Une consommation accrue de café pourrait réduire le risque de maladie d’Alzheimer

café maladie Alzheimer
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C’est la conclusion d’une nouvelle étude à long terme menée par des chercheurs de l’Université Edith Cowan. Plus de 200 Australiens ont été suivis pendant une décennie afin d’évaluer les effets de la consommation de café sur le déclin cognitif. Les résultats montrent que les personnes qui buvaient le plus de café présentaient un risque plus faible de développer des troubles cognitifs légers ou la maladie d’Alzheimer.

Le café est l’une des boissons les plus consommées dans le monde. Plusieurs études scientifiques, y compris une méta-analyse publiée en 2017, ont suggéré qu’une consommation « normale » de café (trois à quatre tasses par jour) a des effets bénéfiques sur diverses affections, notamment les accidents vasculaires cérébraux, l’insuffisance cardiaque, les cancers, le diabète et la maladie de Parkinson. La caféine qu’il contient agit notamment comme stimulant psychotrope et comme léger diurétique.

Plusieurs études ont déjà mis en avant le rôle protecteur du café par rapport à la maladie d’Alzheimer. Cependant, certaines données provenant de cohortes de personnes âgées suggèrent au contraire que, consommé en excès, le café augmenterait le risque de démence. Une équipe de chercheurs australiens a donc entrepris de mener une étude à long terme (126 mois) pour évaluer la relation entre la consommation habituelle de café autodéclarée et le déclin cognitif, qui a été évalué à l’aide d’une batterie neuropsychologique complète ; ils ont également examiné les effets du café sur l’accumulation des dépôts d’Aβ-amyloïde dans le cerveau et le volume cérébral.

Boire plus de café ralentit l’accumulation cérébrale d’Aβ-amyloïde

Les amateurs de café peuvent se réjouir : les résultats confirment l’hypothèse selon laquelle la consommation de café pourrait être un facteur de protection contre la maladie d’Alzheimer. Une consommation accrue peut réduire le déclin cognitif en ralentissant l’accumulation cérébrale d’Aβ-amyloïde, atténuant ainsi la neurotoxicité associée au stress oxydatif et aux processus inflammatoires médiés par cette protéine.

L’étude a été menée sur 227 participants cognitivement normaux, inscrits à l’étude Australian Imaging, Biomarkers, and Lifestyle (AIBL) ; lancée en 2006, cette étude à grande échelle vise à découvrir les marqueurs biologiques, les caractéristiques cognitives, ainsi que les facteurs de santé et de mode de vie qui déterminent le développement ultérieur des symptômes de la maladie d’Alzheimer. Tous les volontaires de l’étude AIBL étaient âgés de 60 ans au départ, et ne présentaient aucun antécédent de démence ni d’autres troubles mentaux.

Les résultats de cette nouvelle étude montrent que boire plus de café a des effets positifs dans certains domaines de la fonction cognitive, en particulier la fonction exécutive qui comprend la planification, la maîtrise de soi et l’attention. « Nous avons trouvé que les participants sans troubles de la mémoire et avec une consommation de café plus élevée au début de l’étude avaient un risque plus faible de passer à des troubles cognitifs légers – qui précèdent souvent la maladie d’Alzheimer – ou de développer la maladie d’Alzheimer au cours de l’étude », résume le Dr Samantha Gardener, la chercheuse principale.

café protéine bêta amyloïde
Représentation graphique du changement moyen de l’accumulation cérébrale d’Aβ-amyloïde, sur 126 mois, en fonction des tertiles de la consommation de café (tertile faible = 0-26 g/jour ; tertile moyen = 36-250 g/jour ; tertile élevé = 360-750 g/jour). © S. Gardener et al.

Une consommation plus élevée de café était également associée à une accumulation plus lente d’Aβ-amyloïde sur 126 mois. En revanche, aucune association n’a été observée entre la consommation de café et l’atrophie de la matière grise, de la matière blanche ou du volume de l’hippocampe sur toute la durée de l’étude.

Deux tasses valent mieux qu’une !

Bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires pour valider ces résultats, le Dr Gardener estime que cette étude est encourageante, car elle indique que boire du café pourrait être un moyen simple de retarder l’apparition de la maladie d’Alzheimer. « C’est une chose simple que les gens peuvent changer. Nous pourrions être en mesure de développer des directives claires que les personnes d’âge moyen peuvent suivre et j’espère que cela pourrait alors avoir un effet durable », a-t-elle déclaré.

Quelles sont les quantités recommandées ? L’étude évoque un effet bénéfique à partir de deux tasses par jour (considérant qu’une tasse moyenne est de 240 g, soit 24 cL environ) : « Si la tasse moyenne de café préparée à la maison est de 240 g, l’augmentation de la consommation d’une à deux tasses par jour pourrait potentiellement permettre une diminution de 8% du déclin des fonctions exécutives sur une période de 18 mois », écrivent les chercheurs. Cette quantité quotidienne pourrait également entraîner une diminution de 5% de l’accumulation cérébrale d’Aβ-amyloïde sur la même période.

À noter que l’étude n’a pas pu différencier le café standard du café décaféiné, ni les bénéfices ou les conséquences de son mode de préparation (mode de brassage, présence de lait et/ou de sucre, etc.). En réalité, les chercheurs n’ont pas encore déterminé avec précision quels constituants du café sont à l’origine de ses effets apparemment positifs sur la santé du cerveau. La caféine, qui est un stimulant du système nerveux central et du métabolisme, joue très certainement un rôle majeur : elle est connue pour augmenter la vigilance et la concentration, et améliorer la coordination générale du corps.

Mais certaines recherches préliminaires montrent qu’elle n’est peut-être pas le seul contributeur au retard potentiel de la maladie d’Alzheimer. La caféine et la caféine brute — un sous-produit du processus de décaféination du café — ont partiellement empêché les troubles de la mémoire chez les souris, la caféine brute produisant un effet plus important que la caféine pure. D’autres composants du café tels que le cafestol, le kahwéol et l’Eicosanoyl-5-hydroxytryptamide (EHT) semblent également réduire les troubles cognitifs chez les animaux selon diverses études.

Source : Frontiers in Aging Neuroscience, S. Gardener et al.

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