À travers le monde, le nombre de cas confirmés de COVID-19 augmente sans cesse (130’000 infections et plus de 5000 morts, le 12 mars). De ce fait, un effort de recherche et de développement massif est en cours, dans le but de mettre au point un vaccin ou un médicament efficaces. Des essais cliniques sont prévus dans les prochains mois.
Ce qui serait utile aux milliers de personnes à risque (âgées ou immunodéprimées) pour COVID-19 à travers le monde, serait bien entendu un vaccin ou un médicament efficace pour les soigner, ainsi qu’un éventuel traitement pour empêcher sa réplication.
En attendant : utiliser des médicaments existants pour combattre le coronavirus ?
À l’heure actuelle, de nombreuses personnes touchées par le virus à travers le monde se ruent sur certains médicaments existants, avec l’espoir qu’ils puissent être efficaces.
Par exemple, le Remdesivir est en tête du peloton : il s’agit d’un médicament antiviral expérimental qui fait actuellement l’objet de vastes essais chez des patients en Chine et aux États-Unis.
Les scientifiques espèrent que ce médicament, qui a échoué dans ses essais contre Ebola en 2014, mais avait réussi les tests de sécurité, pourrait arrêter ou du moins ralentir la réplication de SARS-CoV-2 (causant la maladie COVID-19) en bloquant une enzyme cruciale. Son fabricant, l’entreprise américaine Gilead Sciences, construit à présent des installations de fabrication avant même d’avoir les résultats des essais, qui seront disponibles en avril.
Des essais sont également prévus pour le Lopinavir, connu sous le nom de marque Kaletra. Il consiste en une combinaison de deux médicaments anti-VIH qui empêche la réplication virale et qui aurait fonctionné contre le COVID-19 en Chine.
Il y a également la Chloroquine, un antipaludéen auquel la plupart des cas de paludisme résistent actuellement, qui pourrait être une solution prometteuse. Des études suggèrent qu’il empêche le virus du SRAS associé de se répliquer et d’envahir les cellules, et qu’il pourrait donc fonctionner contre le COVID-19. En Chine, il est déjà utilisé sur des personnes malades, la recommandation actuelle étant désormais de deux doses de 500 milligrammes par jour.
Une autre option : des protéines pour détruire le virus avec le système immunitaire
Une autre approche consiste à utiliser des protéines appelées anticorps monoclonaux, qui ciblent des virus spécifiques pour une destruction via le système immunitaire.
Aux États-Unis, l’entreprise Vir Biotechnology a fabriqué des anticorps monoclonaux contre SARS-CoV-2 afin d’effectuer un test de diagnostic expérimental. La firme prévoit également, en collaboration avec la société chinoise WuXi Biologics, de les tester en tant que traitement. Une autre entreprise américaine, Regeneron, prépare des anticorps similaires.
L’intelligence artificielle pour identifier un traitement ?
Une équipe de l’Imperial College de Londres a utilisé l’intelligence artificielle pour évaluer les médicaments approuvés pour les candidats prometteurs et a identifié un médicament contre la polyarthrite rhumatoïde, le baricitinib.
Ce médicament bloque effectivement la voie que le coronavirus utilise pour envahir les cellules, ainsi que l’interférence avec l’interleukine-6, la molécule de signalisation qui déclenche la réponse immunitaire fugitive mortelle, qui peut provoquer la mort des patients gravement malades. Un anticorps appelé tocilizumab est déjà utilisé en Chine pour bloquer l’interleukine-6 chez les personnes atteintes de COVID-19.
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Dans tous les cas : un vaccin et des médicaments sont nécessaires
Pour les personnes qui ne seront pas infectées par le virus durant cette pandémie, ainsi que les générations futures, un vaccin sera nécessaire dans tous les cas. La société française Sanofi travaille actuellement à l’hybridation du coronavirus avec un baculovirus inoffensif, déjà approuvé dans le cadre du vaccin contre la grippe. L’entreprise souhaite déjà en produire en grande quantité afin de tester son efficacité pour un vaccin potentiel contre COVID-19.
La Coalition for Epidemic Preparedness Innovations (CEPI) soutient plusieurs autres médicaments dits candidats. Le CEPI a été lancé en 2017 par la Fondation Gates, avec plusieurs gouvernements, dans le but de développer des vaccins contre de nouvelles maladies. « Nous avons mis cela en place pour répondre exactement à ce genre de situation », explique la porte-parole, Jodie Rogers.
Le CEPI prévoit d’aboutir à au moins un vaccin testé sur l’Homme d’ici le mois de mai. Et si les essais réussissent, il prévoit de mettre à disposition « des centaines de millions de doses » d’ici le début de 2021.
De plus, cette semaine, le CEPI a annoncé qu’il soutenait un vaccin développé par l’Université d’Oxford, est composé du virus Vaccinia (utilisé dans le vaccin contre la variole), transportant une protéine « de spike » externe du coronavirus. Le groupe soutiendra également un vaccin de la firme américaine Novavax, composé de « nanoparticules » de la protéine de spike et d’un produit chimique immunostimulant.
À l’heure actuelle, le CEPI a déjà lancé quatre autres projets concernant COVID-19. La firme américaine Inovio avait travaillé sur un vaccin à ADN pour le virus MERS apparenté, et a affirmé en avoir un pour le nouveau coronavirus seulement 3 heures après la publication de la séquence génétique du virus, le 10 janvier. Cette entreprise prévoit des essais cliniques en avril et la mise à disposition d’un million de doses d’ici décembre, si l’approche fonctionne.
Vaccins à ADN ou à ARN ?
Les vaccins à ADN contiennent de matériel génétique qui pénètre dans nos cellules et produisent des protéines virales qui induisent l’immunité. Cependant, ils n’ont jamais été approuvés pour les humains, par crainte qu’ils puissent affecter nos propres gènes ou induire des réactions immunitaires dommageables.
Les vaccins à ARN ne posent pas les mêmes problèmes : le CEPI soutient l’un de ces potentiels vaccins à ARN, de CureVac en Allemagne et un autre de Moderna aux États-Unis, qui a récemment fabriqué suffisamment de vaccins pour des essais de sécurité sur les humains, en un temps record de 42 jours.
Certains scientifiques avancent que les vaccins à ADN ou à ARN, contrairement à certains vaccins conventionnels, ne peuvent pas provoquer de maladies, sont stables, bon marché à produire en masse et efficaces à petites doses : en d’autres termes, selon eux, ils présentent des avantages notables en cas de pandémie.
Le problème est le suivant : lorsqu’ils seront tous entièrement testés, la pandémie du coronavirus pourra ne plus être à l’état d’urgence maximale, comme c’est le cas aujourd’hui, car cela nécessitera beaucoup de temps.
La coalition soutient également des vaccins plus conventionnels, y compris un processus de fabrication de protéines virales de l’Université du Queensland, en Australie, et un vaccin de protéines virales de Clover Biopharmaceuticals en Chine, sans compter l’additif immunostimulant de la société britannique GSK.
À noter que 48 autres propositions sont toujours à l’étude.