La réduction de la fonction olfactive est le symptôme dont la prévalence est la plus élevée dans la COVID-19. Ainsi, près de 70% des personnes atteintes de la maladie connaissent une perte partielle ou totale de leur odorat à un moment donné. Hormis les patients qui guérissent complètement, une précédente étude montrait que le système olfactif pouvait mettre jusqu’à un an pour récupérer entièrement. Une nouvelle étude (en prépublication) révèle cependant que 65% des personnes ayant récupéré de la COVID-19 souffrent encore de dysfonctionnement olfactif 18 mois après leur guérison, suggérant des troubles permanents.
L’altération du système olfactif est un symptôme à la fois très fréquent et perturbant de la COVID-19, dont on commence à évaluer l’impact sur le long terme. Savoir si ce trouble est transitoire ou permanent est essentiel puisque l’on sait qu’il peut être associé à la dépression et à la prise de poids. La prévalence de l’anosmie (perte totale de l’odorat, temporaire ou permanente) due à la maladie est estimée à 50%, et il faut compter 10 à 20% en plus de cas d’hyposmie (perte partielle de l’odorat) ; certaines personnes souffrent également de parosmie (distorsion olfactive).
Par conséquent, à un moment ou à un autre de la maladie, près de 70% des patients subissent une perte ou une distorsion (partielle ou totale) de leur odorat. Les premiers rapports indiquent que la prévalence de troubles olfactifs reste élevée au-delà de 7 mois après la guérison. Mais beaucoup d’études sont biaisées par le fait qu’elles ne s’appuient que sur des auto-évaluations, ou que les personnes testées ont déjà des troubles olfactifs, et qu’elles ne disposent pas d’un groupe de contrôle.
Afin d’établir plus justement la prévalence de divers troubles 18 mois après la guérison, les chercheurs ont testé 100 personnes touchées par la COVID-19 lors de la première vague de la pandémie. Ils ont utilisé des tests psychophysiques complets des fonctions de l’odorat et du goût, ainsi que des évaluations de la parosmie. Les participants ont été recrutés à partir d’une étude en cours, pour laquelle ils sont régulièrement testés (recherche d’anticorps IgG) depuis le début de la pandémie en Suède.
65% des personnes ayant récupéré de la COVID-19 souffrent de trouble olfactif 18 mois plus tard
Au final, un an et demi après la COVID-19, plus d’un tiers des individus guéris ont démontré une réduction clinique de leur odorat, dont 4% d’anosmie et 33% d’hyposmie. La plupart de ces personnes n’en avaient même pas conscience avant de participer à l’étude. Pour éviter tout biais, 44 personnes n’ayant pas contracté la maladie ont également été testées en tant que groupe témoin. Il en résulte que 20% des individus souffriraient d’hyposmie dans la population générale.
En revanche, près de la moitié des individus rétablis de la COVID-19 se sont plaints de parosmie (sans anosmie), contre seulement 5% parmi les non infectés. Il est intéressant de noter que seulement 20% des individus du groupe testé ont présenté à la fois un dysfonctionnement olfactif et une parosmie. Cela signifie qu’en tout, ce ne sont pas moins de 65% des personnes ayant récupéré de la COVID-19 qui souffrent encore de trouble olfactif (sous une forme ou une autre) 18 mois plus tard. « Étant donné le temps écoulé depuis l’agression initiale du système olfactif, il est probable que ces problèmes olfactifs soient permanents », écrivent les auteurs de l’étude.
D’autres perturbations pouvant être atténuées par un entraînement olfactif
Concrètement, quelles peuvent en être les conséquences ? Le Dr Johan Lundström, qui a dirigé les recherches, a déclaré au Guardian qu’une perte d’odorat grave peut conduire à la dépression et amener les gens à modifier (pour le pire) leur régime alimentaire, ce qui leur fait prendre du poids.
« Lorsque vous ne pouvez pas sentir, tout ce que vous pouvez percevoir ce sont les cinq qualités gustatives de base, les sensations tactiles et les épices », a-t-il expliqué. « Inconsciemment, les gens commencent à ajouter plus de sucre et de graisse, ou ont un besoin accru d’aliments frits pour leur texture, tout cela pour obtenir un certain plaisir à manger ».
Si longtemps après l’infection, ce problème qui affecte d’autres sujets de santé est donc une préoccupation publique majeure. En attendant d’en savoir plus et de valider les résultats de prépublication, il faut savoir qu’un entraînement olfactif peut déjà aider les personnes concernées. « Elles ne retrouveront peut-être pas 100% de leurs performances passées, mais la plupart d’entre elles pourront, grâce à l’entraînement, revenir à un point où leur odorat réduit n’affectera pas leur vie », conclut Lundström.