil, pour étayer ses affirmations.

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