La société de biotechnologie Moderna, basée à Cambridge dans le Massachusetts (États-Unis), a annoncé lundi 18 mai que son vaccin expérimental contre le nouveau coronavirus avait fourni des résultats prometteurs lors d’un essai précoce, connu sous le nom de Phase I. Le vaccin semble effectivement sûr et capable d’inciter le corps à produire des anticorps efficaces contre le nouveau coronavirus.
Selon une déclaration de Moderna, après avoir reçu une seule dose du vaccin, appelé mRNA-1273, les 45 participants à l’essai ont tous développé des niveaux détectables d’anticorps en 15 jours. Ces 45 participants ont été divisés en trois groupes, qui ont reçu différentes doses du vaccin : 25 microgrammes (µg), 100 µg et 250 µg. Ils ont ensuite reçu une deuxième dose, environ un mois plus tard.
Les chercheurs ont ainsi constaté que plus la dose est élevée (ou avec une deuxième dose dans les deux premiers groupes), plus il y a d’anticorps produits.
Des résultats prometteurs
Deux semaines après que le premier groupe de 15 participants a reçu sa deuxième dose de vaccin à 25 µg, le niveau d’anticorps dans leur sang était comparable au niveau trouvé dans des échantillons de sang prélevés sur des personnes qui avaient récupéré du COVID-19. Les participants qui ont reçu deux doses de 100 µg avaient des niveaux qui dépassaient ceux trouvés dans les échantillons de sang des patients remis de COVID-19. Et les échantillons provenant des autres participants ne sont pas encore disponibles, selon le communiqué de Moderna.
À noter que ces données se réfèrent aux niveaux d’anticorps « de liaison », des anticorps qui peuvent se lier au coronavirus, mais qui ne l’attaquent pas nécessairement. Cependant, les chercheurs ont également collecté des données quant aux anticorps dits « neutralisants », soit ceux qui peuvent bloquer l’infection, et ce auprès de huit des participants. Nous le rappelons, les données des autres participants ne sont pas encore disponibles.
Concernant ces huit participants (dont quatre reçoivent 25 µg et quatre 100 µg), ils présentaient tous des taux d’anticorps neutralisants équivalents ou au-dessus des niveaux observés chez les personnes qui se sont remises du COVID-19.
Dans une étude distincte menée sur des souris, des anticorps neutralisants similaires se sont avérés efficaces pour empêcher la réplication virale, du moins chez des souris infectées par le SARS-CoV-2 (le nouveau coronavirus).
Une technologie qui n’avait encore jamais été employée pour l’élaboration de vaccins
Selon les chercheurs, le vaccin « était généralement sûr et bien toléré », et aucun participant n’a eu d’effets secondaires graves : « tous les événements indésirables ont été transitoires et se sont résolus d’eux-mêmes », ont ajouté les chercheurs. Certains patients ont souffert d’effets secondaires tels que des rougeurs au niveau du site d’injection, de fièvre, de maux de têtes ou de symptômes pseudo-grippaux.
Le vaccin de Moderna utilise une nouvelle technologie qui n’a été utilisée à ce jour dans aucun vaccin approuvé : il s’agit de l’utilisation d’une molécule appelée ARN messager (ARNm, et en anglais : mRNA) pour demander aux cellules de construire des protéines virales, en particulier la protéine de pointe du coronavirus, que le virus utilise pour infecter les cellules humaines.
L’idée est que le système immunitaire créera alors des anticorps qui reconnaîtront cette protéine de pointe et empêcheront le coronavirus d’infecter les cellules. La Food and Drug Administration (FDA) a récemment accordé son feu vert à Moderna afin de débuter la Phase II des essais de son vaccin, ce qui impliquera 600 personnes supplémentaires.
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L’objectif de l’entreprise est de commencer son essai de Phase III, dans lequel des centaines voire des milliers de personnes supplémentaires sont recrutées afin de mieux comprendre si le vaccin fonctionne et si les participants subissent des effets secondaires significatifs. Moderna souhaite pouvoir effectuer la Phase III en juillet 2020 et utilisera ces données pour déterminer la dose adéquate à donner aux participants. « Ces données provisoires de la phase I, bien que précoces, démontrent que la vaccination avec le mRNA-1273 induit une réponse immunitaire de l’ampleur causée par une infection naturelle à partir d’une dose aussi faible que 25 µg uniquement », expliquent les chercheurs.
Lorsqu’ils sont combinés avec les données de l’étude sur les souris, « ces résultats corroborent notre conviction que le mRNA-1273 a le potentiel de prévenir la maladie COVID-19 », a déclaré le Dr Tal Zaks, médecin en chef de Moderna. Il y a donc enfin peut-être un espoir quant à l’arrivée soudaine d’un vaccin permettant de lutter contre le nouveau coronavirus. Une affaire à suivre de près.