Lors de sa dernière conférence de presse, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a déclaré que « l’heure n’est pas au relâchement ». Effectivement, le pays comptait hier encore 22’501 nouveaux cas, mais la moyenne glissante sur 7 jours est stable. Outre-Atlantique en revanche, la tendance à la baisse est flagrante : les États-Unis ont enregistré en moyenne 82’000 nouveaux cas par jour au cours de la semaine écoulée, soit une baisse de 24% par rapport à la semaine précédente. La maladie serait-elle en train de reculer ?
D’après les données du projet COVID tracking, qui suit l’évolution de la pandémie aux États-Unis, le nombre de nouveaux cas de contamination a diminué dans 44 États ; seuls le Nebraska et le Dakota du nord et du sud ont subi, à l’inverse, une augmentation du nombre de nouveaux cas quotidiens au cours de la semaine dernière. Les cas diminuent ainsi depuis des semaines. C’est la première fois depuis le mois de novembre que les États-Unis enregistrent en moyenne moins de 100’000 cas par jour.
La tendance ne concerne pas que les Américains. Dans le monde entier, des baisses similaires des cas de coronavirus se produisent également : l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé mercredi qu’il y avait eu au total une baisse de 16% des nouveaux cas au cours de la semaine dernière.
Une baisse due à une combinaison de facteurs
Les hospitalisations ont diminué de 25% aux États-Unis et les décès quotidiens ont baissé d’environ 5% ; en moyenne, à ce jour, environ 2900 Américains meurent chaque jour d’une infection au SARS-CoV-2. Les campagnes de vaccination sont-elles à l’origine de cette tendance, aux États-Unis comme dans le reste du monde ? Pour Natalie Dean, spécialiste des maladies infectieuses à l’Université de Floride, le phénomène est dû à la fois à un changement de politique, au changement de comportement des individus, au déploiement des vaccins et à l’immunité acquise par l’infection : « Les gens réagissent à ce qu’ils voient dans les nouvelles et dans leurs communautés, mais ils sont aidés par l’immunité acquise par l’infection généralisée [ndlr : l’immunité collective] et par une vaccination ciblée ».
Les variants de COVID-19, notamment le variant britannique connu pour être plus contagieux, continuent de gagner du terrain, ce qui pourrait inverser la tendance. Mais pour le moment, les Américains parviennent à réduire considérablement les cas à mesure que ces variants se propagent, tout en augmentant le nombre de vaccinations. Peut-être parviendront-ils finalement à éviter une nouvelle vague d’infections ? Amusante coïncidence : les analystes ont remarqué que les infections aux États-Unis ont commencé à décliner dès lors que Donald Trump a été banni de Twitter (!).
À noter toutefois que le pays subit actuellement une vague de froid historique, qui touche également le sud du pays. Mercredi, des millions d’habitants étaient toujours privés d’électricité, ce qui pourrait conduire à des regroupements de personnes en intérieur pour mieux se protéger des températures extrêmes. À titre d’exemple, à Houston, au Texas — un État peu habitué à de telles conditions climatiques — les habitants se sont réfugiés en masse dans une église pour échapper au froid. Un comportement qui pourrait malheureusement créer de nouveaux foyers épidémiques.
Des chiffres en baisse, mais la pandémie n’est pas finie
À l’échelle mondiale, les signaux sont plutôt encourageants : selon l’OMS, le nombre de contaminations a diminué pour la cinquième semaine consécutive. La semaine dernière, le nombre de nouveaux cas signalés dans le monde a chuté de 16%, pour attendre 2,7 millions ; le nombre de cas a donc chuté de près de moitié par rapport à la semaine du 4 janvier, où l’on enregistrait plus de cinq millions de cas. Le nombre de nouveaux décès signalés a également diminué de 10% par rapport à la semaine précédente, atteignant 81’000, selon la mise à jour épidémiologique hebdomadaire de l’OMS.
La quasi-totalité des régions du monde prises en compte par l’Organisation affiche une baisse à deux chiffres du nombre de nouveaux cas : -20% en Afrique et dans le Pacifique occidental, -18% en Europe, -16% sur le continent américain et -13% pour l’Asie du Sud-est. Seule la Méditerranée orientale enregistre une hausse de cas de 7%. Lundi, le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, s’est réjoui de ces résultats : « Cela montre que de simples mesures de santé publique fonctionnent, même en présence de variants », a-t-il déclaré.
En effet, pour l’OMS, les mesures de confinement et l’augmentation des vaccinations sont forcément à l’origine de cette diminution notable et mondiale. Le Dr Tedros souligne toutefois que le combat contre le coronavirus est loin d’être gagné et que ces chiffres encourageants ne doivent en aucun cas provoquer un relâchement général. « Ce qui importe maintenant, c’est la façon dont nous réagissons à cette tendance », souligne-t-il.
Ces chiffres en baisse sont une très bonne nouvelle et sont plutôt rassurants pour tous les systèmes de santé du monde. Mais la vigilance reste de mise. Les variants britannique, sud-africain et brésilien se répandent très rapidement à travers le monde entier et pourraient engendrer à leur tour de nouvelles vagues épidémiques. Le variant britannique est aujourd’hui officiellement présent dans 94 pays ; il a été détecté dans huit pays supplémentaires en l’espace d’une semaine seulement. « 36% des cas positifs criblés correspondent à des variants britanniques et 5% à des variants sud-africains ou brésiliens », a précisé Olivier Véran, lors de sa conférence de presse hebdomadaire.