Tandis que la pandémie continue de toucher de nombreux pays de plein fouet, les médecins travaillent toujours à mieux comprendre l’impact du coronavirus sur l’organisme, et notamment son impact à moyen et long terme ; des effets décrits comme faisant partie du « long COVID ». Plusieurs études ont mis en lumière les symptômes et anomalies neurologiques détectés chez des patients ayant contracté le virus et, récemment, une équipe de chercheurs a compilé les dossiers de plus de 200’000 patients pour montrer que 34% d’entre eux présentaient des troubles psychiatriques ou neurologiques dans un intervalle de six mois après l’infection. Des résultats accablants venant conforter les recherches précédentes sur le lien entre COVID-19 et troubles psychiques.
Une personne sur huit qui a contracté la COVID-19 reçoit un diagnostic de première maladie psychiatrique ou neurologique dans les six mois suivant un test positif pour le virus, suggère une nouvelle analyse, ajoutant du poids à un ensemble de preuves émergentes qui souligne l’impact du virus sur la santé mentale et les troubles cérébraux.
L’analyse — qui doit encore faire l’objet d’un examen par les pairs — a également révélé que ces chiffres montaient à un sur trois lorsque des patients ayant des antécédents de maladies psychiatriques ou neurologiques étaient inclus. Elle a révélé qu’un patient sur neuf avait également reçu un diagnostic de dépression ou d’accident vasculaire cérébral, même sans être hospitalisé suite à l’infection.
Troubles psychiatriques et neurologiques : 34% des patients en développent dans les 6 mois après l’infection
Les chercheurs ont utilisé des dossiers de santé électroniques pour évaluer 236’379 patients américains hospitalisés et non hospitalisés avec un diagnostic confirmé de COVID-19 qui ont survécu à la maladie, en les comparant avec un groupe diagnostiqué avec la grippe, et une cohorte diagnostiquée avec des infections des voies respiratoires entre le 20 janvier et 13 décembre 2020.
L’analyse, qui tenait compte des facteurs de risque connus tels que l’âge, le sexe, la race, les conditions physiques et mentales sous-jacentes et la privation socio-économique, a révélé que l’incidence des conditions neurologiques ou psychiatriques dans les six mois après une infection était de 33.6%. Près de 13% ont reçu leur premier diagnostic de ce type. Les données s’ajoutent aux recherches antérieures qui ont montré que près d’une personne sur cinq ayant eu la COVID-19 est diagnostiquée avec un trouble psychiatrique dans les trois mois suivant le test positif pour le virus.
Dans la dernière analyse, les chercheurs ont découvert que la plupart des diagnostics étaient plus fréquents après la COVID-19 plutôt qu’après la grippe ou d’autres infections respiratoires — y compris les accidents vasculaires cérébraux, la démence et les troubles psychotiques. Dans l’ensemble, l’infection était associée à un risque accru de ces diagnostics, mais l’incidence était plus élevée chez les patients nécessitant un traitement hospitalier, et de manière marquée chez ceux qui ont développé une maladie cérébrale.
La question était de savoir combien de temps ces symptômes pouvaient persister après le diagnostic. Pour les diagnostics comme un accident vasculaire cérébral ou un saignement intracrânien, le risque a tendance à diminuer de façon assez spectaculaire en six mois. Mais pour certains diagnostics neurologiques et psychiatriques, les chercheurs n’ont pas encore de réponse.
L’impact de plus en plus certain de la COVID-19 sur le cerveau
La probabilité qu’une partie des patients ayant reçu un diagnostic psychiatrique ou neurologique suite à la COVID-19 aient une maladie sous-jacente qui n’avait tout simplement pas été diagnostiquée auparavant, ne pouvait pas être entièrement exclue ; mais l’analyse a indiqué que ce n’était pas le cas.
Les patients atteints de grippe et d’autres infections respiratoires ont vu leur médecin plus souvent que les patients atteints de COVID-19 ; les diagnostics tels qu’un saignement intracrânien ou un accident vasculaire cérébral ont généralement été faits au service des urgences. Bien que l’étude ne prouve pas que l’infection soit directement derrière ces symptômes psychiatriques et neurologiques, des recherches suggérant que le virus peut avoir un impact sur le cerveau et le système nerveux central sont en train d’émerger.
L’analyse doit également être interprétée avec prudence, étant donné qu’il est possible que la première entrée d’un diagnostic dans la base de données électronique ne représente pas la première occurrence de la condition. De tels registres manquent aussi généralement d’autres informations pertinentes telles que la densité des logements, la taille de la famille, l’emploi et le statut d’immigration.