Une étude réalisée par l’Université de Winchester a révélé que 50 % des propriétaires d’animaux domestiques (chiens et chats) nourrissent leur animal avec de la viande provenant de bétail abattu. D’autres sont réticents face à cette idée, mais se retrouvent confrontés à un dilemme de taille : trouver une autre source de protéines durables et éthiques pour leurs animaux de compagnie. Une poignée d’entreprises dans le monde a peut-être trouvé la solution, en créant de la viande de synthèse ! Ainsi, après Biocraft Pet Nutrition et Bene Meat Technologies, c’est au tour de la startup londonienne Meatly de proposer de la viande cultivée en laboratoire destinée aux animaux domestiques.
C’est dans une boîte de 280 grammes qu’est contenue une pâte de couleur blanche avec la consistance d’un pâté. Cette pâte, produite par Meatly, est faite à partir de cellules de volaille extraites d’un œuf fécondé. Elle a ensuite été cultivée avec des vitamines et des acides aminés dans des bioréacteurs semblables à ceux où la bière est fermentée. Ainsi, de la chair « synthétique » peut être produite (bientôt à grande échelle selon l’entreprise). Le 2 juillet dernier, l’Animal & Plant Health Agency (APHA), avec le ministère de l’Environnement, ont approuvé sa production industrielle.
Cette viande, cultivée en laboratoire pour le moment, servira en tant qu’ingrédient alimentaire et sera vendue aux entreprises spécialisées dans la fabrication d’aliments (croquettes et pâtés) pour animaux de compagnie. Selon Owen Ensor, PDG de Meatly, des échantillons ont déjà été expédiés pour que ces entreprises puissent effectuer les premiers tests nutritionnels tout en expérimentant différentes formules. Il a également affirmé que le premier produit alimentaire pour animaux de compagnie contenant la viande de synthèse produite par Meatly sera probablement destiné aux chiens. Ensor confirme en même temps que la commercialisation de ce produit se fera avant la fin de cette année au Royaume-Uni.
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« Nous avons été très proactifs en impliquant les régulateurs. Nous voulons être très transparents et voulons impliquer tout le monde dans ce voyage », a déclaré Ensor à WIRED. Il a également expliqué que si la demande d’autorisation présentée par son entreprise aux autorités sanitaires a été récemment couronnée de succès, c’est entièrement grâce au Brexit. « L’Union européenne a généralement des processus réglementaires beaucoup plus longs et beaucoup plus complexes », a déclaré Ensor. D’ailleurs, la France, l’Autriche et l’Italie continuent de s’opposer à la production de viande cultivée en laboratoire. Il a poursuivi que le Brexit leur a permis « d’échapper aux réglementations en vigueur dans l’Union européenne ».
Réduction des coûts : la priorité de Meatly
Ce qui fait barrage au projet ambitieux de Meatly pour l’instant, c’est le coût. « Ce qu’il faut faire, c’est réduire les coûts et passer à l’échelle supérieure », affirme Ensor. D’après lui, pour que la viande de synthèse devienne une alternative crédible aux croquettes et aux pâtés traditionnels dans les plus brefs délais, elle devra être accessible à tous les budgets. Cependant, la startup londonienne est encore loin de cet objectif, avec un prix au kilo à deux chiffres.
Cette production coûteuse et longue s’explique par le brassage des cellules animales dans les bioréacteurs. À cela s’ajoute le mélange subtil et équilibré de protéines et de nutriments nécessaires aux cellules pour se développer. Quoi qu’il en soit, Meatly étudie actuellement divers moyens de réduire ses coûts et sa première option consiste à s’inspirer des produits alimentaires pour chiens déjà présents sur le marché. D’après Helder Cruz, co-fondateur et directeur scientifique de Meatly, tout produit final devrait contenir environ 5 % de cellules animales uniquement. Elles seraient ensuite mélangées à des céréales et des légumes avant d’être mises en boîte. Cependant, ce faible apport en cellules animales et la grande quantité de céréales en feraient un produit de basse qualité pour les chiens et d’autres animaux majoritairement carnivores, à l’instar de la majorité des croquettes présentes sur le marché.
La seconde option de la startup consisterait à remplacer certaines des protéines qui servent à faire croître les cellules (qui sont spontanément immortalisées et capables de se dupliquer indéfiniment) par des molécules provoquant le même effet, mais qui sont nettement plus abordables. « Moins nous en faisons, plus nous pouvons progresser vers cet objectif », déclare Ensor.
Meatly a déjà réussi à mener à bien le lancement de son projet en seulement deux ans avec 4,55 millions de dollars comme fond de départ. Actuellement, l’entreprise prévoit une deuxième levée de fonds et espère collecter 6,4 millions de dollars supplémentaires pour pouvoir tourner à plein régime d’ici 2027. Ensor affirme également que produire de la viande de synthèse n’est qu’un début et que d’autres projets du même type sont à prévoir.